Le Marc de café
Julie Huleux
C'est une de ces sensations qui vous font vous arrêter sur votre chemin. Stopper net dans l'action.
Une fragrance aussi inconnue qu'intime, réveil de souvenirs enfouis, d'enfant, ou d'homme. Parfois même d'une mémoire qui ne nous appartient pas. Le rêve d'un autre.
Une de ses odeurs mêlées, qui retient Gilles dans ses lamentations intérieures. Sur le pas de la porte d'entrée de son petit appartement, alors même qu'il hésite entre la rage et la reddition, en se disant que, décidément, il y a des jours où il ne faudrait pas se lever.
Pourtant, aujourd'hui avait délicieusement débuté. Sur un parfum de café…
Il y a du grain corsé dans celui-ci. Et quelque chose rappelant la gousse de vanille fendue dans un bocal de sucre en poudre. Une pointe du bâton de cannelle oublié dans un vieux cahier de petite fille.
Ça sent les fruits trop mûrs, tombés de l'arbre, éclatés sur le sable chaud. Le sel de l'océan, en note de fond, chamboulé par des kilomètres de terre brûlée. L'herbe sèche. Le soufre. La pluie tropicale, le bois humide et les fleurs de frangipaniers.
Un instant, une effluve, ténus et fugaces. Un voyage de mille lieues, totalement inexplicable.
Le tintement des clefs tombant de sa main devenue lasse le fait revenir à Paris. Dans l'ici et le maintenant dont il a si volontiers décroché.
Il lève les yeux, groggy et abasourdi par les tromperies olfactives pour être surpris par sa vue : Une femme l'attend, tranquillement assise dans le fauteuil du salon.
Le cuir vieilli accueille sa peau noire tel un écrin, et sa présence semble tout à coup curieusement évidente.
Leurs regards se croisent en silence, et elle lui sourit.
Il est à peine étonné.
- Bonjour, murmure l'inconnue comme une ironie.
Muet, il hoche la tête sur le côté. Sorte de salut maladroit vaguement esquissé. En même temps, les mots se bousculent et manquent. Qui est cette black aux jambes interminables. Comment est-elle entrée. Que veut elle…
- …. Je cherche Marc.
- Marc ?
Une erreur. Elle est juste une magnifique anomalie dans son quotidien.
Quelque part cette idée le rassure, et dans un soupir de soulagement, Gilles se remet en mouvement.
- Je suis désolé mademoiselle, mais il n'y a pas de Marc ici, explique-t-il d'un ton doux, en posant ses affaires sur la table à manger.
J'aime beaucoup !
· Il y a plus de 10 ans ·------
Moi aussi j'veux la suite.....!
· Il y a plus de 10 ans ·dreamcatcher
Et.....c'est pas sympa de me laisser comme ça sur ma faim!!!la suite la suite!!!
· Il y a plus de 10 ans ·Sweety
Je saiiiiiis, pardon Sweety, je suis vraiment navrée. Moi aussi j'attends la suite... Mais pour ça faut que je l'écrive, Ha !
· Il y a plus de 10 ans ·Cela étant dit, et comme annoncé juste avant ce vieux texte, je sens que je vais me servir de cette scène pour "Cadavres Exquis".
One way or another.
♥
Julie Huleux