Le fou à sandalette 2

jb0

Le fou à Sandalettes,

Dis-toi bien que les oiseaux qui se baladent par là-bas, volent toujours en parallèle.

Ces oiseaux  là.

Ne se croisent, ne se rencontrent jamais.

Seuls ils sont et seuls ils restent.

Ca doit sûrement être ça !

Bonne entrée en matières , pour…

En petits caractères…

Conter la fantastique histoire de Michel …

Dit « Mitch », Michel… 

« Le fou à Sandalettes »

Un jour,

-Ne me demande pas lequel s’il te plaît !

-Mais, je n’ai rien dit !

Un jour donc, il  tomba dans le vide et … 

Il bascula !

-J'usqu’a bas ?

-Mais, tu es qui toi, d'ou sorts-tu ?

-Ben, je suis toi ! Je ne suis jamais très loin...

-Ah, ouais je vois, encore toi.

-Alors...La suite ?

-Bon, tu permets, j’y viens !

-J’attends...

-Et bien, il n’atteignit jamais le sol.

-Du jamais vu ça, c’est bien vrai !!

-Comme tu me vois, j'en atteste et puis aujourd’hui l’affirmer, eh ouais, car …

-Perché sur le bord à ce moment là, j'ai tout vu, vu comme je te vois là !

-Mais, tu ne peux pas me voir !

-Ah oui, et pourquoi donc ?

-Je te l’ai déjà dit je crois non, bon et après qu'en fût-il ?

-Après quoi ?

-Ben et après, la suite quoi !

-Et bien, il resta suspendu.

-Tu veux dire !…

-Suspendu mon gars, depuis, nous restons en contact tout suspendu qu’il soit, nous maintenons le lien.

-Fortiche en basculades ton gars !

Bon, il est parti ?

Puis-je poursuivre mon récit !...

A soixante balais, ou plus exactement à bien six fois dix ans.

Cet oiseau là s’est envolé.

Il ne quitta jamais le nid, jamais de toutes ces années passées dans le petit appartement.

Bien entouré des siens.

L’insaisissable variait ses positions, changeait très souvent de décor.

Grand voyageur, il parcouru pendant toutes ces années le court trajet, le menant invariablement depuis le fond du couloir du petit appartement...

Jusqu'aux grandes salles blanches, où il avait des copains. 

-Des copains !

-Quelques uns, qui avec lui partageaient la peine en organisant...

-De grandes et interminables chasses aux lapins.

-Il était triste ton gars ?

-Non, chasseur.

-Tiens ça alors, comme ma sœur !

-Pas possible! la vie nous réserve quelques surprises.

-Et oui, tu l'as dis !

-Tu peux poursuivre maintenant, nous sommes toutes ouïes.

Il affichait derrière les fenêtres de ces établissements spécialisés, la mine et la sérénité d’un homme bien tenu.

Détail troublant vous me l’accorderez, il ne vivait mais…

Qu’habillé, ça…Toujours bien vêtu !

A quatre épingles, de jour comme de nuit…

Ou bien est-ce l’inverse ?!

-De jour ou de nuit ? Faudrait savoir on s'y perd là !

-Debout, comme assis, à quatre épingles je te dis.

-Pff, bien compliquée ton histoire !

Irréprochable il était.

Costumé, cravaté…

Un Milord !

Juste, à un détail près !

Ces nobles effets le vêtaient…

Non de la tête aux pieds ! Mais...

Des épaules aux mollets !

Comme un poulet !

Comme un poulet de Bresse !!

-Tu commence à piger NOW ?

-Euh, yes et je peux dire la fin ?

-Tu ne peux rien dire du tout !

-D’abord, tu n’y connais rien et toi...

-Tu n’es pas suspendu!

- Et puis, ce n’est pas encore la fin ! Right ?

 Ok, ok, alors dis vite…On fatigue un peu là !

L’admirable, passait le plus clair de son temps et du nôtre, par la même occasion…

Allongé, les deux pieds dans sa ligne de mire fenêtres  fermées sur le monde en perspective.

-Tu veux dire sur le dos là ?!....

-Je constate avec plaisir, que tu suis bien l'histoire et savoure ce récit sans en perdre une miette !

 -C’est l’heure de manger ?

 -Non, c’est l’heure de raconter !

 -Reprenons et revenons à nos moutons.

 -Tu vois bien !

 -SHUT……….UP….PLEEEEAAASE … 

A l’épier,  tapis derrière la porte au fond du couloir, je le supposais chahuter sa mémoire d’ex-virtuose violoniste.

Il avait sûrement  tout oublié de la musique car…

Le sapé, s’était reconverti avec succès depuis, comme nous l’avons signalé plus haut…

Grand chasseur de lapins.

N’ayant plus de notes à son art…

I ‘imprévisible improvisant, chassait dès lors en altitude du haut de son perchoir, descendant les anges en piqué.

Faisant mouche à tout coup !

-Un spécialiste je te dis.

-Comme ma sœur, je vois bien !

-A l’évidence, je reconnais.

Le formidable était bien suspendu.

Savoir ce qu’il pensait ou même ressentait, impliquait de le rejoindre, faire parti de la bande.

Et même, et quand bien même, nous l’avons déjà dis…

Ces oiseaux là volent en parallèle, ne se croisant jamais, donc …

Inutile d’insister.

-Désolé, mais là… J’ai rien dit !

-MMM…J’ai cru entendre un truc…Non ?

-Moi, j’ai rien entendu et je confirme.

-Ah oui ! Et tu confirmes quoi ?

-Tout ce que tu voudras…

-Tu n' a qu'à demander, puisque je suis toi !

-Ca recommence, bon !

L’heure tourne, on y retourne !

Saviez-vous que ce grand homme, peu connu lors des faits…

Clopait comme Gainsbourg et mieux…

Au point, qu’à cours d’allumettes, il s’endormait la tige collée au bout du bec !

Immunisé aux incendies...

Il avait signé, faut croire... 

Un pacte de non-agression avec les pompiers de Paris...Faut croire !

-Je vois…Je vois…

-Eh ouais, pas si bête en fait.

L’enfumé ne parlait jamais, juste rigolait…Souvent, peut-être même en dormant…

Qui sait !

De sa voix rongée par ses pipes en robes de Gitanes et festins de Gauloises …

Il riait aux éclats, expulsant au passage...

Postillonades et glaires en tous genres.

Il les choisissait de tailles variées et couleurs chatoyantes car, ne  l’oublions pas…

L’homme en tant qu’ex-artiste, avait un sens prononcé aux excès, au travail bien fait.

-Mais, ça veut rien dire ton truc là !

-Je sais, mais ça sonne bien et puis, t’occupe …

-Personne n’écoute.

Emporté par ses fous rire, il s’étouffait en suffoquant, puis…Plus rien.

Il s’endormait heureux peut-être ?

Ce grand échalas là, quelques cases manquantes pour les non-initiés, car pas toutes  apparentes.

Sifflait  en loucedé le dimanche, un petit verre de vin près des siens…

L’air de rien.

Je m’inquiète à présent car, venu au bout de ces quelques lignes…

Percerons-nous enfin l’intrigue ?!

Arrivé jusque là !

Pourvu-que… Me disais-je.

-Qui à parlé ?

-Moi !

-Te prendrais-tu pour moi, des fois !

-Non non ! Point du tout.

-Alors remets les je, les me et les te à leurs places, veux-tu !

-J’y vais de ce pas, MOSSIEUR je sais tout !

Maintenant, attaquons le vif du sujet et venons-en aux faits…

-Tu dis rien là ?

-Ben…Non !

-Tu aurais pu dire…Je ne sais pas moi !

-Ce n’est pas trop tôt, ou…Alléluia, un truc comme ça quoi !

 -Alléluia !

-Euh, non...

-Ce n’est pas trop tôt !

-Trop tard, bon, continuons…

L’enchemisé, comme nous le savons la plupart du temps allongé, équilibriste désœuvré à la manœuvre…

Gardait bien caché son secret.

Ca vous la coupe !

Vous restez pour la suite ?

J’en garde  pour après, car…

Je n’ai encore rien dit !

On y va ?

Vous en voulez encore ?

-Qu’est-ce tu garde pour après Arthur ?

-Hein ?

-QUELQUE CHOSE !

-Le secret, pardi !

-Parti comme c’est parti…

-Nous le découvrirons bien avant…

-Disons…Jeudi...

 -jeudi !

 -Ca te pose un souci ?

 -Pour sûr Arthur !

-Le jeudi je chasse avec ma sœur !

-Vendredi, le secret sera connu de tous, tu n’auras qu’à demander au premier venu…

-Au fait…

-Oui... .

-Qui c’est Arthur, c’est moi ?

-Non, c’est toi.

-Ah, il m’semblait bien.

Bon,  je me lance !

-Fais gaffe !!

-Gaffe à quoi ?

-N’oublie pas que tu es juste au bord…

-Le bord d’où tu as vu basculer le suspendu…

-Si tu bascules !

-Tu racontes plus et…

-On est tous dans la merde !

-Même les gars du vendredi !!

-Très juste Arthur…

-Je recule d’un pas…D’un pas, pas plus sinon… Je ne le vois plus.

-Tu vois plus qui ?

-Le suspendu bien sûr !

-Pourquoi, tu penses à quelqu'un d’autres ?

-L’avais complètement  oublié celui-là !

-Euh, petite précision… Moi, c’est Gérard.

« Mitch » était toujours en voyages …

Il avait depuis bien longtemps mis les bouts.

En attestent du bas de son paddock, en plein midi…

Les empreintes sur la lune, qu’il vous certifiait mordicus et la main sur le cœur…

Voir mieux que quiquonque en plein jour, les étudiant de près, en les qualifiant de....

« Pachydermiques »

-Tu n’as pas dit tout à l’heure, qu’il ne parlait jamais ?-

-Il ne parle pas…

-Il certifie mordicus…

-Nuance  et la main sur le cœur en plus, alors…

Il faut dire que le surprenant songeait à cet instant …

Profitant de sa position en altitude, a atteindre des sommets en se lançant sans délai…

Dans la chasse aux éléphants…

Pour changer.

Mais j’y pense, ce pourrait être intéressant !

On peut voir « Mitch » ?

Les yeux mi-clos, l’ostrogoth vous  refuse l’entrée !

« Members only »

Et la chasse aux lapins « Mitch » ?

« Members only » 

A table le dimanche, le bien-mis ne s’embarrassait pas de beaux gestes.

Enfilé de son éternelle paire de sandalette, qui ne le quittaient jamais…Eté, hiver, la nuit le jour.

-C’est ça le secret Arthur ?

-Non, ça se sont ses chaussures.

Le *sandalisé s’asseyait, affable et affamé, se remplissant pour ne pas se vider.

Graisses de toutes natures et miettes en pagailles, comme autant de décorations, maculaient minutieusement sa veste dominicale.

 Depuis sa face de Jésus ou seuls bougent les yeux …

Il vous observait, riant comme à son habitude, puis…

Repu, faisant par le chemin inverse, il rotait en se levant et partait sans demander son reste.

"Mitch" claquait le sol de ses pieds plastifiés, s'en retournant tout au fond du couloir et bien malin, qui aurait pu le détourner de ses nombreuses et très sérieuses occupations.

Son repère enfumé le protégeait, en le camouflant du premier venu projetant de percer son secret.

-Gérard, t’es plus là ?

-Tu ne dis plus rien !

-Arthur pour vous servir…Je m’étais endormi !

-Ai-je raté quelque chose ?

-Les éléphants mon gars…

-Tu as raté les éléphants !

-Meeerde !...

Je n’en avais jamais parlé avant car…

Dans les petits secrets de l’artiste, il me fit jurer un jour de ne rien dire de son vivant.

-Dire quoi ?

-Ce qui va suivre…

Le fait est peu connu et je voudrais ici pour conclure enfin ce récit, aborder ce point…

Décisif, mais…

Nous y reviendrons car, nous avons le temps d’ici jeudi et des révélations de la plus haute importance…

Nous attendent au tournant !!

......................................................................................................................................

-Quelqu'un à vu Arthur??...............

 .....................................................................................................................................

-Aaaarthuur !

-Plait-il ?

-Ou étais-tu ? On s’inquiétait!

-Je réfléchissais et me disais, que je ne resterai peut-être pas jusqu’à jeudi…

-Mais, faut pas partir comme ça sans prévenir Arthur !

-D’accord, mais il y a quand même un souci ! 

-Et un gros !! -

-Y’a quoi, qu’est ce qui cloche Arthur ?

-Y’a plus de saucisson dans les banquettes mon gars ! Voilà !

-La tuiileeeuu !!…

-Tu es bien sûr, il n’y a plus rien ?

-Certain…Plus une tranche !

-Mais...Qu’est ce qu’on peut faire ?

-J'ai bien réfléchit et je ne vois que deux solutions pour s'en sortir...

-Deux ! Dis voir...Dit vite !

-Soit je termine le récit mercredi…

-Mais je risque fort d’oublier le secret du suspendu !

-Ou alors ? La deuxième...

-C'est quoi la deuxième Arthur ?

-Soit on tient jusqu’à jeudi…

-Mais…Là...Je n'aurais pas le choix !

-Le choix ? Mais quoi ?

-Tu n'auras pas le choix de quoi, dis-moi !

-Les robinets seront gelés et là... 

-Je serais bien forcé de te manger mon gars !!

-Impossible ! Je te l’ai déjà dis Arthur, le jeudi, je chasse avec ma sœur.

Me dirigeant jusque là à petite vitesse, vers la conclusion de cette fantastique histoire…

Un évènement brusque et indépendant de ma volonté, me force à accélérer le pas.

Je me vois donc dans l’obligation, de vous livrer brut et sans détour…

Le formidable secret de Michel dit… 

« Mitch »

Le fou à sandalettes.

-Dis-moi, pourquoi on l’appelait le fou à sandalettes ?

-Parce -qu’il avait toujours, en toutes circonstances, même allongé, une main dans la poche.

-Quand il se déplaçait, le fringué, l’exemplaire, avait toujours une main dans la poche.

-Lorsqu’il dormait, mangeait chassait, l’irréprochable, le parfait…

-Avait toujours une main dans la poche.

La veille d’aujourd’hui, jour du « secret » jour fatidique éclaboussé d’un soleil éclatant…

Pas un jour pour ça en tout cas.

Je lui avais lu d’une traite et sans reprendre mon souffle…

Le mémorable ouvrage... « Les dents d’or du pendu »

-Les mille pages, d’une seule traite ?!

-Tout de go, Maurice ! Tout de go.

-Euh, là tu t'égares un peu, non !

-Tout de go mon gars.

-A tel point, que si bien parti et ayant quelques vacances à prendre…Nous l’avons relu à l’envers !

Dit « Mitch », tonton, tu m’avais promis, tu ne m’as encore rien dit et…

Tu vas bientôt parti.

Quand tu marches, quand tu vas, si bien habillé, tes sandalettes qui claquent aux pieds.

Pourquoi tiens-tu toujours une main enfouie bien au fond de ta poche ?

Dis le moi donc enfin ! 

Quel est ton fabuleux secret « Mitch » Hein ?

Cette fois, je crois bien que tel que je te vois là...

Dans ton plus beau costume, sandalettes bien ajustées à l'autre bout.

Installé bien confortablement dans ta position favorite.

Bien calé au fond de la boite.

Tu ne te relèveras pas...

Pas de sitôt.

Ce qui venant de toi, n'a rien de surprenant et ne devrait pas trop te déranger, sauf, peut-être...

Un peu pour la chasse, quoique...

Tu en as déjà bien vu d'autres, je te fais confiance et ne suis pas inquiet.

 Tchao "Mitch"

-Gérard !

-Lui même...

-Dis au revoir au Monsieur, veux-tu

-Au revoir Monsieur "Mitch" vous avez bien connu ma sœur m'a-t'on dit !

 

Derrière la vitre embuée, le train de mes pensées me traine en un souffle…

Prêt de toi.

Tout n’est que blanc.

Du sol, jusqu’au plafond.

Il y a des hommes en  blanc.

Partout, néant.

Les jolis soirs et les couleurs d’été, sont restés à la porte.

Ca bascule.

-Arthur, Arthur !

-Tiens ! Raymond …

-Que fais-tu là ?

-Mais...Je suis là pour le secret !

-Ils m'ont vêtu de blanc et m'ont laissé entrer...

-Sympa, non ?! 

-Alors, il te l’a dit ?...

-Qu’a t-il tenu toute sa vie dans la poche comme ça ?

-Quel est le secret Arthur ? Tu l'as eu ? Dis-le-moi...

-Allez !

-Quel jour sommes-nous ?

-Nous sommes jeudi, et oui…

-N’y tenant plus, j’ai annulé la chasse avec ma sœur…

-Me voilà prêt à entendre maintenant ! 

-Quatre petites pommes de terre.

-Qqqe… Quoi ?

-Quatre petites pommes de terre te dis-je.

-Mais…Pourquoi faire enfin !!?

-Je lui ai bien demandé, sais-tu ce qu'il m'a répondu ?

-Comment l'aurais-je su, le confident...

-C'est toi ! Moi, je ne suis que toi

Quand je lui demandais...

"Mitch", mais...

"Pourquoi pendant toutes ces années as-tu gardé, ces quatre petites pommes de terre tout au fond de ta poche" 

-Il a enfin parlé et prononçant ses derniers mots, il m'a dit,

-Ben...Au cas où  .

A Michel, à « Mitch »

En mémoire du fou à Sandalettes.

-Dis Arthur…

-Oui…

-Une bonne partie de chasse, toi, moi, et ma sœur…

-Ca te dis ?

-Et comment !!!

JB

19/09/11

Signaler ce texte