Le mur américain

pierre-de-l

On dit que les pauvres font de plus beaux rêves que les riches. C'était notre seule consolation. Mais moi , mon rêve il était là , à deux heures de marche. Vous savez , je n'étais pas vieux , à peine quinze ans . Et tous les soirs je me levais pour aller regarder les lumières de l'autre côté du mur. Mon Amérique c'était Dallas , l'Amérique c'était les belles voitures , les billets verts , c'était l' éden du XXI ème siècle. Je me souviens quand Rujo m'avait demandé ce que je voulais faire plus tard et que je lui avais répondu que je serais américain. Il avait rit, beaucoup rit. Je n'avais pas trouvé ça drôle. Si j'en suis là c'est que je me suis laissé aveuglé par ces belles promesses. Un mur ce n'est pas grand chose, c'est ce que je me disais cette nuit là en l'escaladant. Il ne restait plus que le fleuve , plus qu'un peu d'eau et j'y étais. Moi aussi j'allais avoir de belles voitures et de l'argent. Moi aussi j'allais être riche. Quand mes poumons se sont remplis d'eau je me souviens qu'une voiture passait , les vitres ouvertes et seule une chanson résonnait a ce moment là : " We're all living in America, America is wunderbar. We're all living in America, Amerika, Amerika."

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