Le satyre du parc, (suite et fin)

Hervé Lénervé

Le retour des beaux jours et des temps heureux.

La première fois que je l'ai croisé dans le parc, je me doutais un peu que le mec en face de moi avec un long imper, en pleine canicule, était, soit très frileux, soit très dérangé, soit très les deux. Comme de bien entendu, comme tous les exhibitionnistes, arrivé à ma hauteur, il ouvrit les pans de son imper pour m'exhiber en pleine figure, sous le nez, ses parties génitales qui ne sentaient pas la rose, mais plus communément l'urine. Je dois avouer qu'il me sortit légèrement de mon ataraxie coutumière en me sortant tout son bazar à la gueule. Le chien de mon pote, qui est placide comme une vache, déjà bien atteinte de placidité aigüe chronique, se réveilla aussi et essaya de lui sauter dessus. Si je ne l'avais pas retenu à temps, l'homme n'aurait eu plus grand-chose à montrer sur son étale.

***

Puis, je pris l'habitude de le croiser, je lui faisais un petit  clin d'œil complice, lui avait perdu l'habitude de faire son numéro avec moi, car  il avait vu qu'il aurait pu, tout aussi bien, me montrer son cul, sans que cela ne produise davantage d'effets. Or, les exhibitionnistes ne fonctionnent qu'à l'action-réaction, sans réaction l'envie disparait comme dans un conditionnement pavlovien et ils se sentent frustrés et penauds à faire pitié.

Donc, nous marchions en dévissant de tout et de rien, une sorte de maïeutique réciproque. Tantôt c'était lui qui accouchait d'une révélation essentielle, tantôt c'était moi qui découvrais une nouvelle équation de l'Espace-Temps de Chien. Je lui interdisais quand nous pratiquions notre philosophie péripatéticienne de se découvrir à la première collégienne venue et même habillée. Ce fut dur pour lui au début et je voyais bien qu'il réprimait son geste réflexe et en était dépité de ne pouvoir montrer sa pite, pardon sa p'tite bite, mais je lui disais que ce n'était que parties remises, qu'il les montrerait plus tard, quand on aurait fini de sauver la Terre.

Donc, mon problème était, fut et sera, qu'il disparut sans laisser aucune trace d'urine derrière lui, avant qu'on ait terminé de sauver définitivement le Monde. Damned de Merde ! Tant pis pour vous, les jeunots, mon satyre et moi, on aura quand même tout essayé.

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A présent je laisse le sort du Monde entre les mains de Greta Thunberg, une gamine de seize ans.

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