Le Pacifique et l'Orient

Olivier Memling

Dans une lointaine langue étrangére

tu as a pour nom de baptême

un totem qui veut dire “ petite reine”

princesse de Caucasie

et le tien, mon autre amie

par delà les mers vertes et passé le jaune des steppes

veut dire "béatitude"

 

Qu'ensemble je vous aime

la première est comme le lait de la soumission

blanche opulence aux courbes d'ombre

et l'autre est aigue comme un mot papou

C'est en dessinant pour moi tes cuisses pleines

comme des fresques magdaléniennes

que selon la plus vieille écriture du monde

tu m'as offert la douceur de ton ventre

et la fécondité de l'esclavage

 

C'était rue de la cavalerie

mais dans les îles loyauté

aux antipodes je pensais à toi

en mangeant de la chauve‑souris au goût de chevrette

lorsque je m'abreuvais aux noix de coco ouvertes

que venait de sabrer le poignet d'ivoire

de ma demi mêlée de sang kanaque, aryen et noir

 

j'ai vu ses mains d'ocre sur ta hanche docile

j'ai brassé le Pacifique et l'Orient

dans ma fumée des soirs de plage

où toute chair se dénude aux paravents du couchant

laqués d'un oeil rouge et flanqués de troncs noirs

 

De grands soleils oranges

descendent trop vite à travers les échines bleues

et gorgent un instant de sable et de miel

le galbe des aisselles

 

 

 

 

la Chinoise aux yeux de Hambourg

porte une conque énorme

sous l'écaille granuleuse s'attendrit le rose des nacres

où l'on entend la mer se rouler aux récifs

 

Lorsqu'elle lève la main vers ton oreille

et que l'eau perle au duvet de son bras

tu vois que le grain de sa poitrine

est plus fin que la fleur de fromager de sa tempe

et sa peau plus transparente qu'à l'aube

les pétales de bougainvilliers

 

Les plus belles épaules d’Océanie

offrent des saveurs de nids et de miel

les hanches des cariatides de couleur

oscillent et basculent

    

Elles commencent toutes à danser

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