Le jour où j’ai appris à compter.

Laurence Malabat

 J'ai compté sur le calendrier, présumant que mon corps soit enfin prêt,

A accueillir ton berceau secret.

J'ai compté sur tous ces petits signes, imperceptibles, et discrets.

Puis dans mon ventre, tu t'es doucement lové,

J'ai compté le temps qu'il me restait pour afin te rencontrer.

J'ai compté tes coups de pieds, tes hoquets.

Et chaque seconde, chaque mois, tu grandissais et je grossissais.

 J'ai compté tes battements de cœur derrière la froideur d'un ordinateur.

J'ai compté chaque pyjama, 36 bodys, 25 bavoirs et des paires de chaussettes à ne savoir qu'en faire

J'ai compté sur Ali pour le lit parapluie, sur Ana pour les pyjamas, Barnabé pour des jouets pré-mâchouillés.

J'ai compté chaque contraction, et putain que c'est long !

Puis tu es arrivé….

Et là je pensais que je n'aurais plus à compter.

Mais sans que je m'en rende compte,

J'ai compté chaque doigt de tes pieds, la durée des tétées, tes petits  boutons sur le nez.

 J'ai compté le temps qui me restait pour me doucher, manger, me reposer.

D'ailleurs j'ai aussi compté les heures de sommeil épuisés, la dernière bière avalée,

J'ai compté sur mes frères pour te garder, sur ma mère pour me conseiller, sur mon père pour m'écouter.

Mais c'est lorsque tes yeux croisent les miens, au petit matin,

Que le temps s'arrête, les heures se prosternent devant ton visage serein

 Les minutes défilent, les secondes …je ne compte plus.

Savourant cet instant suspendu de bonheur absolu !

Moa

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