Le Parlement des Culottes Courtes
esprit-vagabond
Concours 22 mars 2016 - Scribay
Aujourd'hui il fait une chaleur torride. Normal en plein mois d'août. On a donc décidé avec nos amis de programmer un après-midi plage. On charge la voiture de tout le nécessaire : serviettes, chaises longues, glacière, parasols, raquettes et sac de plage, puis c'est partie ! On arrive et s'installe tant bien que mal avec tous ces touristes. Comme à chaque fois, l'un de nous va "goûter" l'eau du bout de son pied pour revenir tout guilleret disant : "l'eau est bonne !". Et comme à chaque fois, Guillaume notre ami, se précipite et plonge sans préambule dans la mer. Le saligaud en profite pour mettre au défi le reste de l'équipe d'en faire autant, nous motivant par de petites éclaboussures bien situées. Une fois tous entrés dans la mer, on se met à nager en se lançant des concours. Puis lassés, on entame une partie de raquette. Je fais équipe avec Stella, et mon mari Yannick avec Guillaume. Tout se passe bien jusqu'au moment où dans le feu de l'action, Yannick se prend pour son homonyme Yannick Noah et m'envoie avec force une balle. Evidemment, je n'arrive pas à lui renvoyer et la reçois en plein sur la tempe. Le coup est si violent que je vois trente-six chandelles et tombe sur le sol.
"Le sol ? quel sol ? me dis-je. Je suis à la plage, les pieds dans l'eau !". J'ouvre alors les yeux et constate avec effarement que je ne suis plus dans la mer mais au beau milieu du Parlement National ! Je regarde autour de moi plus attentivement : des centaines de paires d'yeux me fixent. Or ces yeux n'appartiennent pas à des adultes mais à des bambins siégeant comme des députés ! Soudain une porte s'ouvre et des dizaines de petits enfants policiers m'encerclent me braquant de leur pistolet à bille. Je me relève histoire de me donner une contenance au milieu de ce qui semble être une folie, mais c'est sans compter le cliquetis des chiens des armes abaissés par les policiers. Je reste donc sur mon séant par mesure de sécurité car quelque chose me dit qu'ils sont plus dangereux que ne le laisse paraître leur phisionomie. Où sont passé les parent ?
Une petite fille d'à peine un an se dirige vers moi de la démarche incertaine des bébés qui viennent tout juste d'apprendre à marcher. À la manière dont les autres enfants se poussent sur son passage, j'en déduis que son statut est important. Toutefois, un des garnement me tenant en joue se place délibéremment devant elle et lui dit : "Faites attention, Madame la Présidente, elle peut être dangereuse.
— Merci de cette information lieutenant, mais je veux en juger par moi-même," lui rétorque-t-elle de sa voix fluète.
Elle continue son chemin et s'arrête devant moi, me toisant de ses yeux froids, puis me demande : "Qui êtes-vous ?". Le décalage entre son physique d'enfant et l'attitude hautaine d'adulte qu'elle se donne a raison de ma peur, et un sourire se peins sur mes lèvres. "Qu'est-ce-qui te fait sourire comme une bécasse ? Me lance le lieutenant,
— Avez-vous vu vos dégaines, je lui riposte. On se croirait au parlement des sales mioches !".
Et devant leur air choqué, j'éclate de rire. "Cessez ! Espèce d'insolente ! S'écrie la Présidente tout en tapant de ses petits pieds, on ne parle pas ainsi au Parlement des Culottes Courtes... — Au Parlement des Culottes Courtes ! Oh le nom qui craint ! Et je pars dans un fou rire incontrôlable.
— Tais-toi sale adulte mal dégrossie. Tu vas regretter ton manque de respect !
— Ah ouais ! C'est pas une bande de mioches comme vous qui me fait peur !"
Je me relève dignement et là j'entends : "Tir dans les fesses immédiat !". Je n'ai pas le temps de réagir que déjà mon postérieur se retrouve criblé de bille me forçant à me rasseoir. "Aïeee ! Non mais c'est quoi votre problème ! Et où sont vos parents que je leur touche un mot sur votre éducation !
— Vous ne semblez pas comprendre, me répond la Présidente. Ici personne ne s'occupe de nous. En revanche, les adultes comme vous sont pris en charge pour qu'ils ne commettent pas de bêtises et ne se mettent pas en danger.
— Vous plaisantez ?
— Non. L'entretien est clos pour l'instant. Emmenez là en salle d'interrogatoire". Les policiers me forcent à me relever. Je suis stupéfaite de ces révélations : ces garnements gouverne la France ? Et ils ont le culot de croire que je vais leur obéir sagement ? Hors de question ! Ni une, ni deux, je fil un coup de pied au garde de droite. Je me saisis du garde de gauche qui en se défendant me mord sauvagement. Je m'en moque, et le fait tournoyer bousculant ses collègues et me libérant le passage vers la sortie. Malheureusement, un des gardes réussi à se planter devant moi et me tire une bille pile entre les deux yeux. La douleur est telle, que je m'effondre sur le sable... "Virgine, Virginie ! Tu m'entends ? Me secoue Yannick,
— Tu l'as bien sonnée, se moque Guillaume.
— La ferme toi ! Virginie, réveilles-toi ! supplie Yannick. — On devrait appeler les pompiers, suggère Stella.
— Aïe ma tête... Que s'est-il passé ?
— Yannick t'as envoyée une balle qui a rencontré ta tempe et puis tu t'es évanouie. Ensuite, on t'a trainé jusqu'ici. M'explique Guillaume.
— Alors les enfants ne sont pas au pouvoir ?
— Hein ? S'exclament-ils en choeur.
— Non... J'ai fait un cauchemar c'est tout".
On m'installe précautionneusement sur une chaise longue avec un verre d'eau. Stella veille sur moi et les garçons retournent jouer. Mon amie m'examine sous toutes les coutures quand elle s'exclame : "D'où elle vient cette morsure ? Elle n'était pas là plus tôt". Je regarde mon poignet et découvre en effet une vilaine morsure au poignet. "Comment est-ce-que..." mais je m'interromps abasourdie : la morsure se trouve à l'endroit où le petit policier m'a mordue au cours de ma tentative de fuite du Parlement des Culottes Courtes...
J'ai vu mondes parallèles, j'ai foncé de suite.
· Il y a plus de 8 ans ·C'est bien vu! J'ai bien aimé.
Je vois que vous êtes sur Scribay!
C'est l'un de leurs défis "Inverso: Suspens à l'envers" qui m'avait inspiré 2 précédents textes très alambiqués.
Olivier Bay
J'ai arrêté de regarder leur concours car sinon je n'ai plus le temps pour poser mes textes... Néanmoins en cas de manque d'inspiration c'est top !
· Il y a plus de 8 ans ·esprit-vagabond
Je pense la même chose.
· Il y a plus de 8 ans ·ça m'aide quand je bute sur un texte en cours.
C'est d'ailleurs le cas d'une de mes nouvelles (préquelle des "Élections dangereuses").
J'espère y venir à bout cette année :-)
Olivier Bay
Très amusante rétrospective!
· Il y a plus de 8 ans ·menestrel75
A un moment donné on ne sait plus où est le rêve où est la réalité ! bien joué Coralie !
· Il y a plus de 8 ans ·Louve
Merci ;)
· Il y a plus de 8 ans ·esprit-vagabond