Le Luxe du Crime Impuni

Juliet

« Va dormir là où personne ne viendra dans ton lit,
va manger là où personne ne te mettra dans son assiette »

C’était si bon d’être une pourriture
quand j’empoisonnais ceux qui me mangeaient,
c’était si doux d’être ma nourriture
quand mon propre venin me démangeait
qu’il me fallait l’avaler pour en faire un allié,
car dans le fond je devenais déjà fou à lier.
J’ai cru pouvoir faire de grandioses ravages,
mais je n’ai pas su séduire le Caravage.
Je suis la liberté.

Je suis de nature la proie de la rue,
le sujet objet vers lequel l’on se rue.
Je voudrais tellement être le tortionnaire
pour pleurer en victime comme vous le faites.
Où se cachent donc tous les révolutionnaires,
ceux qui se battent comme s’ils faisaient la fête ?
J’ai cru pouvoir devenir assez sali,
mais je n’ai pas su impressionner Dali.
Je suis libertin.

Je suis prostitué pour tous ceux qui le désirent ;
j’ai un cœur écrasé entre des mains souillées.
Je suis celui qui doit juste apporter le plaisir
et qui n’a aucune âme en or à rouiller.
Je suis la pomme trop tôt tombée de l’arbre,
immature et tombée entre les crocs rougis des loups.
Je voudrais retrouver mon esprit de marbre,
ne plus souffrir que la dignité humaine se loue.
Je suis Libertaire.

C’était si tendre d’être le Roi et la Reine
pour ces esclaves qui m’ont rendu dépendant.
C’était douloureux d’être jeté dans l’arène,
au milieu des lions dont je suis le descendant,
le Dauphin corrompu et indigne que l'on a déshérité ;
si je ne suis plus un homme alors je n'ai plus rien à mériter.
Je suis cet alcool dont ils deviennent souls et violents,
et j’ai connu le viol de violence tout en volant.
Je suis Libertine.

C’était si amusant d’être avec eux à table
avant de devenir l’objet de ces babines léchées.
Quand l’humain n’en est plus un c’est bien plus rentable
pour le criminel qui pourra s’absoudre de ses péchés.
J’étais la biche égorgée encore aux abois,
la fontaine du vin de la vie que l’on boit.
J’ai cru pouvoir répondre à chacun de ces appels,
enfreignant la Loi de Pureté de Raphaël.
Je suis libre.

C’était si sécurisant d’être entre leurs bras,
et leurs sourires qui à eux seuls étaient des promesses.
Mais je n’avais plus nulle valeur sous leurs draps,
et mon nom est renié même par les chants de la Messe.
Je suis un hostie tué quand le Tyran fut Sacré,
et seuls les coupables connaîtront mon triste secret.
Je suis ce papillon qui vole et dépose sa poudre
dont les arcs-en-ciel sur mes ailes attisent la foudre.
Je suis une catin.

(écrit le 20 février 2012)

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