Trois jours en Automne

Pierre De Gerville

En Octobre 2015, Colin est contrôleur aérien dans le Quatrième Arrondissement, alors que le ciel de Paris s'est empli de véhicules volants...

25 Octobre 2015

Dans le petit studio de la Rue Pascal, la lumière se fait doucement. Des centaines de petites ampoules diffusent une lueur chaude dans la pièce – la veille, Colin a réglé son plafond sur : réveil, six heures moins le quart, ambiance lever de soleil sur la mer. Il sort peu à peu de sa torpeur. Il attrape sur la table de nuit un brumisateur, répand sur sa figure quelques gouttes de rosée, repose l'objet sur la tablette qui l'avale sans bruit, se lève et se dirige vers la salle de bain où l'on entend déjà le bruit des vagues.  Il joue un instant dans les rouleaux artificiels de la baignoire, puis tourne le programmateur sur ‘mer d'huile' et fait la planche sous le velux étoilé. Il s'extirpe à regret du bain. Il passe au sèche-personne puis active son autojordome qui tout en le parfumant et le vêtant avec un goût certain fredonne Blue Moon d'une voix nasillarde.
Colin ouvre son tiroir-cuisine, finit par dénicher sa boîte à pastilles et en choisit une couleur café. Il la laisse fondre sous sa langue – son palais est envahi d'arômes de capuccino, de jus d'orange fraîchement pressé, de tartine à la confiture de griottes et de pain au chocolat. Il saisit une petite seringue et s'injecte dans le bras l'ensemble des apports journaliers recommandés. Comme il a prévu de défier Chip à la boxe en fin d'après-midi, il a ajouté un peu de glucose.

Six heures : Colin sort du studio, marque un temps d'arrêt sur le pallier. Avant que la porte ne se referme, il lance à l'autojordome qui pique déjà du nez devant son repassage : « Pour ce soir, je veux de la lecture. Un roman noir, un polar, pas trop long, pas trop compliqué mais avec plein de rebondissements. En Anglais, si possible. »
La porte claque.
Colin pénètre dans l'ascenseur, presse ‘C3', allume sa cigarette électronique qui bientôt remplit la cabine d'une odeur mentholée. L'ascenseur commence à s'élever. Bientôt il sort du toit de l'immeuble et file dans la nuit claire. En bas, au studio, l'autojordome s'est installé devant sa machine à écrire, avec un petit verre de trois-en-un bien glacé. Il commence à murmurer à la machine une histoire très noire, et les feuilles s'accumulent bientôt dans la goulotte, avant d'être reliées.

« Troisième Ciel ! »
Colin descend sur une plate-forme transparente qui semble flotter au-dessus des lumières de la ville. A cette altitude, on peut déjà croiser quelques nuages. Colin s'était souvent demandé ce que cela faisait, d'évoluer dans cette barbe à papa. Si l'on pouvait en décrocher un bout, jouer avec, l'avaler, l'expirer en volutes, ou faire des batailles de boules de nuages. Finalement, vu de près, c'est surtout de la vapeur d'eau. Colin s'avachit sur un siège de plexiglas. Entre ses jambes, il aperçoit le Jardin des Plantes, il a le pied gauche dans la Seine et le droit Place d'Italie. Colin saisit dans sa poche une minuscule oreillette et bientôt Nina Simone lui susurre à l'oreille que c'est l'été, que la vie est facile, que les poissons sautent et que le coton pousse bien.
A l'Est, l'horizon rougit. Colin coupe son oreillette. Il aime savourer ses levers de soleil dans la solitude absolue d'un ciel muet. Le bus arrive enfin, ses deux turbines sifflant au ralenti. Colin donne son ticket au pilote et se place à l'avant, là où la vue est la plus belle. Au fond, deux étudiants de retour de soirée se sont endormis. Ils ont déjà dû faire plusieurs fois le tour de la ligne, suspendus sur leur banquette. Le plancher est translucide. Les pieds dans le vide, on se croirait à bord d'un téléphérique féérique, filant plusieurs centaines de mètres au-dessus de la Terre.

Colin descend aux Filles du Calvaire. Un ascenseur le fait retomber sur terre, avant de s'engouffrer dans les entrailles de l'ancienne station de métro reconvertie en centre de contrôle aérien du Troisième Arrondissement. Depuis l'arrêt définitif des rames, les voies désaffectées servent de parking aux véhicules volants de tourisme, et les stations de centres de contrôle. Colin traverse des couloirs interminables sous la lumière verdâtre des néons. Il entre dans la salle de contrôle. Depuis la Tour Eiffel, un faisceau balaie le ciel de Paris et restitue la situation du trafic en temps réel, dans une grande boule à hologrammes qui trône au centre de la pièce circulaire. Colin s'en approche. Derrière le plexiglas, on voit évoluer les petits fantômes des véhicules volants, au-dessus d'une maquette du quartier. Colin relève l'équipe de nuit. A cette heure-là, le trafic est encore faible. Un contrôleur ronfle dans un fauteuil, l'autre surveille la boule d'un air distrait.
« C'est calme. Il y a un début de bouchon à Bastilles donc je fais tourner deux ou trois voitures en attente au-dessus du Bataclan. Sinon, RAS. 
- Bonne nuit, alors, dit Colin. Enfin, ce qu'il en reste.
- Bon courage, dit l'autre. Chip arrive ?
- Il arrive, dit Colin. Il est en retard comme d'habitude mais il va arriver. Vous pouvez y aller, je gère tout seul. »
Le contrôleur réveille doucement son équipier et ils disparaissent dans un couloir. Colin branche son micro. Il ajuste son oreillette. La journée commence.
« Renault 4412, direct Bastille, plus d'attente à prévoir.
- Direct Bastille, Renault 4412. C'est honteux de nous faire poireauter à cette heure-là !
- Je ne suis pas responsable des bouchons. Break. Mazda 214 AZ, direct République. »
Colin place encore quelques messages. Il parle extrêmement vite, beaucoup plus vite qu'au naturel. Il articule mieux, aussi : il a sa voix de contrôleur. Il juge la situation confortablement établie ; il se renfonce dans son fauteuil. Chip entre enfin dans la salle, avec la composition rougeaude et essoufflée des personnes qui, avec vingt bonnes minutes de retard, essayent de prouver qu'elles ont tout fait pour être à l'heure.  
« Désolé, dit-il. L'ascenseur était en passe. J'ai dû prendre l'échelle.
- C'est pas grave, dit Colin. C'est calme. Il y avait match, hier ?
- Je ne sais pas où tu habites, toi. Bien sûr, il y avait match. La moitié de la ville est encore bourrée.»  
Chip exhibe une pastille couleur café, la partage à l'aide d'un petit rasoir et en donne une moitié à Colin.
« T'as eu quoi ? Demande-t-il.
- Tartines, croissant et pain au chocolat. Et toi ?
- Café, jus d'orange et thé. La vie est mal faite.
- Ou c'est toi qui ne sais pas séparer une pastille, remarque Colin. »

La ville se réveille. Tout à coup, le ciel des Filles du Calvaire se remplit de voyageurs. Au premier ciel, c'est-à-dire de zéro à cent mètres au-dessus de l'aiguille de la Tour Eiffel, de petits œufs mus par deux hélices contrarotatives assurent les livraisons dans toute la capitale et proche banlieue. Au second ciel, de cent à deux-cents mètres, les véhicules de police, les urgences, les longues DS volantes du gouvernement filent dans les airs en séparation à vue. Au troisième ciel glissent mollement les transports en commun. Au quatrième et cinquième, les véhicules privés. Au sixième, les voitures-écoles. Et au septième ciel, les péniches volantes qui suivent la Seine, emportant à leur bord les amoureux.
Dans la boule de cristal, Colin observe une ruche en ébullition. A chaque alerte, il bombarde des consignes aux autovolantistes pour éviter les collisions. Les compétences sont disparates, cela va du vrai pilote au pire, l'autovolantiste du dimanche qui n'écoute pas la fréquence et baille aux pigeons. Le contrôle n'est pas un métier très compliqué, mais ça va très vite. Il faut de bons réflexes. C'est comme une partie de flipper – avec énormément de boules à la fois, et des gens dans les boules. De temps en temps, il y a des sas interdits à la circulation, pour redescendre sur la terre ferme. Les véhicules s'arrêtent à la verticale du sas et papillonnent vers le sol. Une fois posés, un monte-charge automatique les entraîne et les stocke dans les anciennes voies de métro, comme à bord d'un porte-avion. Bientôt épuisé, Colin passe le relais à Chip et s'effondre dans un fauteuil. Il avale deux capsules de caféine. Brusquement, Chip s'écrie :
« Citroën BK216 ! Un vol de pigeons à votre gauche, dix heures ! Virez au cap 045 !
- Citroën BK206, pardon, 216, vous pouvez répéter ? »
L'automobiliste a la voix pâteuse. Mal réveillé, probablement. Ou encore saoul de la veille.
« Citroën BK2016, tournez quarante degrés gauche ! Immédiatement ! »
Dans la boule, on voit une nuée de pigeons foncer sur la Citroën. La fréquence crépite – les impacts des volatiles sur le pare-brise.
« Citroën BK216, demande descente d'urgence ! Impacts multiples ! »
Les deux contrôleurs dévient les véhicules qui grouillent sous l'autovolantiste en détresse. Une sorte de vortex se forme, comme si l'on avait jeté une grosse pierre pour dévier le cours d'un torrent.   
« Citroën BK216, Mayday Mayday Mayday ! Turbine en feu suite à ingestion ! »
Deux avions de pompiers se détournent de leur trajectoire et arrosent copieusement le véhicule avec leurs canons à eau. Une autovolante du Péril Aviaire décolle et chasse les rescapés du vol de pigeons.
Chip remplit une fiche d'accident. Maintenant, les secours se chargent de l'affaire. Les deux contrôleurs se concentrent à nouveau sur leur boule, pour éviter l'effet domino. Quelque part dans Paris, la Citroën encore fumante s'écrase sur le bitume.  

En fin d'après-midi, Chip et Colin terminent leur service et remontent enfin à l'air libre, laissant la salle à la relève de nuit. L'accident tourne en boucle dans leur tête. L'adrénaline se répand toujours dans leur sang en décharges violentes. Alors il se pressent vers le Boxing Club et frappent à coup de poings, de pieds, dans des sacs de cuir, puis l'un contre l'autre, puis contre des automates. Au bout d'une heure, ils s'affalent dans le sauna, épuisés. La chaleur les engourdit. Ils oublient presque l'accident. Lorsqu'ils ressortent il fait presque nuit. Ils s'attablent en terrasse, dans la tiédeur d'un réverbère chauffant, commandent des verres de blanc, et, par un bizarre accès de cannibalisme lexical, deux Fish and Chips.
« Merde ! Râle Chip. Et encore, on ne bosse pas à République ou Châtelet !
- Je ne sais même pas comment ils font, là-bas, murmure Colin. Soudain son visage s'éclaire : Il faut qu'on passe au garage à musique ! La moto est prête ! »

Monsieur Bernard Bernard, le garagiste musicien de la Rue Monge, est l'un des membres les plus estimés de sa profession. Il est, entre autres, le brillant inventeur la sublime Volviolon V50 et de l'accordéobus, bus musical à soufflet transformant chaque virage en bal musette. Chaque fois que Colin pénètre dans son antre, il passe de longues heures à contempler les épaves d'antiques automobiles, les hélices, les turbines suspendues aux poutres métalliques de la charpente, les guitares et les caisses à percussions. Dans une sorte de clairière débroussaillée au centre de la forêt de carcasses, Monsieur Bernard est accroupi, bricolant au chalumeau une mobylette à hélice.
« C'est quoi ? Demande Colin.
- Tu pourrais dire bonjour, grogne le vieux garagiste. C'est une Pianobylette.
- Bonjour. Elle joue du Chopin ?
- Non, elle va vraiment piano, juste. »
Monsieur Bernard entrepose l'engin dans un coin de l'atelier. Puis il allume une vraie cigarette, savoure quelques bouffées et dit :
« Ta moto est prête.
- Je sais, dit Colin. C'est pour ça que je suis passé. »
Le garagiste se dirige vers une forme recouverte d'un drap Mickey plein de cambouis. D'un geste théâtral, il dévoile l'engin, dans un nuage de poussière. Il tousse :
« La première et unique Motojazz. »
La Motojazz est une motovolante somme toute banale, avec ses trois hélices et deux tuyères, mais on a soudé, au bout du pot d'échappement, un trombone à coulisse. Colin enfourche sa machine, met le contact d'une main tremblante, pousse légèrement la manette des gaz. La salle s'emplit de Petite Fleur.
« Magnifique, dit Colin. »
A ce moment, il remarque derrière l'établi une jeune fille qui bricole une hélice. Distrait, il relâche brusquement l'accélérateur et la Motojazz cale en une fausse note.
« Evidemment, remarque Monsieur Bernard, il faut savoir jouer. »
Colin ne peut détacher son regard de la jeune fille. Elle est extrêmement menue. Elle porte de longs cheveux noirs un peu bouclés. Elle a de grands yeux très verts. Ses mains sont belles, avec de longs doigts fins qui jouent avec dextérité sur le métal. Il se dit : c'est ça, elle joue une drôle de partition pour tournevis et chalumeau, dans la poussière, la graisse et la crasse, avec la noblesse et la grâce d'une reine.

 

26 Octobre 2015

 

Le vieil écrivain referme son carnet en souriant. En cinquante ans, l'encre a jauni et les pages sont sèches et craquantes comme des feuilles mortes. Une vie passée à raconter des histoires, à noircir des cahiers, et jamais il n'a réussi à peindre une autre qu'elle.
« Qu'est-ce que tu veux, tu m'as dans la peau, murmure-t-elle depuis le Père Lachaise. »
Le vent souffle du Nord, aujourd'hui, il emporte ses soupirs jusqu'au bureau de l'écrivain. Celui-ci se dit que c'est une bien mauvaise farce que la vie lui a faite, de lui survivre si longtemps.

Dix heures sonnent à la pendule du salon. Le petit drone du Monde apparaît au loin. Il bourdonne tranquillement, quelques mètres au dessus du sol. Ce n'est qu'une caisse contenant les éditions du jour, mue par quatre hélices au bout de longs bras maigres. On dirait un crabe araignée. Le vieil homme suit la progression de l'engin à la jumelle, comme chaque matin depuis un mois, c'est-à-dire depuis que son quartier du Plessis-Robinson est desservi par la livraison aérienne. Brusquement, le drone tressaille. Une fumée noire s'échappe d'un moteur. Quelques étincelles fusent. Puis plus rien. L'hélice se met en drapeau. L'appareil titube un peu mais continue sa route. Une autre moteur fume et s'arrête.
« Ah ! Les cons ! s'exclame le vieil homme. Les petits cons ! »
Ce sont les gamins du pavillon voisin qui s'amusent à descendre les drones à la carabine à plomb. Il a fallu un an pour certifier et autoriser la desserte aérienne à basse vitesse, basse altitude, et encore, le préfet n'a signé que du bout des doigts, et voilà que des canonniers en miniature se déchaînent contre le progrès. Tous ses moteurs hors d'usage, le drone bascule et s'écrase sur la chaussée, dans un fracas de tôle brisée.
« Petits cons ! Hurle le vieux de sa fenêtre. »
Il est hors de lui. Mais lorsque la police municipale a fait son enquête suite aux crashs mystérieux de trois drones, il n'a pas ouvert la bouche. Il n'a jamais balancé personne, pas même sous la torture en quarante-quatre, alors il ne va certainement pas commencer à près de quatre-vingt-dix ans. Péniblement, il descend les escaliers, beaucoup trop abrupts pour lui selon sa fille, qui habite Bordeaux et passe une fois tous les six mois pour lui faire la morale. Parce qu'à près de quatre-vingt-dix ans descendre un escalier prend une éternité, le vieil homme met ce temps à profit pour rêver. Les yeux mi-clos, passant d'une marche à l'autre avec la souplesse et la grâce d'un vérin hydraulique, il revoit sa fille sur ses genoux, lorsqu'il inventait pour elle ses plus belles histoires, une par semaine à raison d'un quart d'heure chaque soir, comme des romans feuilletons. Quand il tombait à court d'inspiration, il trichait et plagiait sans vergogne un grand classique qu'elle ne connaissait pas encore. Elle inventait des histoires, elle aussi. Ca lui venait tout seul, elle avait du talent. Il n'a jamais compris pourquoi ce don s'était tari, comme si elle retenait son souffle, à mesure qu'elle grandissait. Il ne lui a jamais pardonné d'être devenue cette femme un peu vaine, d'avoir épousée un âne, de s'être avilie à ses côtés. Il se dit qu'avec l'âge, il est devenu méchant. Il se cherche des circonstances atténuantes : peut-être n'a-t-il simplement plus le temps de pardonner. Quand il la voit, il cherche obstinément en elle cette étincelle comme un naufragé remuant un foyer délaissé à la recherche d'une braise, il scrute son visage, il la gène, elle se renferme, replonge dans les piles de tickets de caisse qu'elle trie pour lui de façon obsessionnelle, persuadée qu'il se fait voler, ce qui par ailleurs est probablement vrai. Elle ne lui a jamais dit qu'elle avait publié un livre sous un pseudonyme, avant d'arrêter d'écrire.

Son rêve est long et l'escalier a une fin – le vieil homme manque la dernière marche et s'effondre sur le parquet du salon. Il reste un long moment immobile, un peu étonné de sentir son corps toujours fonctionner. Lorsqu'il se relève enfin, du sang perle de son arcade, poisse dans son sourcil broussailleux et dévale le long de sa joue, pour fleurir le col de sa chemise. Il ne remarque rien. Il continue sa route, plutôt content de s'en tirer à si bon compte. Il désactive l'alarme qui s'est déclenchée au moment de la chute, en profite pour inhiber celle qui doit alerter les secours s'il reste absent plus d'un quart d'heure, peut enfin ouvrir la porte d'entrée.
Il traverse le jardin bien tenu. Ses chaussures raclent le gravier de l'allée dans le sillage laissé la veille, on dirait une piste de ski de fond. Ils allaient à la neige tous les hivers, à Gap, ils adoraient le ski de fond. Et les raquettes. Une fois, sa femme s'était cassé la cheville et il avait dû la porter jusqu'au chalet, cinq kilomètres avec de la poudreuse jusqu'aux genoux. Il était fort, alors. Elle était si légère. La petite faisait de la luge. Le vieil homme parvient dans la rue, pivote et referme le portillon. Puis il glisse vers les restes fumants de l'hélicoptère qui heureusement n'est pas tombé loin. Il se penche graduellement vers l'objet fumant, tend la main et farfouille dans les débris et repart son journal à peine froissé sous le bras. Il marmonne :
« Bientôt, ils vont installer des caméras sur leurs drones, ou mettre du blindage, et ça coûtera tellement cher qu'un jour un petit malin aura l'idée de faire distribuer les journaux par un gars à vélo. »
C'est sûr que comparée au futur de 1967, avec ses Motojazz et ses bus volants, la version réelle de 2015 fait pâle figure – une nuée d'appareils informatiques dont on n'a pu rêver mais qui se sont imposés à nos vies en un éclair, des caméras jusque dans les toilettes, quelques drones pitoyables se traînant dans des chenaux prédéfinis à horaires strictes, et plus souvent fermés qu'ouverts, un ciel mou et inintéressant, que l'on aimerait secouer pour voir enfin s'y passer quelque chose. Et, dans son cas personnel, la finale d'Orly déplacée au-dessus de son quartier pour faire face à l'explosion du trafic aérien, un ballet incessant de jets du matin au soir. Une absence totale et impardonnable de soucoupes volantes. Pas de poésie. Pas d'imprévu. Ah – la beauté surannée du futur antérieur.

En passant devant le pavillon d'où étaient issus les tirs, le vieil homme marque un temps pour en détailler les faiblesses stratégiques – comme s'il devait un jour donner l'assaut, habitude contractée enfant suite à une overdose d'histoires de 1870 plus ou moins inventées par son grand-père, son père quant à lui gardant un mutisme farouche concernant la Grande Guerre. Pendant sa guerre à lui, la seconde, son rôle s'était borné à porter des courriers pour se faire prendre quinze jours plus tard. Il manque un barreau à la clôture. Par le trou, une gamine l'observe comme s'il était un panda du Jardin des Plantes. Elle n'a même pas la décence de cacher derrière son dos sa carabine à plomb, qui, si au moins elle fonctionnait à la poudre, exhalerait par la gueule la preuve irréfutable de son crime. La petite n'est pas très grande – sept, huit ans tout au plus. Ce que l'on remarque tout de suite, ce sont ses cheveux noirs ondulés qui descendent sous ses fesses et ses yeux bleu orage, derrière des lunettes orange. Elle porte un paletot de laine vert sombre, et des bottes de pluie en caoutchouc jaune. Enfin, le vieil homme ne remarque pas vraiment tout ça, parce qu'il vient de tripoter ses lunettes avec ses doigts pleins de suie – il distingue plutôt un patchwork de tons criards au milieu de la verdure.
« Comment tu t'appelles ?  Demande le vieil écrivain, avec le sourire automatique qui fleurit sur ses lèvres dès qu'il s'adresse à un enfant.
- Camille, répond la petite.
- He bien Camille, si j'étais toi, j'arrêterais de tirer sur le drone qui livre les journaux, parce qu'un jour les gendarmes viendront et te dévoreront toute crue ! »
Le vieil homme marque un temps pour que sa sage démonstration fasse son chemin dans le cerveau de la gosse. Puis il ajoute, pour faire bonne mesure :
« Et dans ton cas, ça ne prendra pas longtemps ! »
Satisfait, il se prépare à regagner son domicile, quand la petite rétorque :
« Mon Papa, hé bien il dit que les gendarmes s'en foutent ! 
- Déjà on ne dit pas « s'en foutent », dit le vieux. C'est mal. Et puis il fait quoi, ton père, pour critiquer les gendarmes ?
- Il est pilote de chasse, répond la petite.
- Ah, fait le vieux.
- Chez Air France. Et plus tard, je veux être pilote de chasse, mais pas chez Air France.
- Tant mieux, dit le vieux. »
La petite se met à raconter sa vie en passant sans arrêt du coq à l'âne, sans trouver le temps de reprendre son souffle. Le vieux fait semblant de l'écouter. Il rêve du silence feutré et de la quiétude de son salon, juste de l'autre côté de la rue et pourtant si loin. Etrange, ça. Toujours cette attirance pour les petits et cette urgence panique de s'en débarrasser dès qu'ils ouvrent la bouche. Un peu comme un homme qui ne pourrait s'empêcher d'adopter des chatons mais qui ne saurait pas les élever. Ah. S'enfoncer dans le fauteuil. Poser ses pieds sur le tapis élimé. Ouvrir un livre. Elle parle toujours. Aspirer une gorgée de café chaud. Dans le calme. A cette cadence, il n'a plus qu'à attendre qu'elle s'étrangle. Dans la brume de ses pensées, il perçoit vaguement les mots : « D'accord ? » Le ton est interrogatif. Il bredouille : 
« Oui, oui. Bien sûr.
- Génial, dit la gamine dont le visage s'illumine. Génial. A demain matin. »
Et elle tourne les talons et se volatilise entre deux bosquets d'hortensias.

Le vieux enfin libre se hâte lentement vers chez lui, conscient de s'être engagé à quelque chose. Mais sans savoir à quoi – comme lorsqu'il avait demandé Mathilde en mariage ou plus tard, lorsqu'ils avaient décidé d'avoir Sophie. La plupart des gens de son âge abandonneraient l'affaire à ce stade. Déjà, la majorité ne se souviendrait de rien, et le reliquat ferait le mort pendant quelques jours, en attendant que la petite passe à autre chose. Mais le vieux est doté d'une mémoire excellente quoique sélective, n'a jamais manqué à sa parole même sous la torture en quarante-quatre, et s'ennuie terriblement.
Aussi le lendemain, vers dix heures trente, après avoir récupéré son journal déposé devant sa porte par un drone flambant neuf et miraculeusement indemne, il glisse à petits pas vers le pavillon d'en face. La petite l'attend.
« Tu n'as pas école ? demande le vieux.
- C'est les vacances, répond la petite.
- Ce sont. Où sont tes parents ?
- Mon Papa travaille. Ma maman aussi, mais elle rentre à midi.
- Ils t'ont laissée seule ?
- Oui. Je suis supposée être sage. »
Elle parle très bien pour son âge. D'une manière un peu affectée. Elle demande :
« Tu es prêt ?
- Probablement, répond le vieux. »

La grille du jardin grince sur ses gonds rouillés. Le vieux pénètre dans le jardin. C'est un jardin touffu, de l'herbe recouvre presque les pas japonais, des lianes étranges étouffent les framboisiers, les rosiers disparaissent sous les mauvaises herbes. Cela serre le cœur du vieil homme, qui aime les parterres fleuris, les hortensias en pompon et les bosquets bien taillés. Il se fraye tant bien que mal un chemin dans la jungle, précédé de la petite qui gambade en électron libre, les yeux dilatés par une excitation intense. A l'arrière de la maison s'ouvre une sorte de clairière au milieu du chaos végétal, au centre de laquelle trône un drôle d'appareil. L'engin est constitué d'une chaise de cuisine, sur laquelle on a greffé des ailes en carton, une dérive en carton, un empennage en carton, et, probablement à cours de carton, un cintre en guise d'hélice. Aux quatre pieds sont fixées des soupentes reliées à des ballons colorés, une myriade de ballons. L'ensemble est maintenu au sol par des lests de plongée.
« C'est mon avion de chasse, dit fièrement la petite. Il a la cocarde d'Air Paris, parce que plus tard je serai pilote de chasse ET Parisienne.
- Ce sont deux carrières épuisantes, remarque le vieux. Et pas données à tout le monde. J'ai toujours voulu être Parisienne, je n'ai jamais réussi.
- Tu peux t'asseoir, dit la petite. Tu seras mon pilote d'essai. Le chat ne veut pas.
- Si je m'assois là-dedans, je ne me relèverai pas, dit le vieux.
- Je t'aiderai, dit la petite. S'il te plait. »
Le vieux n'a qu'une parole : il s'assoit.
« Où as-tu trouvé tous ces ballons ? Demande-t-il.
- C'est pour la surprise de mon anniversaire, dit la petite. Je les ai trouvés avant, et mon Papa m'a montré comment marche le gonfleur à ballons.
- Et pourquoi les as-tu attachés à ton avion de chasse ? dit le vieux. Il vole déjà très bien tout seul. Le vieux fait un bruit de moteur avec sa bouche en faisant tourner le cintre.
- Mon avion de chasse n'a pas de moteur, rétorque la petite. Mais mon Papa m'a montré Là-haut. Et après, j'ai regardé sur internet et j'ai vu qu'on pouvait VRAIMENT voler avec des ballons. Un Américain l'a fait. C'est mon héros. 
- Tu as le droit d'aller sur internet ?
- Je connais le code.
- Evidemment. »
La petite lui présente sa carabine à plomb, ainsi qu'une boîte de munitions.
« Pour descendre, il suffit de tirer sur les ballons. Ne lâche pas la carabine. L'Américain l'a laissée tomber. Il a eu du mal à redescendre.
- Ça, c'est sûr, dit le vieux. 
- Et maintenant, on va faire le lancement. »

Le vieux regarde la petite d'un air attendri. Il aime l'absence totale de limite de son esprit. Comme un ciel bien dégagé. Il se demande comment faire pour ne pas lui causer trop de peine, lorsque son engin resterait cloué au sol. Peut-être pourrait-il pousser un peu sur ses jambes, pour amorcer un semblant de décollage.   
« Tu en as mis, des lestes, dit-il.
- Deux cent kilos, affirme fièrement la petite. Ils étaient dans la cave et je les ai remontés un par un. »
A ce moment, le vieux décide de lui dire la vérité, parce qu'il commence à attraper des crampes et qu'une petite leçon de sciences expérimentales n'a jamais fait de mal à personne. Ils pourraient même retenter l'expérience, avec une poupée et un ou deux ballons convenablement gonflés. Il se dit que ça ferait une belle histoire, un vieil homme solitaire qui se fait une amie d'une minuscule gamine.
« Tu sais, ton avion de chasse, il ne va pas vraiment voler, dit-il. Pour que les ballons me tirent vers le haut, il faut qu'ils soient plus légers que l'air. Il faut qu'ils soient pleins d'air chaud, ou d'un gaz très léger qu'on appelle l'hélium. Tu sais ce que c'est, l'hélium ? 
- Oui, dit la petite. C'est ce que j'ai mis dans les ballons. »
Et avant que l'information n'ait vraiment fait son chemin, elle donne quatre coups de ciseaux dans les cordes qui relient la chaise aux lests.

Le vieux, juché sur sa machine infernale, fuse dans les cieux comme une balle de tennis. Il croise la route du drone du Monde de retour de tournée, celle du drone de la Police en patrouille au-dessus du périphérique, puis celle du drone de l'IGN qui cartographie la région, sans trouver chez ces congénères  aériens aide ni compassion.
Le pilote improvisé, maudissant ses doigts tremblants, charge tant bien que mal sa carabine. Il entreprend de crever les ballons. Il tire de chaque côté, pour équilibrer son instable aérostat. Lorsqu'enfin il arrive à stabiliser le cercueil volant, il flotte au-dessus de la proche banlieue, plus de cinq cent mètres au-dessus du béton.  Il abat encore quelques ballons – la chaise amorce une lente descente. Il voit le vide entre ses genoux, précisément comme s'il était assis sur une banquette de plexiglas, mais il n'apprécie que moyennement l'ironie de vivre presque au jour dit des sensations qu'il avait imaginées cinquante ans auparavant. D'autant qu'à ce moment se produit ce qui semble assez inévitable chez les pilotes des chaises volantes : il laisse tomber sa carabine. Le vent se lève, d'ouest. Il le pousse doucement vers la petite finale d'Orly. 

« Le sol du péril aviaire, grésille une voix au pupitre de la tour de contrôle d'Orly, position Sol.
- Péril aviaire, allez-y, répond le contrôleur sol en jouant avec son stylo.
- Je suis en mission d'effarouchement sur la piste 06.
- Je sais, dit le sol.
- Parce qu'il y a des vanneaux.
- Je sais. On les voit d'ici.
- Ceci dit, j'observe des ballons qui se dirigent vers la finale.
- Répétez ?
- Une grappe de ballons. Il y a une chaise accrochée dessous. Et quelqu'un sur la chaise. »
Le contrôleur sol fixe un instant la finale de la piste 06, reste bouche bée, et prévient son chef de tour.
« Qu'est-ce que c'est que ce truc ?
- Une chaise suspendue à des ballons, apparemment.
- Stoppe tous les décollages. Je vais faire attendre les arrivées.
- Je peux l'effaroucher, si vous voulez, dit le péril aviaire dans la radio. »

Alors que les circuits d'attente d'Orly se remplissent petit à petit, que le ciel de Paris s'emplit d'avions comme d'une nuée de lucioles, que les pilotes en retard râlent à la fréquence, que les contrôleurs s'énervent et que la nouvelle remonte peu à peu les méandres de la hiérarchie, le vieil homme, lui, n'a rien d'autre à faire qu'à regarder le ciel, la terre, et les vanneaux qui tournent autour de lui.

Finalement, un hélicoptère décolla d'une base voisine, emportant à son bord un tireur d'élite. Il fut établi que le vieil homme sur la chaise n'était probablement pas un terroriste, qu'il ne transportait aucun dispositif pyrotechnique, et que de toute façon le vent le poussait vers la campagne et loin des pistes. Le tireur d'élite entreprit d'éclater les ballons un par un et la chaise volante retrouva le plancher des vaches. Le pilote malgré lui s'en tira sans aucune égratignure, la petite fille en fut quitte pour quelques séances de psy. Le vieil écrivain se retrouva placé en maison de retraite. Ça ne le contraria pas beaucoup, parce que la vie lui avait appris à faire le dos rond jusqu'à ce que les choses s'améliorent, et qu'il comptait bien s'évader. Mais il n'avait plus ses jambes de quarante-quatre : il mourut six mois plus tard, sans avoir eu le temps de terminer cette histoire.

27 Octobre 2035

Camille éteint son livre et le pose à côté de sa tasse de café au lait. Elle relit souvent cette nouvelle. C'est la première qu'elle a publiée. Elle n'a jamais oublié le vieil homme un peu fou qui avait été son pilote d'essai. Il n'y a plus vraiment de pilotes, maintenant – juste des contrôleurs qui programment des trajectoires depuis leurs ordinateurs. Le ciel est noir de drones plus ou moins autonomes. Les seuls pilotes qui volent vraiment, ce sont ceux des lignes Paris-Lune et Champs de Mars-Mars (deux liaisons hebdomadaires). Camille a été pilote de navette chez Lufthansa, ce qui après tout est largement aussi bien que pilote de chasse chez Air France.
Elle a raccroché au bout de deux ans – maintenant, elle écrit. Elle vit dans un petit module d'habitation posé au sommet d'une tour végétalisée, dans le Quatrième. Les fenêtres sont immenses, elle a l'impression de vivre en plein ciel. Enfin, elle n'écrit plus vraiment : elle active un petit boitier accroché près de sa tempe et se met à penser et les mots s'inscrivent sur sa psyché, ou sur la baie vitrée, suivant la direction de son regard. Parfois elle a la nostalgie du papier et noircit quelques pages d'un vieux carnet. Elle aime l'odeur du papier. Le parfum de l'encre. Elle fixe un instant sa porte qui reconnait sa rétine et s'efface silencieusement dans le mur. Elle sort. Derrière elle le module se referme. Les volets roulants glissent sur les vitres.
Elle enfourche sa Motojazz, qui au premier tour de clef susurre les mesures de Summertime.

En 2035, le ciel est le même qu'en 2015. Il couvre toujours la terre de sa clarté transparente, et emporte dans ses plis les questions insolubles, les peurs insondables, les espoirs et les rêves des hommes.

 

 

  • Avant tout, merci pour les commentaires, c'est vrai que ça fait avancer... et prendre conscience de certaines imperfections du texte, alors que lorsque l'on écrit, l'enchaînement du récit semble évident. L'histoire se déroule bien sur quatre jours, mais je considère le dernier jour plutôt comme un épilogue et ne l'ai donc pas intégré dans le titre. La première partie du récit (avec Colin) est volontairement cliché, avec une esthétique 'Écume des Jours' (d'où le nom des héros, Colin et Chick devenu Chip pour les besoins d'un petit jeu de mot sur Fish and Chips.) Là où tout s'explique, mais où j'aurais sûrement dû être plus clair, c'est que cette partie est sensée avoir été écrite par le vieil écrivain il y a longtemps, dans les années soixante. C'est la confrontation entre le futur imaginé depuis le passé et la réalité qui m'a semblé intéressante. Un peu comme lorsqu'on lit 1984, ou Brave New World, et que l'on s'aperçoit que la science fiction est surtout la projection d'une époque présente dans le futur. La phrase qui permet de le comprendre, c'est l'enchaînement : 'Colin ne peut détacher son regard de la jeune fille. Elle est extrêmement menue. Elle porte de longs cheveux noirs un peu bouclés. Elle a de grands yeux très verts. Ses mains sont belles, avec de longs doigts fins qui jouent avec dextérité sur le métal. Il se dit : c'est ça, elle joue une drôle de partition pour tournevis et chalumeau, dans la poussière, la graisse et la crasse, avec la noblesse et la grâce d'une reine.



    26 Octobre 2015



    Le vieil écrivain referme son carnet en souriant. En cinquante ans, l'encre a jauni et les pages sont sèches et craquantes comme des feuilles mortes. Une vie passée à raconter des histoires, à noircir des cahiers, et jamais il n'a réussi à peindre une autre qu'elle.' où l'on peut comprendre que le premier passage a été écrit par l'écrivain, que la jeune fille de l'atelier n'est qu'une projection de sa femme, qui habite tous ses personnages féminins. Il y a d'autres petites allusions par la suite, comme lorsque le vieil homme est coincé sur sa chaise volante : ' il n'apprécie que moyennement l'ironie de vivre presque au jour dit des sensations qu'il avait imaginées cinquante ans auparavant'. Voilà, j'espère que cela éclaircit les choses... Ce n'est pas évident de parler d'un texte qu'on a écrit !

    · Il y a plus de 9 ans ·
    Photoid

    Pierre De Gerville

  • Je confirme, pour le moment c'est le texte n°1. C'est rageant d'ailleurs, parce que je me creuse encore la tête pour ma propre contribution...
    Mais soyons constructif : j'ai eu du mal avec la première partie, le premier jour dans la tour de contrôle. Les contraintes de la nouvelle obligent à brosser son univers en très peu de temps et d'espace, du coup on prend tout d'un coup. C'est très complet et cohérent, peut-être un peu cliché avec la nourriture en pastille, il faut le prendre avec un peu de second degré (ça fait passer la pilule !).
    Là où je suis perdu c'est surtout par rapport au lien avec le vieil homme sur les deux jours suivants (typographiquement d'ailleurs je vois bien trois jours en automne, mais dans le contenu j'en compte 3 en 2015 et 1 en 2035). On passe de Colin à ce vieux monsieur, je m'attendais à ce qu'ils se rencontrent par un heureux zazar !
    Voilà je critique c'est vrai mais c'est parce que j'ai commencé à lire et je n'ai pas zappé comme chez beaucoup d'autres, je suis allé au bout parce que ça se tient bien tout de même. Beaucoup d'idées, un récit malin.
    Mention très bien pour la bande son ! Gershwin et Bechet, ça donne le ton.
    Je soutiens !

    · Il y a plus de 9 ans ·
    Ab

    blanzat

  • Merci ! En plus, c'est mon tout premier commentaire, alors deux fois merci !

    · Il y a plus de 9 ans ·
    Photoid

    Pierre De Gerville

    • C'est normal, surtout que c'est une litote, si vous lisez la petite trentaine d'autres contributions à ce concours, la seule nouvelle que je trouve comparable à la vôtre est celle se déroulant à Venise.

      https://www.youtube.com/watch?v=rV6rNqin4P8

      · Il y a plus de 9 ans ·
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      Aurélien Loste

    • Merci pour le lien, je ne savais pas qu'on avait vraiment réussi à faire voler la maison... Je me suis basé sur 'Là-Haut', évidemment, mais aussi sur les aventures d'un Américain qui s'est vraiment envolé sur sa chaise de jardin, suspendue à des ballons, a traversé l'espace aérien de Los Angeles avant de retomber sur la côte un peu plus loin. Dans les années 80, me semble-t-il.

      · Il y a plus de 9 ans ·
      Photoid

      Pierre De Gerville

  • C'est poétique.

    · Il y a plus de 9 ans ·
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    Aurélien Loste

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