Le joyeux cirque

Paul Robert De La Fauvellerie

Suite du texte "La maison des artistes"

Le père était sapé comme un clochard céleste. On avait l'impression qu'il portait les mêmes guenilles depuis huit jours...
Il était passablement bourré, il sentait la vodka. Il me souhaita la bienvenue, et me posa quelques questions sur ma présence en cet endroit. Son fils lui raconta donc notre rencontre et le "bistrot-basket", voyant que j'étais intimidé. Nos péripéties le firent éclater de rire et il nous félicita...
Et soudain arriva l'oncle, encore plus atteint par les vapeurs de l'alcool. Il avait vaguement entendu le début de la conversation, et il était hilare. Pour prolonger l'ambiance, ils se décidèrent à (re)boire un coup. Mon camarade de grivèlerie sortit des coupes à champagne, dont une pour moi. L'oncle me versa un Château Pétrus à l'arrache jusqu'à ras-bord et m'intima de boire cul-sec ! Je ne buvais que quelques bières par-ci, par-là avant cette journée... Comme j'étais un garçon poli, je fis ce qu'on me demanda... Quand ils me virent devenir tout rouge, ils rigolèrent encore plus... Mais sans mauvaise moquerie. C'était affectueux. Je faillis vomir ce que j'avais ingurgité, mais finalement je finis par encaisser le choc... Et je bus plusieurs verres avec la joyeuse bande. L'alcool ayant un côté désinhibant, je me lâchais comme rarement. Et je me mis à rire et plaisanter avec eux. C'était chouette... Ma première cuite !
J'en oubliais l'heure qui tournait, et rentrais bien tard chez mes parents, conduit par l'oncle avec sa voiture aussi amochée que lui...
Je me pris une sacrée soufflante en arrivant chez moi. Mais je m'en fichais, je me sentais bien, ce qui était suffisamment rare pour être souligné.

(à suivre)

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