Le ski

Hervé Lénervé

Le ski, la montagne, c'était ma passion ! Ah, comme la montagne est haute, disait le chanteur.

Le ski, le seul sport, où je me sois trouvé des prédispositions. J'y suis venu sur le tard, mais j'ai progressé aussitôt. Quand on aime, ça va vite, mariage, enfant, divorce.

Bref, j'étais dans un hotel-chalet, dont le fils de l'hôtel, on ne choisit pas ses parents, de mon âge, à l'époque, accompagnait des groupes pour leur montrer le domaine skiable.

Comme il n'y avait que moi comme groupe dans l'hôtel, nous avons skié ensemble, toute la semaine. Il m'a montré des passages qu'il faut avoir du nez, pour les voir, il faut être né là. De la poudreuse, dont je n'étais pas friand, à l'époque. Lui , il passait partout, sans style, juste de l'efficacité. Moi, j'étais son contraire, j'avais toujours privilégié le style. L'esthétique du geste, la posture à l'apparence, mon défaut d'esthète.

Bref, le dernier jour, nous sommes partis, lui et un autre montagnard de nos âges, en randonnée pour la journée. Le temps était clément. Mais il s'est fâché à mi-course. Une tempête ! Et la tempête en montagne, ça ne passe pas inaperçu.

Bref, on s'est réfugié à l'abri d'une anfractuosité dans la roche d'un massif et on a attendu que la tempête se calme un peu. Mais c'était une grosse colère, on y a passé la nuit et la nuit en montagne, ça caille.

Bref, au matin, le pote de mon copain était mort, Mon copain y a perdu deux doigts et moi, j'ai gagné un rhume.

Bref, bien plus tard, par la volonté du hasard, à une réunion à mon club, « Les alcooliques anonymes », je rencontre un inconnu qui, entre choses et autres, nous raconte cette histoire en nous montrant sa main amputé de deux doigts.

Putain, elle a pris grave la montagne !

Je ne me suis pas dévoilé, il ne m'aurait jamais cru.

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