Le préfet est fin prêt

Hervé Lénervé

La vie de hauts fonctionnaires n’est pas une sinécure.

De réunions en réunions, de réceptions en commémorations, de toute part le préfet est pressé comme un citron VIP, grosses légumes.

-         Merci messieurs-dames, d'être venus si nombreux pour honorer la mémoire de notre ami Philippe Sollers, parti trop...

-         Monsieur le préfet c'est une remise de légion d'honneur !

-         Merde, il n'est pas encore mort, celui-là ? Mais quel âge il peut bien avoir, l'ancêtre ?

-         Je fêterai mes 84 ans, ce 28 novembre, monsieur le préfet.

-         Ah Sollers ! Toujours optimiste avec ça, je vois ! Vous nous manquerez... enfin, vite fait.

-         Je laisserai derrière moi, une trace universelle dans la grande histoire de la littérature de langue francophone à travers le monde de la civilisation humaine.

-         Oui. Oui, admettons ! Bon, c'est donc une médaille que je dois vous remettre, ce jour, à titre non posthume, me dit-on. C'est la France via mon entremise qui vous récompense pour votre œuvre musicale inoubliable.

-         Monsieur le préfet, moi, j'écris !

-         Personne n'est parfait ! Mais vous écrirez à votre mère plus tard, je dois avant, vous épingler cette insigne insigne de la reconnaissance de la Patrie pour services rendus, ce qui prouve, s'il en était besoin, votre honnêteté. Beaucoup de vos confrères patentés, mais un peu quand même, partent avec les clés.

-         La clef des champs, beau tableau !

Non, celle de la voiture de fonction, belle Renault !

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