Le premier Adieu

sadnezz

J'ai supporté les Pourquoi, les incompréhensions de ceux qui n'y croient pas. Ceux qui pensent que L'égoïsme peut s'accorder à l'extrémisme sans remous. Sans fratras. N'être liés que dans la joie et une sorte de solidarité désuète.  Pauvre de vous.


Je vais vous dire moi, la vérité de vingt ans de pure "fraternité" ... Vingt années à se supporter, car finalement les vieilles amitiés se choisissent-elles seulement? Peut-être. A condition de se souvenir au moins du jour de La rencontre... De ce que j'en sais le bac à sable garde mal ses souvenirs. Je peux seulement vous dire qu'Elle a toujours été là. Comme une soeur que je n'attendais pas. Mon Anti-Moi. Moi son Anti-Elle.  Moi je peux vous dire que ça forçait l'admiration oui, cette réunion des genres comme un pacte de pucelles.


Puis le temps ça donne des ambitions. Forge des valeurs, et des convictions. L'amitié vous savez, ça résiste mal à l'érosion. C'est comme un amour, ça s'entretient, le tout ne doit pas être bancal... Sans quoi la machine cale.  l'une se plaint, l'autre écoute. A force de parler de soi, on n'entend plus parler les autres. Et l'amitié se gonfle d'un orgueil silencieux qui menace de tout faire capoter. On s'y raccroche comme à un vieux mariage, "putain c'est pas rien  toutes ces années"... ça va aller. On ne se noie pas, on visite par le fond. On n'étouffe pas, on a un chat dans la gorge. Elle ne m'insupporte pas, lalala... Je ne suis plus là. Je ne pense pas. Je ne l'entend pas.

 Tôt ou tard tout se barre. Vingt années sans jamais s'éclabousser... Sans un cri, sans regrets. Vingts grands crus qui finissent par bouchonner.  La fin d'une amitié et son premier Adieu est une apothéose que vous auriez tort de rater. Se casser, même pas pour une autre, juste parce que la digue a fini par péter.  Pointer au bord du gouffre et se sentir libérée d'un poids inconnu que l'on découvre, souffre et reconnait.


Putain c'est beau l'amour! Quand ça vole en éclats, quand ça claque entre les doigts de deux connes un beau jour! Comme une immense vague qui s'en vient tout raser et sait tout emporter sans promesse de retour. Un adieu comme cela vaut bien qu'on ne nous y reprenne pas, pour ce qu'il reste à faire ... Le garder solitaire, fronde brillant de son ultime éclat. Insulte que l'âme malgré tout se met en boutonnière ... A y regarder mieux le premier Adieu a peut-être un peu le gout du salutaire...

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