Le secret de la confession.

Hervé Lénervé

Librement inspiré d’une histoire totalement fausse. Toute ressemblance avec une religion existante ne serait que purement fortuite.

-         Bonjour mon enfant, qu'as-tu à dire à Dieu ?

-         Vas-y, dit à monsieur le curé, la bêtise que tu as faite hier, mon chéri !

-         Mais vous êtes deux dans le confessionnal ?

-         Je suis la mère du petit et avec tout ce que l'on entend de toute part, je préfère l'accompagner.

-         Enfin madame, je suis un prêtre !

-         Justement, je n'ai pas confiance !

-         C'est littéralement scandaleux que d'entendre cela !

-         Ce qui serait scandaleux, ce serait de laisser un garçon sans défense dans un lieu de perdition.

-         Vos propos sont diffamants, je suis profondément choqué par ce que j'entends, je vais vous demander de quitter le confessionnal immédiatement.

-         Dans ce cas, j'écoute derrière le rideau.

-         Bien sûr que non, la confession est un acte privé entre le pêcheur et Dieu.

-         D'accord ! Dans ce second cas, sortez de votre cagibi et laissez Dieu discuter tranquillement avec mon fils.

-         Mais enfin, madame je suis le représentant de Dieu sur Terre.

-         Vous croyez que Dieu a besoin d'un médiateur ?

-         Là n'est pas la question, la religion fonctionne ainsi.

-         Je respecte la religion, mais je respecte moins la religion qui touche nos enfants.

-          C'est de l'impiété ! je ne peux en écouter davantage.

-         Je croyais qu'un prêtre pouvait tout entendre sans juger.

-         Je ne vous entends pas en confession, madame !

-         Alors, que faites-vous derrière votre grillage à poules ?

-         Si vous voulez vous confesser, vous devez faire sortir votre enfant.

-         Bien sûr, pour qu'un de vos confrères lui saute dessus, par derrière, par surprise, pardi ! Je n'ai aucun secret pour mon fils, je peux parler librement.

-         Il n'en est pas question. On n'a jamais vu une confession multiple.

-         Dommage ! Vous gagneriez du temps, il faut se moderniser un peu, que diable !

-         Laissez le Diable sous terre et prenez une décision, d'autres pénitents attendent.

-         Ils attendront, leurs pêchés ne vont pas s'envoler tout seul que je sache !

-         Dans ce cas, je ne reçois plus personne en confession pour aujourd'hui, vous pouvez rentrer chez vous.

-         Ouah l'autre ! Trop facile ! Pour que vous nous suiviez dans la rue et ainsi connaître notre adresse. Je ne suis pas si crédule.

-         Et pourtant, vous êtes croyante, il me semble ?

-         Oui, je suis une bonne catholique. Je crois en un Dieu tout puissant ! Si puissant qu'il n'a aucunement besoin qu'on lui tienne la main s'il veut tripoter nos petits.

-         C'est le pire des blasphèmes que je n'ai jamais entendu de toute ma vie de curé, au carré ! Sortez immédiatement de la maison de Dieu. Vous n'êtes pas digne d'être chrétienne. Vous devriez craindre la punition divine.

-         Je ne crains moins Dieu que ses corbeaux. Viens mon enfant on  va aller chez les bouddhistes, eux sont totalement inoffensifs dans leur pyjama orange.

SUITE

-         Pourquoi, je croyais que c'était fini ?

-         Non, pas encore, Raoul !

-         Mais qui parle à la fin ?

-         Lui, ça ne compte pas, c'est tonton Raoul. Il n'est pas croyant, il voulait juste voir comment cela se passait la préparation à l'eucharistie.

-         C'est incroyable ! Je deviens fou ! On ne vient pas en touriste dans un confessionnal. Attendez, j'entends une autre voix, qui est encore là.

-         Peut-être un esprit, l'Esprit-Saint assurément, car la petite Julie est trop petite pour parler, je l'ai emmené, car je ne pouvais pas la laisser seule à la maison.

-         Mais vous êtes combien en tout ?

-         Eh Bé, il y a donc, tonton Raoul le mécréant, la petite Julie qui a été baptisée, mon grand, Alain qui fera sa communion solennelle si Dieu le mérite. Mon mari Hervé n'a pas pu venir, il est dispensé, car il fait un billard à cette heure-là et moi votre dévouée Véronique.

-         Mais ce n'est pas vrai ! j'entends aboyer !

-         Ah, non ! Ça m'étonnerait, notre brave toutou n'aboie jamais, c'est un Saint-Bernard canonisé par l'évêque Vat Coucher, mais qui me bave grave sur les pieds. Il faut dire que c'est drôlement étroit votre cagibis.

-         Sortez tous immédiatement de mon cagi… mon confessionnal ! Vous et toute votre smala et ne remettez plus jamais les pieds dans une église.

-         Je te l'avais dit Véro, les églises sont des clubs privés, il faut être membre.

-         On pourrait avoir une carte de membre de la secte ?

-         NON ! NON ! NON ! SORTEZ !

Là c'est fini… Ouf !

Ah, non, pas encore…

-         On a oublié personne, Véro ?

-         Oh merde, le petit voisin, Benjamin, sa mère me l'avait confié pour faire tranquillement du lèche-vitrine. J'espère qu'il ne se sera pas fait introniser par tout le clergé.

Là c'est vraiment… enfin… fini… Ré-Ouf, Raoul !

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