Le futur au-dessus de nos têtes ?!
Lydie Hans
Ils volent et virevoltent au-dessus de nos têtes
Battant l'infini et le vide en retraite
Ils sont là, ils surveillent
Ils veillent, c'est selon
Il n'y a plus de place à l'imagination
Ils sont bien réels et présents
Sur le toit des immeubles
Dans nos maisons, parfois sans raison
Avec le ciel pour seul horizon
Le ciel est sans limites, nos vies sont à nues
Plus d'intimité, tout montré, volé, partagé
Sans impunités, parfois pour la bonne cause
On ne peut plus se cacher pour s'aimer ou s'entretuer
Ils sont là, ils veillent, ils surveillent c'est selon
Au grès des saisons, sur le fil du temps
Dés fois on ne s'entend plus penser, trop de drones dans la mêlée
Tout est calculé, contrôlé, plus de spontanéité
On entend plus les mouches voler, mais les drones rugirent
Est-ce meilleur, est-ce pire ?
Les voleurs sont désarmés,
Les maris adultères sont démasqués,
Les traitres sont débusqués
Les fous enfermés, tout est bien gardé
Dans les foyers, les gens sont devant leurs télés
Il n'y a plus rien à attendre, à imaginer, à rêver
Toutes les images sont collectées et diffusées
La vie se passe ainsi, entre pénitents et nantis
Une drôle de mélancolie, quelque chose est parti
Nostalgie du temps d'avant
Là où le vice sans la torture était encore une façon de profiter de la vie
Maintenant, plus envie de sortir de marcher, de partager
Tout le monde voit et observe tout le monde
Plus de secrets, de confidentialité tout est joué
Plus envie de danser nu dans sa salle de bain (ils ne sont pas loin… chut vous les entendez bourdonner ?!)
Plus possible de faire l'amour sur la table du salon à califourchon (trop de bourdons !)
Pourvue que la prochaine étape n'arrive jamais
Loin de nous même cette pensée
Ils sont dans notre vie mais pas dans nos pensées
Pas encore, il ne faut pas les laisser y entrer
Car dans nos têtes il fait bon dès fois
Hurler, voler, taper, détruire, tuer
Hurler notre rage
Voler nos rêves
Taper du poing sur la table
Détruire les prisons
Tuer nos démons
Certes il y a aussi du mieux
La sécurité n'a plus de prix
La sérénité n'est plus à vendre
Les voyages sont téléguidés et organisés
Le savoir est à la portée de tous
L'information est partout
Mais il manque quelque chose...
Les papillons dans le cœur et dans les tripes
La petite décharge qui stimule le palpitant
Le petit péché mignon de l'interdit et de l'imprévu
L'excitation de ce qui n'est pas montré, pas vu
Le bonheur de vivre caché pour être bien, pour être heureux, pour être libre
Libre de ne pas être maquillé, habillé, jugé, entravé
Libre d'être soi-même
Si seulement les bourrasques intempestives pourraient à nouveau laisser place à un vent de liberté
Comme avant, quand le ciel était bleu et visible de tous
Maintenant nous le cherchant à travers le gris de leur tôle et la fumée de leurs ébats
Eux seuls semblent y trouver leur compte dans leurs cieux tel des dieux d'un nouvel ordre établi
Nous en bas sommes dominés, asservis dans nos gestes, nos pensées ?
Il n'y a malheureusement pas d'autres contrés ou se réfugier
Il faut se résigner et suivre la lancée, ne pas être le dernier de cordée
Ils sont là pour nous rappeler à l'ordre et nous montrer le chemin
Ou seront nous demain, nous marcherons en fil et serons absents
Le regard dans le vide plus de radar à l'horizon, pas de course, pas d'excès, tout est contrôlé
Si c'est cela notre avenir, notre chemin
Un chemin ou le hasard n'est plus divin, il n'est plus point !
Si ce monde représente demain, je préfère changer de destin
Ni les pressions, ni les bourdonnements ne me ramènerons loin du ravin
Je sens monté en moins la colère et le chagrin de n'être qu'un mannequin
Mon regard cherche, interroge, interpelle… en vain
Tous regardent parterre, pas besoin de regarder la route, on connaît le chemin
Je frôle, je touche, je bouscule on me reprend à l'ordre
Ils sont là, ils surveillent ou veillent c'est selon
Je respire, je m'arrête, je n'en peux plus je ne veux plus
Le bourdon approche, il parle
« Continuez de marcher, suivez les autre ! »
Mon cœur refuse, mes jambes sont mortes et immobiles
Les bourdonnements sont cannibales
Mes oreilles saignent
« Avancez maintenant, dernière sommation ! »
Je suis une statue, je ne bougerais plus
Je suis déjà morte
Un point rouge sur mon front, dernière sommation
Une détonation
Pardonnez-moi j'ai choisis le cœur à la raison.
Nice one! Bravo!
· Il y a environ 10 ans ·sophiephilos