Le printemps d'un coquelicot - gribouiller sans but

cecile-g

TOUT commence frivolement. Gribouiller sans but.

Une plume.

Un râle, une plume grinçante… vagabonde sur un papier fuyard et amnésique. Elle incruste, tatoue, retrace patiemment cet espace désertique. Apaiser, l’agile scribouillard ressent une liberté charnelle ravageuse. Elle riposte, mordille tendrement cette bouche d’où les mots égarés s’éclipsent amoureusement. A chaque palpitation exacerbée, frémit de la lèvre inférieure, ce sillon impudique. A chaque respiration saccadée, cette fente éreintée succombe à un empire voluptueux. Les gouttelettes délectables caressent une peau câline, effleurent frissonnante les moindres parcelles d’un corps embrasé. Elles s’évaporent… s’éveillant gémissantes. Elles existent vagissantes.

Un orgasme.

Une réaction inconsciente se cramponne à mon bas-ventre. Un épicurien rugissement. Une ébauche d’existence qui crache des irruptions solaires raflées par la bourrasque céleste. Follement audacieuses, les flammes dansent, se dissolvent, se dispersent en cendres livides. La nuit me hante. Je me métamorphose en une chrysalide taciturne. Ma tête brumeuse ensevelit sous une fièvre enivrante, perçoit au-delà de ces filaments entremêlés noués corps et âmes ; une prison. Ce mitard protecteur me dévoile des éclats aériens. Pourtant, calfeutrer dans cette cellule, mes poumons se compriment sordidement et frénétiquement, conséquence d’une buée terrassante. Je ressens une fatigue d’un développement inachevé tant ce ridicule endroit me compresse. Dès lors, cette mutation vaniteuse soulève en moi un sentiment de sérénité et une éclosion prometteuse. Le moindre cri, le moindre gémissement est étouffé dans ce cocon. Seul, éclate le silence. Une victime brisée riant de ces supplices inutiles et incrédules s’apercevant que le cercle vicieux de l’enfer s’est évaporé. L’attaque était terminée et le massacre perpétré pleurnichait brutalement. Gaiement éclairée par l’aube, ma chrysalide est préservée. Les rayons soyeux caressent la noblesse de la connaissance ; ce visage esquissé à chaque instant par cette lumière pénétrante, tourbillonnant, sous mes paupières cruellement peureuses. Voilées à la lueur du jour, la tête toujours cachée entre mes genoux, me débattant de gestes vifs, ma curiosité se heurte à mes yeux clos, sanglotant vigoureusement. Quels regards troublés puis-je apercevoir ?

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