Comme au cinéma

leila

— Parlez-moi de votre jeunesse, du moment où vous avez rencontré votre passion… Comment a eu lieu la révélation pour vous ? Comment en êtes-vous arrivée à embrasser cette carrière que beaucoup envient ?

Mon enfance a été anodine. J’étais une petite fille heureuse. Et puis, tout a été bouleversé à l’adolescence, je crois. Tout me paraissait insignifiant. J’avais du mal à trouver ma place, je ne me reconnaissais dans aucune des ambitions qu’avait prévues pour moi mon entourage. Mon père était navigateur, il était absent de nombreux mois, et ma mère, je ne la supportais plus. Je pourrais même aller jusqu’à dire que je la haïssais.

Je haïssais ses robes à fleurs qui gonflaient lorsqu’elle marchait, qui fauchaient l’espace et en redemandaient. Ses manières de femmes heureuse et pointilleuse. Son rouge à lèvres irréprochable et ses pâtisseries si parfaites. Je haïssais ma mère, bien plus que cette ville de méandres où il ne se passait jamais rien.

Cependant, une pensée me rassurait, j’en avais seulement pour un temps. Je me disais que je ne vivrai pas potiche, ni n’échouerai rombière à Wilmington. Même si je n’avais aucune idée du miracle qui me permettrait d’échapper à cette existence sans vagues, vraisemblablement confectionnée pour moi par le fer à repasser du destin !   

Ma vocation était une énigme, mais je l’avais depuis toujours ressentie, qui tintinnabulait comme une tribu de billes prisonnières d’un filet. J’en étais sûre. Un jour, j’arriverai à glisser tout au fond de mon corps, munie de ciseaux, pour ruiner l’étranglement des ficelles, et lui offrir enfin une voix.

Il y a une autre chose dont j’étais sûre, la vie réelle ne m’intéressait pas. Heureusement qu’il y a eu le cinéma d’ailleurs… S’il n’y avait pas eu le cinéma, je serais devenue folle. Peut-être bien que je n’aurais pas survécu…

Au cinéma, tout le monde est exceptionnel. Au cinéma, parce que la vie est courte, l’instant prend du sens. Au cinéma, on est certain de vivre des émotions. Et, il me semblait que vivre sans émotions, c’était être embaumé avant l’heure. C’est précisément cela qui me rendait triste. J’avais peur de cette petite mort qui se profilait lorsque je m’imaginais sur les bancs du lycée, de l’université, ou bien assise mais absente à l’heure du dîner… Je rêvais d’une vie, différente. Je voulais une vie extraordinaire !

La révélation… la rencontre avec le cinéma, elle est arrivée comme un premier baiser, je m’en souviens très bien. C’était celui de Nathalie Wood et James Dean dans La fureur de vivre.

Vous vous en souvenez certainement vous aussi… Ils sont allongés sur le parquet du château, face à la cheminée. Judy effleure le front de Jim de sa peau, elle lui parle de l’homme de ses rêves. Elle promène son menton sur son visage, joue contre joue elle lui confie : « je t’aime toi Jim, je t’aime entièrement »… Des miroitements de mélancolie parcourent ses yeux noirs, épanouis. L’amour est un tropisme. Silence contre silence. Bouches émues, regards égarés. L’amour est une rumeur à avaler. Une ambition, un abandon. Leurs lèvres en bourgeons éplorés se livrent à un rituel bouleversant, elles se rencontrent, guidées par l’envie, par l’évidence… S’atteignent pétulantes, dans un tourbillon de sensations. Elles disent une possession évanescente…

Cet instant fut pour moi, un abîme. Bien plus que quatre secondes de cinéma.

Après cela, j’ai couru au Gloria Theater tous les vendredis soirs. Je semais mon argent de poche à l’entrée de la salle, devant le sourire d’un homme en livrée, parcourue de vagues argentées. Mes ongles rouges patinaient sur le comptoir noir et luisant, faisaient danser les graines ensoleillées jusqu’à John, dandy septuagénaire. Le ticket bleuté entre les mains, j’accrochais aussitôt un sourire à ma frimousse, mais ça n’était pas pour John. Non, c’était parce que les yeux fermés… je me voyais rouler dans un cabriolet Buick beige et bordeaux, les cheveux dans le vent et chatouillée par une brise aromatisée aux palmiers d’Hollywood…

Et puis une semaine vint, au cours de laquelle avait été programmée une rétrospective de Joseph L. Mankiewicz. Le vendredi il y eut All about Eve. Bette Davis y incarne Margo Channing, une grande star de toujours qui, arrivée à la quarantaine a du mal avec son âge, surtout lorsqu’on lui demande d’interpréter des personnages de vingt ans… Dans le rôle des postulantes à la gloire, il y a cette Miss Casswell, une majestueuse blonde ostentatrice et naïve jouée par Marilyn Monroe, tandis qu’Anne Baxter dépeint Eve Harrington, Eve l’audacieuse… Eve, surnommée aussi « la tueuse »…

Jusque-là, le cinéma était pour moi une évasion, un fantasme de jeune fille, un rêve inaccessible en somme. Sur les fauteuils molletonnés du Gloria Theater, je m’offrais des trêves, de belles échappées. Mais je n’osais en attendre plus grande consolation.

C’est une scène en particulier de ce film qui, il me semble, a été à l’origine de ma décision. Cela peut paraître insensé présenté ainsi, mais, je reste persuadée que le cinéma a transformé d’une manière ou d’une autre, bien d’autres vies que la mienne... Ce soir là, donc, j’étais allée regarder All about Eve, et il y a eu cette scène majestueuse. Si vous le permettez… j’aimerais vous la décrire, pour tous ceux qui ne connaissent pas l’histoire d’Eve… je la connais pas cœur cette scène. 

C’est une fête d’anniversaire qui touche à sa fin, des amis sont assis sur les dernières marches d’un escalier et parlent de théâtre. Il y a Max, un producteur, qui n’a d’yeux que pour Miss Casswell, Miss Caswell, actrice débutante, Addisson DeWitt, un critique incontournable, Lloyd, auteur de pièces célèbres, Bill, metteur en scène. Et puis Eve, la douce et dévouée Eve…

La scène débute ainsi, la gouvernante peine à se faufiler entre les occupants de l’escalier, elle tient entre ses mains un manteau de zibeline qu’elle apporte à l’une des hôtes sur le point de s’en aller.

Addisson DeWitt semble lancé dans une conversation avec Bill, Eve l’écoute attentivement, l’observe même avec fascination.

« Parfois, un vétéran du théâtre ou du cinéma nous affirme que les acteurs sont des gens ordinaires. Alors que la fascination qu’ils exercent sur le public tient à ce qu’ils ne sont en rien ordinaires. »

Miss Casswell, elle, est attirée par autre chose, elle poursuit longtemps, et d’un œil avide, le manteau que l’on est en train de porter à sa propriétaire.

 « Voilà une chose qui mérite qu’une fille fasse un sacrifice ! », s’exclame-t-elle.

Bill commente alors : « Elle l’a sans doute fait. »

Miss Casswell s’extasie encore : « Une zibeline ! », affichant un grand sourire à l’intention de Max, qui semble s’en délecter : « Elle a dit zibeline ou Eroll Flynn ? »

« Les deux ! », elle affirme.

Addisson DeWitt, qui ne se laisse cependant pas déconcentrer par la petite mise en scène de sa protégée… reprend : « Nous sommes tous des êtres anormaux. Nous, les gens du théâtre, sommes une race à part. Nous avons des personnalités déviantes. »

Bill, plutôt sceptique, lance : « Inutile de lire sa rubrique Eve, tu viens de l’entendre ! Je ne suis pas d’accord Addisson. »

Addisson DeWitt se défend alors : « C’est ce qui fait votre déviance à vous. »

Et puis Bill argumente : « J’admets que le théâtre a quelque chose de tordu. Il est mis en évidence par les projecteurs et l’orchestre. Mais il n’a rien de courant. Sinon, le théâtre n’existerait plus. »

Miss Caswell, toujours aussi peu intéressée par la conversation, interpelle un homme qui traverse le champ, plateau à la main : « Garçon ! »

Addisson ne peut alors s’empêcher de rectifier : « Il s’agit d’un maître d’hôtel. »

Seulement, la remarque ne semble pas l’avoir décontenancée, puisqu’elle surenchérit : « Mais je ne peux pas l’appeler ‘’maître’’, il y a peut-être un avocat ici… »

Addisson, hésitant entre la consternation et la complaisance, lâche : « C’est tout à fait idiot, mais ça se tient. »

Dès lors, réceptive à son dédain, elle se justifie péniblement : « Tout ce que je voulais, c’est un autre verre. »

Mais heureusement, Max, qui apparaît déjà comme son nouveau chevalier servant, se dévoue.

Elle n’oubliera pas de le remercier langoureusement…

Addison le relève d’ailleurs : « Bien joué. Je vois ta carrière monter tel un soleil levant. », puis se retourne vers Bill qui poursuit : « Le théâtre, c’est 90 % de travail. De travail acharné, de sueur, de persévérance et de savoir-faire. Pour devenir un bon acteur ou une bonne actrice, il faut le vouloir par-dessus tout… »

Eve intervient pour la première fois : « Oui. Oui, c’est vrai… », elle semble transportée par les mots de Bill, ce dernier continue : « Il faut du désir, de l’ambition et plus de sacrifices que pour toute autre profession. Et celui qui fait ces concessions ne peut être ordinaire. Il ne peut être banal. Donner tant pour recevoir si peu. »

Eve, adossée au mur, pâmée par son discours, comme abandonnée à un interlocuteur imaginaire, poursuit : « Si peu ? … si peu vous disiez ? Mais il y a les applaudissements. J’ai écouté en coulisse les gens applaudir… C’est comme… comme une vague d’amour qui submerge la rampe et vous enveloppe… Savoir que chaque soir, des centaines de personnes différentes vous aiment… Ils sourient, leurs yeux brillent, vous leur avez donné du bonheur… Ils vous veulent rien que vous. Ça vaut plus que tout au monde. »

Grâce à ces mots, Eve était devenue mon égérie. Lorsque le film fut fini,  je suis restée interdite sur ma chaise, bien après que la salle se soit vidée. C’était la dernière projection de la soirée. Il me fallut du temps, quelques minutes au moins pour simuler la translation, pour mieux appréhender le tournant que j’avais décider de prendre — depuis ce siège —, pour virer en douceur et arpenter la nouvelle trajectoire sans crissement de pneus, sans laisser les traces qui nuiraient à une échappée que je voulus insaisissable.

Lorsque je me suis décidée à me lever pour me diriger vers la sortie, je me suis retournée un instant vers ce temple qui m’avait si obligeamment accueillie de longs mois durant, ce fut à la fois mon hommage et mon adieu.

Arrivée chez moi, je me suis enfermée dans ma chambre et là, j’ai sorti ma valise et l’ai remplie d’affaires attrapées au hasard. Je me suis endormie sans même me dévêtir. Le lendemain matin, vers les coups de cinq heures, j’étais dans l’autobus qui me menait à Los Angeles.

Il y a eu 3689 km de bitume. Une traversée de cinq États. C’était mon premier voyage. Mais malgré mon jeune âge et mon inexpérience, je n’avais pas peur. À aucun moment je n’ai voulu faire marche arrière. Il me semble que pendant toutes ces heures où l’autobus rallongeait la distance qui me séparait de ma ville natale, je n’ai pas pensé une seule fois à ce que j’avais laissé derrière moi. Je pensais uniquement au lendemain, je pensais à des dates et paysages futurs.

Lorsque nous sommes arrivés à destination, la nuit était tombée. Les dernières minutes du voyage ressemblaient à la fin d’un conte merveilleux. Nous étions bordés de lumières de toutes couleurs, clignotantes ou persistantes. Je fis petit à petit connaissance avec ce qui semblait être une longue suite de cinémas, de théâtres, de salles de spectacles en tous genres. Nous traversions un large boulevard animé, où s’agitaient la vie et les passants dans des mouvements browniens.

Ce soir-là, je suis en quelque sorte devenue l’héroïne de mon propre scénario. Je suis sereinement descendue de l’autobus, j’ai avancé d’une marche lente dans ce monde que j’avais secrètement convoité, mon regard était captivé par ses myriades d’étoiles artificielles... Je ne savais pas où dormir, mais je ne m’en suis pas inquiétée… J’étais arrivée dans une ville chaude qui m’apparaissait insomniaque et démente, alors je me suis laissé entrainer par le flot de ses déraisons. Je m’arrêtai quelques fois pour combiner les lettres effervescentes qui couraient au dessus de ma tête, songeant à l’univers des possibles qui se déboutonnait finalement au-devant de mes pas.  

Le lendemain matin, je posai ma valise dans un hôtel-bar-restaurant qui proposait une place de serveuse. J’ai camouflé ma jeunesse sous deux rubans cerise perpétrés par le rouge à lèvres emprunté à ma mère. Et personne n’a demandé mon âge.

Durant des semaines, je travaillais les nuits, et dormais les journées, complètement grisée par les relents de mes veillées, ainsi que l’atmosphère vibrante d’un décor qui m’enivrait enfin.

Pendant mes services, je n’avais de cesse d’observer les gens, leurs habitudes, leurs attitudes, leurs mimiques. Ils m’intéressaient. Ils me semblaient tous si riches de l’intérieur… ils étaient enviables parce que je savais qu’ils dissimulaient un amoncellement d’histoires réelles et inventées, de secrets fragmentés ; j’avais l’impression qu’au fond, tout se mêlait de façon magique pour permettre à leur présence d’émettre de larges ondes d’étrangeté et d’élégance. Moi j’étais plantée là, j’essuyais les tables qui se libéraient, et je les regardais manger, boire, rire, s’embrasser, sourire, plaisanter, se vouloir, penser, respirer… Moi j’étais plantée là, devant leur cinéma, dans mes robes de finâtre, et je m’évaporais simplement en les regardant « être ».

Et puis un jour, Dylan — le barman avec qui je m’étais liée d’amitié — me tendit une annonce pour des essais photographiques, en vue de participer à une publicité. J’ai d’abord répondu que ça ne m’intéressait pas, mais il m’a demandé d’y réfléchir. Redéployant enthousiasme et malice les soirs suivants, il me fit changer d’avis.

Trois journées plus tard, je suis le petit point corail, à peine appréciable, dans le coude d’une file d’attente en zigzague. Puis, la plante rosée au cou courbé, ensommeillée dans une pièce en carton-pâte, et que l’on vient redresser sur un tapis de rires en cabale. Je suis celle qui suit un homme en blanc dans une confusion de couloirs gris. Prestement, jusqu’à ce qu’il s’immobilise devant la première porte et frappe trois coups déterminés.

C’est alors qu’on ouvre, on m’entraîne derrière un paravent pour m’habiller. Je sors enrobée d’une étoffe opaline traversée de broderie anglaise. Devant un miroir, on me maquille. Je vois naître des lilas au dessus de mes yeux, plantés sur le rebord ébène surplombant mes cils. Sur les pommettes, des feuilles de coquelicot. Sur les dents, une pellicule de vaseline. Et de la bouche, on m’ôte les cerises de maman. Mes cheveux, des boucles renfermées en grappes de prunes. On me demande d’attendre. Quand on les libère, les prunes s’amusent, elles s’écoulent en toboggan et rebondissent en trampoline.

Ensuite, une nouvelle porte s’ouvre, et quelle n’est pas ma surprise de découvrir un jardin étincelant de fraicheur, dévoyé dans le béton !     

Un photographe s’avance vers moi, m’offre sa main et me guide jusqu’à la balançoire installée sur la terre neuve de brindilles phosphorescentes.

C’est alors que je commence à me demander à quel genre de produit peut bien être destinée la prestation. Je le comprends très vite… puisqu’on me tend un immense escargot sillonné d’hypnotisantes torsades multicolores. On me recommande de faire comme si je goutais à la friandise, on m’inspire le geste, on va jusqu’à manœuvrer mon poignet pour que mon sourire humecte l’animal glutineux. On me prévient qu’un homme sera là, juste derrière moi, qu’il étirera ses bras télescopiques depuis le hors champ, pour me permettre de flotter, longtemps, longtemps. Dans les airs.  

On me demande si j’ai tout compris, on me regarde attentivement. Je me rends compte que toute l’équipe est suspendue à la réponse, l’équipe est un pendule critique qui comptera les secondes jusqu’à la réplique. Je dis oui, et souris à la considération bienfaisante que me renvoient les neuf visages qui m’envisagent… de trop près. À mon goût. La séance peut commencer.

J’oscille entre différents états.

Le premier flash claque fulgurant, il immortalise ma prise d’élan.

Le second flash darde ses éclats sur l’enfant, lorsque mon dos atteint de nouveau les mains de l’homme sans qui je ne pourrais pas redécoller.

Le troisième flash éjecté illumine l’adolescente dans la montée, juste quand les jambes doivent planer pour inspirer l’énergie à l’ensemble, de sorte qu’il atteigne le point cardinal.

Le quatrième flash percute la demoiselle qui a réussi à s’envoler aussi immatérielle qu’un oiseau empaillé.

La publicité eut un succès fou. Au restaurant, on me reconnaissait très vite. Dès le lancement de la campagne, plusieurs personnes insistaient pour se photographier à mes côtés au petit matin, à moitié ivres et brandissant une sucette Peppy Lollipops !

Et par une belle soirée de juin 1961, un habitué de l’arrière-salle, un homme en blouson noir et lunettes noires, m’attira vers lui. Il avait en tête autre chose qu’une photo. Il m’a demandé si je voulais être actrice. Il a dit qu’il écrirait un rôle pour moi. Un rôle sur mesure, il a ajouté.

Alors, je suis petit à petit devenue une habituée de l’arrière-salle, moi aussi. Je le rejoignais lorsque le restaurant avait transvasé la plus grosse vague de ses visiteurs fugitifs, dans l’éther évidé et scintillant de la ville.

J’étais chanceuse, il semblait qu’une sucette pimpante avait réussi à me découper un accès privilégié dans la vie d’un artiste. Mes nuits sont alors devenues des cours particuliers de langues étrangères. Langue de la sensualité et de l’image, langue du mystère et de l’apparat ; langue rissolante, intrépide, frôlant délicieusement des capsules de balsamine prêtes à exploser au moindre faux pas.  

C’était déjà comme au cinéma.



  • J'aime beaucoup

    · Il y a presque 14 ans ·
    Arbre orig

    pointedenis

  • Le dernier paragraphe de la page 12, n'apparaît pas en entier. J'ai énormément de mal avec la mise en page! Le voici donc.
    « Alors, je suis petit à petit devenue une habituée de l’arrière-salle, moi aussi. Je le rejoignais lorsque le restaurant avait transvasé la plus grosse vague de ses visiteurs fugitifs, dans l’éther évidé et scintillant de la ville. »

    · Il y a presque 14 ans ·
    Leila   wlw 2 orig

    leila

  • Très bien rendu.Bravo.

    · Il y a presque 14 ans ·
    Photo chat marcel

    Marcel Alalof

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