Le message

etan

Trois étoiles en guise de titre.

Un message inconnu était arrivé dans ma boite aux lettres avec trois étoiles en guise de titre.

Je sursautais. Et si c'était Elle, cette femme avec qui j'avais partagé une correspondance dont je ne sais s'il fallait la qualifier d'amicale, d'amoureuse, d'intime ou d'érotique tant ces mots me semblaient recouvrir plusieurs facettes d'une même soif. Ces trois étoiles n'étaient elles pas des étincelles?

Nos chemins avaient lentement divergés, sans doute encombrés par les peurs d'oser, mais cette femme demeurait une braise ardente sertie au coeur de mes désirs les plus enfouis. Un trouble profond m'envahissait. Recouverts de nouveaux pseudos n'allions-nous pas entrer dans une pièce secrète et lentement continuer à nous dévoiler?

Le corps du message était un lien. Un lien que je déliais du bout des doigts. Le corps du message était son corps.

L'image était un peu floue, comme prise au travers d'un voile rouge. Elle se tenait face à l'objectif c'est à dire face à moi. Je reconnaissais immédiatement les boucles de ses cheveux ainsi que son regard pénétrant, insolent, à la fois polaire et incandescent.

Les bretelles avaient glissées sur ses épaules nues. Elle tenait ses seins dans ses mains, encore emprisonnés dans leurs cocons de dentelle. Ses seins généreux que j'avais mille fois outragés en rêve.

 Il ne s'agisait pas d'une vidéo mais pourtant les images s'animaient, se bousculaient à mesure que mon imagination flambait. Je fermais les yeux pour mieux jouir du spectacle.

Lentement elle avait laissé glisser ses mains et offert sa poitrine nue à mon regard enfiévré. Puis elle s'en était à nouveau emparé comme j'aurais tant voulu le faire. Elles relevait ses seins, les caressait, les massait, maltraitait les tétons, les endurcissait comme s'endurcissait mon envie d'elle. Son regard m'invitait. C'est là que je voulais me glisser, me frayer un passage, frotter mon ardeur contre le velours de sa peau, aller et venir dans cette prison incendiaire constitué par ses mains plaquées et le galbe de sa chair, sentir comme elle me retenait enfermé dans mon propre plaisir,  à sa merci, sur le point de crier, de me perdre dans ce vallon en l'éclaboussant joyeusement.

"Ouvrez les yeux" me dit-elle. " Je veux voir naître au fond de votre regard cette étincelle de jouissance qui va traverser votre corps comme une fulgurance".

Mon coeur cognait sourdement, ma vue se brouillait, mon corps se tendait comme un arc bandé... Le souffle coupé je me sentis balayé, emporté par un déferlement de vagues brûlantes.

J'ouvrais enfin les yeux, pour découvrir devant moi sur l'écran pâle de mon ordinateur le brouillon d'un message vierge et les trois étoiles que j'avais tapé par inadvertance.

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