Le fantôme intemporel

mayy

Un dernier appel, une larme qui fait couler de l'encre. La plume déchire le papier mais pas autant que les sentiments qui torturent mon cœur

     Le vent sème délicatement son souffle glacial, la brise caresse une nature sauvage qui s'éveille en même temps que les doux rayons du soleil. Les fleurs s'ouvrent, elles colorent poétiquement le monde. Les arbres basculent, chavirant avec les bourrasques dans une douce valse. Les oiseaux chantent, le silence règne sur une population pas encore correctement réveillée. La lune s'efface délicatement d'un ciel épuré alors que des nuages aux allures angéliques flottent dans cette étendue bleutée.


   Aujourd'hui, le soleil se lève et je ne suis personne. Qu'une voix qui résonne dans l'écho des autres. Une âme qui navigue dans un océan de possibilités, rêvant d'un destin que tous espèrent   en silence. Vous qui me lisez, vous lisez mes pensées immortalisées par l'encre sur le papier. Vous qui me lisez, ne faites pas que comprendre mécaniquement mes mots, ressentez-les. Ressentez les émotions qui peignent mon cœur quand j'écris cette nouvelle. Vous ne connaissez pas mon visage, ni même le son de ma voix mais à travers ces mots, connaîtrez l'harmonie de sentiment qui compose mon être. Nous ne nous connaissons pas, et peut-être que nous nous connaîtrons jamais mais c'est avec joie que je laisse un petit bout de mon art résonner dans votre âme et ce, même le temps de quelques lignes.


    Je ne suis personne, je ne possède absolument rien de spécial. Je suis une banalité dans un monde dénué d'originalité. La seule chose qui colore la grisaille de mon spectre serait l'écriture. J'écris depuis des années, transportant mon esprit dans une réalité plus douce que celle dans laquelle nous vivons actuellement. Au début, j'écrivais pour moi, dans l'unique but d'oublier les vices qui font de ce monde si beau ce qu'il est en 2020. Puis, mes mots se sont dirigés vers ceux qui les lisent, pour accueillir ceux qui tentent de fuir la même réalité. J'erre dans des paysages idylliques, baladant mes démons dans les limbes de mon imagination.Je voyais la vie en noir et blanc mais dans mon esprit résonnait une symphonie de couleur.


   Aujourd'hui, j'écris avec tristesse. Dans mon regard éteint, le reflet fade de mon écran y règne. J'observe, silencieusement, la désolation qui naît sur les réseaux sociaux. Des viols, des meurtres, des insultes, du racisme. L'océan est bouleversé par des vagues déchaînés, les voix qui tentent encore de faire régner la paix sont toutes englouties. L'acidité domine, le ciel pleure sa désolation. Devant mes yeux, des politiciens, des professionnels, des présentateurs défilent. Tous possèdent un point commun, celui de transmettre la haine avec des discours toxiques. Ces mots insultants, putrides et égoïstes. Cette manipulation qui mène à la division et au mépris. Ils parlent, leurs mots s'envolent et comme des flèches empoisonnées, leurs mots touchent le cœur de celui qui les écoutent.


   L'islam est une religion pacifique, alors pourquoi le mot terroriste résonne dans mes oreilles ? Les communautés noires sont belles et somptueuses, alors pourquoi résonnent des mots aussi infâmes ? Chaque corps est précieux, alors pourquoi résonnent des codes sociétales aussi tranchants ? La moindre vie humaine est belle, fragile et irremplaçable alors pourquoi résonnent des moqueries envers ces vies atteintes par certaines maladies ? J'ai été un de ses enfants cloisonnés à l'hôpital, chaque respiration me semblait plus précieuse que la dernière. À travers tout cela me voilà enfermée de nouveau, des larmes dans la gorge, ne sachant plus comment sortir du monde trop idyllique dans lequel mon esprit s'est dissipé.


    Je ne suis personne, je ne fais qu'observer piètrement la douce hypocrisie d'un monde bipolaire. Un monde qui ne cesse de jouer la comédie. Les gens pleurent le massacre Ouïghours mais achètent consciemment les produits tachés par le sang de ce peuple au tragique destin. Les gens pleurent le massacre animalier, mais ils achètent de la belle fourrure pour cacher leur culpabilité sous une capuche doucereuse. Les gens pleurent cet homme qui dort dehors, mais ne lui donne pas un centime pour lui porter chaud. Parfois, les masques tombent et les vérités éclatent mais elles tombent aussi facilement dans l'oubli que la notion de fraternité. Ressentez vous cette fatigue qui rode dans mes veines, rongeant centimètre par centimètre ma conscience utopiste ?


   Une simple flamme anime ma poitrine, mais d'une légère brise, elle peut s'éteindre et ne jamais renaître de ces cendres. Comme beaucoup dans ce monde, je suis éphémère, je vis comme les autres jusqu'à m'en brûler les ailes. Avec tout cela, on en oublierait presque la rareté de notre propre vie. Je suis jeune mais pourtant si fatiguée. Mon ombre se balance en même temps que la belle flamme d'une bougie, elle illumine la feuille où l'encre glisse. Une feuille marquée par l'amertume des constatations.Peut-être que les seules choses qui resteront de moi seront quelques photos et ce texte. Mes ailes se déploieront, et je m'effacerai aussi facilement que les droits humains, ne laissant qu'une larme sur une lettre froissée.


   Je ne suis personne, qu'une âme attristée par son propre silence quand je n'arrive pas à faire entendre ma présence. J'écris pour ne jamais oublier la mélodie de tout ces sentiments qui résonne entre les quatre murs de mon esprit.Rêvant que mes mots soient immortalisés. Les temps deviennent sombres, les étoiles que j'avais l'habitude de regarder disparaissent sous une mystique brume qui n'annonce qu'un repos empoisonné. Je ferme lentement mes paupières fatiguées, laissant mon désespoir s'écouler sous la forme d'un écrit désarticulé. Nous avons tous le pouvoir de faire changer les choses à notre manière. Dehors, la haine peut être sous forme médiatique, sous forme de dessin, de chanson. Comme un serpent qui se mord la queue, les gens pleurent quelque chose qu'ils ne changent pas. La haine est intemporelle, elle évolue juste avec le temps. Les discours toxiques ne cessent pas, l'humanité ne cesse d'être opprimée et la beauté de sa diversité ne cesse d'être dévalorisée.


    Je ne suis peut-être personne mais jamais, je n'arrêtai d'écrire l'amour que l'humanité m'inspire. Je suis fière de ces gens qui œuvrent pour la paix. Fière de ceux qui partage leur lumière au quotidien. Fière de ceux qui transmettent la connaissance aux jeunes générations. Fière de ces gens qui travaillent dans les hôpitaux en donnant leur cœurs pour faire battre ceux des autres. Fière de ces associations qui donnent de leur temps pour faire de ce monde, un monde meilleur. Si je devais retenir que le négatif alors ma valeur s'arrêterait au même stade que ceux qui partagent l'antipathie et l'aversion dans des discours hostiles. Le monde est beau, la diversité qui y règne est unique.


    Nous ne nous connaissons pas, et peut être que nous ne nous connaîtrons jamais. Pour vous, je ne possède ni voix, ni visage. Mais à présent, je vous dévoile les couleurs qui règnent sur le tableau de mon âme et la chaleur de l'amour que mon cœur porte à l'humanité.Vous ne le verrez jamais, mais une douce chaleur éclot sur le bord de mes lèvres abîmées par l'angoisse. Un doux sourire illumine mon portrait décoloré.Mes yeux brillent me rappelant les étoiles.Des perles opalines coulent d'une triste mélancolie sur ma peau pâle alors que l'espoir d'un monde meilleur naît dans la brume.À l'instant où vous lisez mes mots, vous avez ouvert votre cœur pour le connecter au mien. Vous avez fait vivre mes mots, et la lumière qu'ils transportent. À travers ce concours, vous offrez la possibilité à des âmes silencieuses d'exprimer leurs voix artistiques. Vous changez le monde à votre manière et pour cela, je vous exprime toute ma gratitude. Je ne connais pas votre visage, peut-être que je ne le connaîtrai jamais mais vous avez fait pulser mon cœur d'espoir et c'est le plus beau des cadeaux.



Un cœur pour faire changer les mœurs.


  • Prometteur :)

    · Il y a plus de 3 ans ·
    Oip

    Edgar Allan Popol

    • Merci beaucoup pour votre message, l'écriture est une passion qui s'entretient :)

      · Il y a plus de 3 ans ·
      Cc

      mayy

    • Il faut donc l'arroser tous les matins, la tête fraîche :)

      · Il y a plus de 3 ans ·
      Oip

      Edgar Allan Popol

  • Peut-on être fiers de reconnaître nos erreurs ?

    · Il y a plus de 3 ans ·
    Autoportrait(small carr%c3%a9)

    Gabriel Meunier

    • Tout est une question de relativité à mon sens

      · Il y a plus de 3 ans ·
      Cc

      mayy

  • Très juste, merci de nous offrir ce texte authentique... Comme vous dites, il y a de la beauté et des raisons d'être fier de ce monde, sans pour autant porter des oeillères, j'aime me concentrer sur ces gens généreux et désintéressés... Au plaisir de vous lire.

    · Il y a plus de 3 ans ·
    Profil

    Julien Darowski

    • Je suis enchantée que ce texte vous plaise, encore merci à vous pour ce commentaire constructif !

      · Il y a plus de 3 ans ·
      Cc

      mayy

  • bien vrai, mais simplement on parle trop ( dans des buts intéressés , politiques, exclusifs, radicalismes en tout genre( anti-truc,anti-machin )...qui n'a que pour seuleffet de faire se dresser les uns contre les autres...

    par contre cultivons la parole gratuite, la parole poétique qui ne correspond à aucun de ces enjeux.

    · Il y a plus de 3 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

    • Je suis vraiment d'accord avec cette idée ! Trop de négatif sur les médias et les réseaux

      · Il y a plus de 3 ans ·
      Cc

      mayy

    • Ben ma p'tite dame, faut faire les deux ! Soyons lucides et déconneurs, soyons branlos et costauds, soyons ouverts à tout et fermé à n'importe quoi...

      · Il y a plus de 3 ans ·
      Autoportrait(small carr%c3%a9)

      Gabriel Meunier

  • Wow, bravo, c'est si beau

    · Il y a plus de 3 ans ·
    Default user

    lie

    • Adorable, merci infiniment ! ♥

      · Il y a plus de 3 ans ·
      Cc

      mayy

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