le jour ou tout a basculé
Simon Dreville
Il faisait gris et les larmes du ciel coulaient à flot.
Ce jour là, je ne me réveillais qu'à dix heures du matin car le dimanche, c'est grasse matinée.
La tête vide et bien assomé de la cuite de la veille, je saute dans mon slip en coton, oui je dors à poil, et fonce dans la salle de bains.
Je me passe la tête sous l'eau froide et entreprend de brosser les quelques dents qu'il me reste.
Elles ne vont pas tarder à tomber aussi alors j'en profite...
Comme tout les dimanche, je regardais télé foot et j'attendais avec impatience midi pour aller boire l'apéro au bar voisin .
Depuis que ma femme m'avait quitté, je buvais de plus en plus.
Le ricard et la bière étaient mes échapatoires et j'en consommais sans modération.
En même temps, je n'avais rien d'autre à faire car ma vie sociale se limitait au travail et à ce fameux bar voisin.
Tout cela était bien entendu restreint et ne permettait certainement pas à mon intellect de se dévelloper comme il le méritait, ou pas...
Je travaillais à la ville comme éboueur.
Beaucoup de gens nous regardent avec dégout mais je m'en fous.
D'accord j'ai souvent les mains dans la merde mais franchement, hormis ce détail, j'ai des horaires cool et un salaire qui me suffit.
Tant que je peux me payer mon apéro quotidien, jouer au PMU et aller une fois par mois au putes, je suis le plus heureux des hommes.
Ma femme m'a quitté à cause de ces quelques détails de vie.
Et à cause de mon addictions au porno sur internet il faut bien l'avouer aussi.
En même temps, cela faisait belle lurette que l'on ne se touchait plus et quand je la regardais sortir de sa douche nue, je ne sentais plus le désir monté.
Juste une seule question se posait à moi, qu'avais-je donc fait pour mériter ça.
Elle a du prendre au moins trente kilos depuis notre mariage et à force de voir sa gueule tout les matins, j'en avais fait une overdose.
C'est pourquoi lorsqu'elle m'annonca qu'elle avait rencontré quelqu"un et que donc elle me quittait, je ne pus que lui dire bonne chance pour la suite et m'ouvrir une bouteille de champagne.
Enfin, songeais-je.
Je me demandais quel sorte de pervers pouvait avoir envie d'un tromblon pareil et je me promis d'aller satisfaire ma curiosité un de ces jours.
Je trouverais bien une excuse pour passer les voir.
Cela faisait plusieurs fois qu'elle me menaçait de partir si je continuais d'aller sur des sites pornographiques mais bon, vivre ou mourir, la question ne se posait même pas.
Je voulais vivre et éjaculé, de quelques manières que ce soit.
Merde après tout.
Comme disait Brassens, ce n'était pas une synécure que d'y voir toujours le nez au milieu de la figure.
Quoi qu'il en soit, elle était partie et malgré nos 20 ans de mariage, cela ne me fit point soufrir.
Voir pire je respirais.
Mon lit m'appartenait de nouveau en entier, mes chaussettes et mes slips sales trônaient fièrement de nouveau au bas de mon lit et je ressentais une immense sensation de liberté lorsque je pétais sous la couette en y respirant avec délectations mes odeurs.
Quand je pense que j'ai tenue 20 ans sans tout ces petits plaisirs...
Je ne voulais plus en perdre une miette et aucune autre Germaine, mon ex-femme, ne viendrait plus jamais troubler mon nouvel ordre établie.
Quand aux putes, je n'y allais qu'une fois par mois et je changeais à chaque fois.
Je ne voulais pas de régulière.
Les habitudes tuent et je ne voulais surtout pas mourir à cause d'un de mes derniers plaisirs.
Quoi qu'il en soit, ma vie avait retrouvé de son éclat depuis qu'elle était partit et je prenais vraiment plaisir à me gratter les couilles sur mon canapé devant téléfoot avec aux panards mes fidèles charentaises qui ne m'avaient pas quitté depuis au moins 15 ans.
Les odeurs pédestres et forestières qui y logeaient en témoignaient et leurs donnaient de la consistance.
Malgré celles çi, j'y étais à l'aise et elles me semblaient être comme une deuxième peau sur la peau cornée de ce qui me servait de pieds.
Combien de fois étais-je allé les récupérer dans les poubelles lors d'une poussée d'hormones maniaques de ma bonne germaine.
Entre mes charentaises et moi, c'est à la vie à la mort.
Je serais prêt à tuer si on m'enlevait ce petit confort qui me semblait être mon dernier rempart face à la technologie que sont les nouvelles "Nike" "reebok" et autres prototypes de ce genre.
Une soirée télé sans charentaises aux pieds n'est pas une soirée réussis.
Bon, mon équipe avait encore perdu.
Je vais aller boire à sa santé en espérant un meilleur résultat la prochaine fois.
Grace à mon travail, je ne travaillait pas l'après midi ce qui me laissait le temps de faire le course par course au PMU tout les jours.
Je sais que j'aurais du me refaire les dents car il ne m'en restait que très peu de valide mais pour financer le chantier, j'attendais de toucher le quinté.
J'attends encore...
Mais un jour, oui, un jour, peut être, c'est sur, je le toucherais dans l'ordre.
Je n'ai en même temps aucunes envies particulières à satisfaire si ce n'est me refaire les dents et arrêter de travailler.
J'aimerais pouvoir me saouler toute la journée sans pensé à rien, mes fidèles pantoufles chaussées, une main dans le caleçon et me laissé divaguer aux rythmes des verres qui se poursuivent dans une course éffrénée vers la liberté, ma liberté de l'esprit.
Je n'en étais pas encore là et je savais que longue était la route vers la plénitude.
De toutes manières je relativisais en me disant que le but n'est pas le but mais la voie.
Je prennais donc mon mal en patience et suivait inexorablement ma voie en filant au café.
Le taulier de l'établissement que je fréquentais s'appelait Noèl Vonderschelden.
C'était un gros bonhomme à la moustache épaisse, doté d'un nombrilisme vertigineux et d'un humour particulièrement grossier.
Son avarice l'était tout autant, vertigineuse.
Je le surnommait perfidemment Ténardier et bien qu'il ne puisse pas me voir en peinture, tout les matins à la même heure il répondait inexorablement à mes mauvaises blagues au sujet de son argent, qui se trouvait être un sujet particulièrement taboo vu les réponses qu'il me prodiguait d'ailleurs.
-Avec toutes les charges et les employés, comment veux tu que je m'en sortes?
Voilà ce que j'entendais tout les matins vers sept heures pour mon petit déjeuner malté qui consiste à boire un demi litre de bière, de la blonde bien sur, et de me goinfrer de petits pains au chocolat.
Je prenais régulièrement à partie les clients qui se trouvent être ce qui pourrait s'appeler des amis pour nous gausser de sa pingrerie ouvertement, l'union fait la force.
Nous nous connaissions sans nous connaitre vraiment car nous avions un point commun et non des moindres, nous étions tous accroché au même comptoir et vous pouvez me croire, ça crée des liens.
Vu que c'était une affaire familiale, le fils de Ténardier rodait dans les parages, bien tapis dans l'ombre de son père.
Le même sans la moustache.
Mesquin, moche, calculateur, vulgaire, sale, et j'en passe car après vous allez me traiter d'ingrat vu qu'au moins une fois par mois j'ai une bière offerte dans un excès de bonté.
Ou serais ce peut être ce qui s'appelle le commerce.
Je ne sais plus.
Ce jour là quand j'arrive au comptoir, il est déjà midi.
Comme tout les dimanche, c'est Martial qui s'y trouve.
Martial est le barman et tout le monde l'appelle chouchou.
Il est gay.
Et sournois...
Je le soupsonne de voler ses patrons ainsi que les clients.
Il est terriblement roublard mais à moi, on ne me la fait pas.
Il a essayé une fois et j'ai bien cru que j'allais lui arracher les yeux.
En tout cas je le lui ai bien fait comprendre.
En même temps, il doit faire un mètre cinquante pour quarante huit kilo mais ce n'est pas une raison pour le laisser faire.
Ce petit enfoiré m'a rendu la monnaie sur dix euro alors que je lui en avait donner vingt.
Le pire est qu'il ne s'est pas démonter et m'a même traiter de voleur devant tout les clients.
J'ai tellement hurler qu'il m'a rendu l'argent et j'ai forcé son patron à compter la caisse pour laver cet affront.
Il fut lavé, astiqué, briqué, poli, bref mon affront brillait de mille feux lorsque je recommandais une bière qui me fut poliment offerte alors que je tenais ma monnaie victorieusement dans ma main.
Qu'il soit chatier ce petit salopard de Martial!
J'avoue qu'il me faisait rire de temps en temps et la bétise qui transpirait sur son visage accompagnait sereinement mes après midi alcoolisées.
De toutes façons je ne pouvais rien attendre de plus humainement dans ce genre d'endroit et j'en étais bien conscient.
Je n'attendais plus grand chose de la vie non plus.
-Une pression martial, et sans mousse comme d'habitudes.
Vu le temps, il n'y avait que quelques irréductibles gaulois dont certains venaient du maghreb et enfin, moment de plaisir subtil, le départ est donné pour la première course.
Je mise dix euro sur le plus tocard mais avec une côte à soixante huit contre un.
Je le joue gagnant ce qui veut dire que s'il arrive, j'empocherais soixante huit fois dix euro c'est à dire six cent quatre vingt euro.
Le cheval s'appelle "gris de gris" et porte le numéro sept.
La course démarre, je prend mon verre de bière et me rapproche de l'écran en hurlant:
"Pousse le sept"
Il prend un bon départ et se place en troisième position à la corde.
Il tient bon le premier virage et passe en deuxième position dans la ligne droite.
Je transpire.
"vas y "gris de gris" pousse bordel!"
Je bois cul sec ma bière et me bave dessus.
J'ai taché ma jolie chemise à carreaux bleu et bordeau mais je m'en fous car "gris de gris" accélère et passe en tête dans le dernier virage.
Je vois tous ses muscles se contracter pour me mener à la victoire et à la sortie du virage, il est seul en tête.
Juste une dernière ligne droite et j'aurais gagner ma journée.
"allez "gris de gris" vas y mon gamin!"
Ca y est c'est bon, je vais gagner il ne reste plus que quelques mètres.
Je suis en transe alors que les poursuivant se rapprochent dangereusement.
“Vas y “Gris Gris” accélèrent, vas y mon petit”
Et c'est là que je vois débouler à toute vitesse les cadors de la course.
"vas y "gris de gris" tiens bon!"
Ils passent la ligne d'arrivée à trois et il va falloir une photo pour les départager.
Je crois que j'ai gagné.
Je me ronge les ongles et recommande une bière à Martial qui rigole et se moque de moi en voyant mon état de décomposition.
Mais pour qui se prend il ce petit astiqueur de verre?
Autour de moi les commentaires vont bon train et chacun y va de son avis et de sa tactique imparable pour gagner à tout les coups.
Quand arrive le résultat officiel de la course et que je vois alors que "gris de gris" est troisième, donc que j'ai perdu, je file au côté tabac pour me venger sur des jeux à gratter.
"enculé de "Gris de Gris"!
J'en prend pour vingt euro et retourne à ma place de comptoir avant qu'un impertinent ne me la vole.
Je gratte avec le peu d'ongle qu'il me reste et je perd aussi vite que j'ai fini ma bière.
Le néant se rapproche de ce que j'ai pu ressentir en grattant le dernier morpion perdant de mes jeux.
Et puis merde.
Il est déjà midi et j'ai comme une petite faim.
Le plat du jour est un couscous.
A l'arrière du PMU se trouvait la salle de restaurant, une pièce lugubre qui ressemblait aux patrons, moches, radins et sans gouts.
Je leur en veux car ils nous snob, nous les clients.
Leur établissement ressemble à la cour des miracles et aux royaumes des aveugles, les borgnes sont rois.
La famille Vonderschelden est une famille de borgnes entouré d'aveugles et autres estropiés en tout genre.
Une photo tronait fièrement au centre de la pièce et l'on pouvait y distinguer Noèl le patron qui tenait un espadon en bout de bras avec un collègue pêcheur.
Vu le gras qu'il se trimballait au jour d'aujourd'hui, il n'avait pas du aller à la pêche au gros depuis belle lurette.
A table je me commande un pichet de rouge mais avant celà, un ricard sinon rien.
Je me verse l'eau en regardant le gros cul de la serveuse laeticia.
C'est la petite fille du patron, l'héritière de l'empire Vonderschelden.
Je lui mettrait bien un petit coup juste pour punir Ténardier mais celle çi repousse régulièrement mes avances.
Quand j'étais plus jeune, j'avais beaucoup de succès auprès de la gente féminine et je penses que si je n'avais pas eu mes addictions que sont l'alcool, le jeux et les femmes, j'aurais peut être gardé mon physique de jeune premier.
En fait aujourd'hui je m'en fous, je vais jouer le numéro neuf dans la prochaine course.
Il faudra que je pense aussi à prendre mon billet pour l'euromillion. Il y a un tirage spécial de cent cinquante millions ce soir pour je ne sais plus qu'elle occasion et même si je n'y ai jamais rien gagner, je joue quand même.
Je fais pareil avec le loto et le kéno.
Il y a tout les jours une occasion de changer de vie et je ne vais pas m'empêcher de rêver.
Je bois mon ricard et le couscous arrive.
Je vais me régaler.
Pendant que je mange, je note sur la table en papier les numéros que je vais jouer ce soir à l'euro million et vérifie les côtes du quinté.
Le vin est mauvais mais je m'en fous, je rajoute du piment dans mon couscous et d'un coup ma piquette se transforme en millésime.
Aux grands maux les grands remèdes!
Après avoir lêcher l'assiette du couscous que laéticia s'empressa de me débarrasser pour me voir retourner au comptoir, je pris une tarte au citron en dessert.
Après tout c'est dimanche et je ne vais pas me laisser aller.
C'est donc repus que je m'en retournais au comptoir pour y boire mon café calva digestif.
Je remet dix euro sur la prochaine course histoire de rigoler un peu et prend mes tickets du quinté.
Ce coup je joue le numéro neuf, "Tornado".
Il a une bonne côte et a déjà quelques victoires à son actif.
Pour assurer je le joue gagnant-placé, c'est à dire qu'il doit arriver dans les deux premiers pour que je gagne un petit quelque chose.
La course part et comme d'habitude, il n'y a pas assez de calva dans mon café.
Les Vonderschelden sont une dynastie de pingre.
Sur qu'ils se volent leurs cassettes entre eux, pensais je en me remémorant le film "l'avare" avec Louis De Funès.
Mon cheval est disqualifié au bout de deux cent mètres pour être parti au galop dans une course de trot.
Décidemment ce n'est pas mon jour.
Heureusement le quinté va partir dans moins de dix minutes et j'ai le sentiment que je vais gagner.
Je ne sais pas, il y a des jours comme ça et je sens bien que j'ai la baraka malgré les mauvais présages de mes défaites précédentes.
Mon voisin dont je ne me souviens pas le nom, me conseille de jouer le numéro sept gagnant car un collègue à lui l'aurait appelé de Paris pour le prévenir.
Vivre à Paris serait il un gage de victoire assuré?
Je me gaussais de lui et le laissais parler en surveillant Martial du coin de l'oeil histoire qu'il ne touche pas à la monnaie que j'ai laissé sur le bar.
Je commence à être saoul mais je me recommande une bière.
Il faut aussi que j'aille aux toilettes.
L'évacuation de l'évier ne marche pas bien et lorsqu'on laisse le robinet ouvert, il ne met que deux minutes pour déborder.
En cinq minutes, les toilettes sont innondées et ce petit salopard de Martial doit prendre une serpillère pour tout éponger.
Je lui fais le coup une fois par semaine et j'aime bien aussi uriner à côté du trou pour que le soir il y plonge ses petites mains délicates car il doit tout nettoyer à la fermeture.
Aujourd'hui je vais faire les deux.
Ca lui apprend la vie et moi ça me fais marrer.
Quand je sors des toilettes ou j'ai fait carnage en toute discrétion, j'ouvre à fond les robinets et m'en retourne au comptoir en attendant la suite.
Je me replonge dans ma bière en suivant la course ou je n'avais pas jouer et cinq bonnes minutes plus tard, j'entend hurler.
C'est mon ami Martial qui vient de s'apercevoir de l'innondation.
Je le vois s'énerver et faire gesticuler son petit corps malingre dans tous les sens, je jubile.
Il est tout rouge et il doit s'empresser de tout éponger car l'eau arrive jusqu'à la moitié du bar.
Les clients râles et Ténardier qui jusque là était assis en jouant à la belotte avec ses collègues est obligé de lever ses grosses fesses pour assurer les consommations et les prises de paris.
J'avais fait coup double et je jouissais intérieurement de les emmerdé autant.
J'en profitais immédiatement pour enfoncer le clou et demandais à Ténardier s'il pouvait me donner des cacahuètes.
Pour lui, donner des cacahuètes aux clients était un véritable supplice et il lui arrivait de les cacher pour ne pas en servir.
La gratuité lui faisait comme un souffle au coeur et lui donnait des palpitations malheureusement j'avais étudié toutes ses planques et je savais toujours ou se trouvait mon graal, les cacahuètes.
Il me servis un petit ramequin et ce qui devait arriver arriva, tous mes voisins en demandèrent et c'est comme si on lui avait bu un bon demi-litre de sang.
Il était livide derrière sa grosse moustache et me regardait avaler avec délectation mes arachides d'un air mauvais.
Je vous jure que si ses yeux avait été chargé, je me serais pris une rafale de balle.
Je me régale et sur ce je retourne à mon quinté.
Martial est quand à lui à genoux dans les toilettes toujours en train d'éponger ce mélange d'eau et d'urine.
Merde, j'ai perdu au quinté.
Saleté de sept, si j'avais écouter mon voisin, j'aurais gagner.
La parole parisienne est donc valable.
Je me mord la langue, compte les quelques billets de vingt qu'il me reste dans la poche et écoute avec attention les élucubration de mon voisin qui m'explique comment il fait pour gagner à tout les coups.
Il est déjà quinze heure et je crois que je vais aller faire une petite sieste à mon appartement.
Je règle, récupère ma monnaie sans rien laisser en pourboire et sors du café non sans avoir dit à Martial qu'à genoux dans les toilettes, il avait enfin trouver sa place.
Ce dernier râle de plus belle et frotte le sol comme si sa vie en dépendait.
Mes dents me font souffrir.
Arrivé chez moi je n'ai que le temps de mettre la télé avant de m'endormir tout habillé.
Lorsque je me réveille, j'allume une cigarette et me gratte le haut du crane.
Il est dix neuf heure et je dois m'en retourner au PMU pour faire mon euromillion ainsi qu'un petit rapido.
Personne n'a changer de place mais mon voisin victorieux de la journée est complétement saoul et a visiblement perdu tout son argent car il pleure un crédit à notre bon Martial qui, du haut de son mètre cinquante, fait jouer tout son petit pouvoir en lui répondant que la maison ne faisait plus crédit.
Il finit tout de même à lui accorder en lui faisant une grande faveur dont il devrait se souvenir.
Martial est une merde, définitivement.
Je fonce au comptoir des jeux, fais mon euromillion, prend mes tickets de rapido, rajoute quelques jeux à gratter à la liste et m'en vais m'assoir à une table.
Je ne veux plus voir la gueule de ce méchant barman.
Je gratte mes jeux en attendant le tirage et miracle, je gagne vingt euro sur un banco.
C'est mon premier gain de la journée du coup je prend un double ricard.
Puis un autre.
Je perd tout au rapido mais j'en refais un petit dernier tout de même car j'ai horreur de partir sur une défaite même si ma vie en est remplie.
La nuit commence à tomber mais la pluie s'est arrêtée.
Dans le bar qui est en train de fermer, il ne reste que les irréductibles et l'un d'eux, Shelby, paye une tournée à tout le monde car il vient de gagner trois cent euro.
Il y en a qui ont de la veine...
Au sixième double ricard et après trois débacles successives au rapido, Martial et Ténardier nous mirent dehors comme des mal-propres.
Je titubais mais heureusement, j'habitais juste à côté.
Ce soir j'allais me faire une petite boite de raviolis à la sauce tomate avec un petit rouge de derrière les fagots en regardant "l'inspecteur Harry" avec Clint Eastwood qui passait à la télévision.
Je l'avais déjà vu dix fois mais je n'étais plus à ca prêt.
Je vide la boite dans mon assiette et met le tout au micro onde.
Pendant le temps que mon repas frugal chauffe, je m'ouvre la petite bouteille.
Je suis saoul donc pas très habile et je me coupe la paume avec le tire bouchon.
Il y a du sang qui coule sur mon parquet mais quoi qu'il en soit, ma bouteille est ouverte.
Je file me mettre un pansement dans la salle de bain et je me rassure en voyant la coupure qui n'est que superficielle.
Une fois bien installé à table devant les infos, je me torche le vin et m'envoie les raviolis à toute vitesse.
A la fin de mon délicieux repas, je pense à germaine et me dis que quand même, si elle avait été là, je n'aurais pas eu à faire la vaisselle.
Quand vient l'heure de l'euromillion, il ne me restait plus qu'un oeil d'ouvert pour observer le tirage.
Le 42, je l'ai.
Le 48, je l'ai.
Le 22, je l'ai.
Et ainsi de suite jusqu'au dernier, j'ai tout les numéros et je suis millionnaire.
Je n'ai malgré tout pas réussit à ouvrir l'autre oeil car j'en tenais vraiment une bonne ce soir, comme tout les dimanche au final.
Et celui là en était un comme les autres alors je me dis que demain serait un autre jour et je vais me coucher en rampant, le sourire aux lèvres.
Je vais enfin pouvoir changer mes dents et achèter un lave-vaiselle!