Le paquet cadeau

madamev

Déshabille-moi.

Un grand hôtel international, proche de l'aéroport. Les portes à tambour ouvrent sur un immense hall climatisé, sombre, luxueux.

Principalement des hommes en costumes sombres, quelques djellabas, très peu de couleur. Des téléphones dans toutes les mains, on parle anglais, chinois, arabe. Des financiers, des commerciaux, des juristes. Des industriels, des lobbyistes, des grands patrons. Ça vrombit comme une ruche feutrée, un parfum de santal flotte, d'immenses vases remplis de fleurs fraîches éclairent les canapés. Devant la cheminée où un feu danse joyeusement un groupe d'hommes d'affaires discute, un verre à la main.

Au fond un bar cosy, tous en ors et céramique noire, encore des fleurs.

Elle est déjà arrivée, elle l'attend juchée sur un tabouret haut.

Elle l'attend sans rien faire, devant un verre, elle sourit toute seule.

Elle le sent arriver plus qu'elle ne le voit : soudain une présence sombre, son parfum qui la chavire. En l'embrassant au coin des lèvres il s'assied à côté d'elle,  et lui demande comment elle va. Puis ils parlent de leur travail, des contrats en cours, des marchés qui se présentent, de leurs activités à travers le monde. Elle regarde sa belle bouche sensuelle, qui sourit beaucoup au dessus du col empesé de la chemise. Il a choisi une cravate bleue unie, elle joue avec, elle voit qu'il y a un imprimé à pois à l'intérieur. Elle effleure sa main, ses doigts rencontrent l'acier d'une belle montre horlogère, lourde et précieuse. Elle ne peut pas s'empêcher de le toucher, surtout les rares endroits où la peau apparaît. Parfois il met des boutons de manchettes, il sait qu'elle aime les défaire.

Il se lève.

Une infime caresse sur les fesses.

-          On y va ?

Elle est déjà debout, vacillant sur ses hauts talons. Il la tient par la taille, fermement, très serrée.

Elle est à moi.

Ils gagnent les ascenseurs. Ils attendent d'en avoir un pour eux seuls. A peine la porte refermée leurs langues se mélangent, collée contre lui elle sent qu'il bande. Elle rit en le caressant à travers le pantalon.

-          C'est pour moi ?

-          C'est pour toi !

Ils montent tout en haut. Dans le couloir il la tient encore plus serrée.

Il la laisse entrer la première dans la chambre, lit immense, vue à l'infini dans la nuit. Elle jette son sac et son manteau et s'écrie :

-          Oh je vais aimer cette chambre !

Puis elle se tourne vers lui, qui a posé ses clés, sa veste sur une chaise.

Elle le pousse contre le mur, le plaque, et lui murmure à l'oreille

-          Je vais pouvoir ouvrir mon paquet cadeau ?

Il l'embrasse. Ils s'embrassent jusqu'à ne plus avoir aucun souffle, jusqu'à ce que le désir prenne toute la place, liquéfiant les corps et les esprits.

Lentement, elle dénoue la cravate. Une jolie soie douce, presque vivante. Elle l'embrasse dans le cou, lui mordille un peu la nuque. Puis les boutons de la chemise, un coton épais, ils ne se laissent pas faire mais elle parvient à les détacher, un à un. La peau mate et chaude et douce apparaît, contraste vivant avec le blanc de l'étoffe qui tombe par terre. Elle le respire, le caresse de sa langue et de ses cils. Sa main glisse jusqu'à la ceinture, qu'elle ouvre prestement, le pantalon s'effondre. Il envoie voler chaussettes et chaussures.

Le cadeau est ouvert.

Elle sourit et contemple son homme enfin nu.

Toujours vêtue, elle descend et le prend doucement dans sa bouche.

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