Le satyre du parc (1)

Vous le savez, je l'ai déjà dit, mais comme vous n'écoutez rien, je vous le répète encore : je promène tous les jours le chien de mon pote dans le parc à côté de chez moi. Comme un habitué des lieux, je rencontre toujours les mêmes personnes, qui sont réglées sur les horaires de leurs chiens et comme c'est en journée, ce sont des gens qui ne travaillent plus, des vieux, en somme, en somme d'années ! Il y en a une avec qui je discute souvent, elle à une miniature qui a du mal à marcher avec ses petites pattes et comme on se connait un peu, on peut aborder des discussions autres que le temps qu'il a fait, qu'il fait ou qu'il fera ou des douleurs de nos vieux chiens

-         Quand je vois tout ce qu'ils construisent comme cages à lapin, alentour, je culpabilise un peu d'avoir un petit bout de terrain juste pour moi.

-         Vous êtes seule ?

-         Oui, mon époux est mort depuis trois ans !

-         Moi, je n'ai pas cette chance, ma femme est encore vivante !

-         Oh, vous plaisantez ?

-         Non ! On aurait pu se mettre ensemble.

-         Mais ça ne va pas, non, je ne suis pas une vieille facile, que croyez-vous ? Puis, je suis très bien toute seule.

-         C'est aussi ce que je pense, mais je ne peux pas tuer ma femme, car j'ai peur de la prison.

-         Elle a de la chance votre femme que les prisons existent.

-         Pourquoi, ils parlent de les supprimer ?

-         Non, je disais ça comme ça.

-         Dommage ! Autrement, c'est toujours ce que je lui dis qu'elle a de la chance de m'avoir, elle aurait pu tomber sur pire.

-         Vous croyez ?

-         Bof !

-         Pour changer de sujet, on ne voit plus d'écureuils.

-         Pourquoi, le sujet vous intéressait moins que les écureuils ?

-         J'aime bien les écureuils.

-         Comme tout le monde. On aime bien les écureuils, les lapins et les hérissons, mais qui s'est aperçu, qu'on ne voyait plus le satyre, également.

-         C'est vrai, ça fait longtemps que je n'ai pas vu ses parties.

-         Il est peut-être mort ?

-         Ou en prison ?

-         Surement puisque malheureusement, elles existent encore. Supprimons les prisons et les télés.

-         Les télés dans les prisons ?

-         Non, partout, plus de télé nulle part.

-         On verra ça un autre jour, car c'est un autre sujet.

-         C'est vrai que vous êtes sujette aux sujets, vous ! Allez, au revoir, à demain, si on est encore en vie ! On parlera du satyre qui est mort ou qui est en prison sans télé.