Le Scribe de Schaarbeek (Chapitre 2) (extrait)

mathieuzeugma

         Prisonnier de la berge qui me sépare d'Elle, je contemple la fille qui marche sur l'eau...

         La lueur qu'Elle émet la rend phosphorescente, dans la lumière du jour qui commence à paraître... Mais plus le Soleil se lève, plus les rayons qui s'échappent d'Elle deviennent intenses, comme si Elle rivalisait avec l'astre solaire, comme si Sa lumière pouvait remplacer celle du ciel, comme si...

         ...Comme si Elle était le Soleil...

         Une sensation de bien-être m'envahit tout entier, et un léger bourdonnement emplit doucement les airs... Vibration agréable des rayons chaleureux sur une vie endormie prête à se libérer... Je ne distingue pas Son visage, je vois seulement les courbes de Son corps... La lumière est maintenant si intense qu'il m'est impossible de voir de quelle couleur est Sa peau...

         À genoux dans le sable, fasciné par cette Fée, j'assiste médusé au spectacle qu'Elle donne...

         Elle danse...

         Le ballet de Ses jambes fait onduler Ses reins, et Sa poitrine gonflée qui irradie l'espace... Dans un mouvement gracieux qui effleure la surface, Elle avance sur des eaux qui frémissent sous Ses pieds...

         Autour d'Elle tout semble s'animer... Tout se met à vibrer, ou à trembler peut-être... Le bourdonnement augmente, encore et encore... Devenant rapidement presque insupportable...

         Quelque chose est dans l'air...

         Quelque chose va se passer...

         Soudain Elle se tourne vers moi... Elle arrête de danser... Elle ouvre largement les bras, dans un signe de croix qui m'accueille tout entier... Alors la nature se tait et les eaux s'écartent pour m'ouvrir le chemin... Un chemin lumineux qui me guide droit vers Elle...

         Elle est christique...

         Je peux maintenant la rejoindre, je n'ai qu'à marcher vers Elle... Quelques dizaines de mètres et nous serons ensemble... Elle sera à moi... Rien qu'à moi... A personne d'autre...

         Alors les ombres paraissent...

         Des milliers, des milliards de petites ombres qui ont surgit de toute part... Elles aussi la veulent pour elles... Pour elles seules... Elles sont indépendantes mais pourtant dirigées, rassemblées en cohorte dans une même direction... J'entends leurs cris qui ne sont que douleurs... Et je vois les dégâts qu'elles causent sur leurs passages...

         Leur pouvoir de destruction est terrifiant...

         Et dans un grondement sourd qui résonne tout à coup, couvrant le bourdonnement qui régnait tout à l'heure, le vaste essaim des ombres s'engouffre dans le passage de lumière...

         Alors l'eau se referme et dans un cri effroyable, une vague gigantesque engloutit ma danseuse...

  • Toujours aussi alléchant, je rejoins Sisyphe à l'endroit des points de suspensions. Même si je partage pleinement votre avis et les effets de votre composition, je pense effectivement que les codes littéraires en vigueur sont radicalement coincés en la matière... Continuez, de la belle écriture ne saurait se résigner à ces quelques refus !

    · Il y a plus de 13 ans ·
     14i3722 orig

    leo

  • Moi aussi ! C'est poétique, lyrique, puissant... qui sait, les éditions Jacques Flament pourraient être intéressées. A essayer :-)
    http://www.jacquesflament-editions.com/

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Photos libres.com orig

    3d0

  • j'aime!

    · Il y a plus de 13 ans ·
    101 0061 500

    saki

Signaler ce texte