Le manque

Où va-t-elle, donc, si tôt matin, de si bon train ? Ah non, ce n'était rien, une feuille, le vent. Elle doit être déçue, elle s'attendait déjà à une souris, un crocodile, enfin un truc qui se mange, car le chat est un prédateur.

Un terrible prédateur. Le plus Terrible des Prédateurs que le règne animal n'ait jamais porté. Le chat tue sans faim, aussi il tue sans fin. Alors que les autres prédateurs attendent d'avoir faim pour tuer. C'est con, ils prennent du retard et ça fait chuter la production.

Mais entendons-nous, le plus Terrible Prédateur ne veut pas dire que dans un combat à mains nues, chat-éléphant, il aurait le dessus, même si l'éléphant n'est pas, à proprement dit, un prédateur. Putain, la honte, le chat. Si le prédateur rapporteur l'apprend, s'en est fini de l'honneur des chats sur Terre. C'est la raison pour laquelle les chats évitent les éléphants, les chevaux, les vaches et bien d'autres obèses, rayées au menu des chats.

Donc, le chat tue les souris et ses variantes, les oiseaux quand ils le veulent et accessoirement, de jeunes hérissons qui sortent de chez le coiffeur. Enfin des bestioles plus petites que lui, le chat est foncièrement lâche ou foncièrement sensé. Sa domination est ailleurs.

Des chats ont été implantés en Australie pour limiter la prolifération des rongeurs. Aujourd'hui, l'Australie va tuer deux millions de chats considérés comme le fléau national. Ils ont tout tué, les espèces endémiques protégées, comme les espèces touristiques sans protection.

Et puis les petites souris doivent bien avoir une utilité dans la chaîne alimentaire, autre que de se faire bouffer par les chats. Ah, nostalgie, il suffit qu'il n'y ait plus de souris pour qu'on les regrette.

Nous sommes bien tous les mêmes, nous n'apprécions que le manque.

De toute façon, je m'en fous, moi, j'aime les chats.