Le subconscient selon Kiyoshi Kurozawa
daniel-m
Je ne vais pas me la jouer intello, Kurozawa, je ne connais que de nom et le cinoche japonais depuis l'indigeste mais populaire « l'empire des sens » en 76 (j'avais 15 ans) que j'ai vu en salle en pensant voir un film de boules avec les copains, c'est pas, mais alors pas du tout mon truc, tout comme les mangas et cette culture du pays du soleil levant, dont je n'ai finalement retenu que quelques spécialités culinaires, ses fameux jardins et la culture du bonzaï. J'aime bien aussi les motos Honda mais là déjà, je dérape carrément.
Sinon, respect devant cette sagesse et surtout cette réflexion devant chaque chose. D'ailleurs si les islamistes réfléchissaient autant que les japonais, notre monde serait certainement moins triste actuellement. Mais je m'éloigne encore du sujet qu'est ce film « Real » sorti discrètement en 2014, à cette époque de l'année où fleurissent les cerisiers. Perso je l'ai trouvé à ma médiathèque, intrigué par la jaquette et ce mystérieux Plésiosaure qui l'illustre ?
La culture japonaise (contrairement à la notre) a cet avantage de se reposer sur l'optimisme. Un arbre, c'est ce que l'on voit, ses branches, ses feuilles … mais ce sont aussi ses racines, la terre qui l'accueille, bref un tout. Au printemps, l'arbre fleurit, ses feuilles se développent, c'est la belle saison. En hivers ce sont ses racines, l'eau qui les abreuve, qui font partie de la vie invisible et positive de l'arbre. Bref, après la pluie le beau temps, après le beau temps, la pluie … Et alors ? Qui pense encore comme ça chez nous ? Chez nous, où en été on part en vacances de plage et en hiver en vacances de neige, ne souhaitant rencontrer qu'une seule chose, le soleil… Bref, la culture c'est aussi une question de philosophie et la philosophie, c'est loin d'être con :o) J'en déduis donc avec une certaine inculture philosophique, que le cinéma japonais, ça peut certes être très chiant, mais c'est finalement certainement très loin d'être très con ! Vous me suivez ?
Synopsis...
Atsumi, talentueuse dessinatrice de mangas, se retrouve plongée dans le coma après avoir tenté de mettre fin à ses jours. Son petit-ami Koichi ne comprend pas cet acte insensé, d'autant qu'ils s'aimaient passionnément. Afin de la ramener dans le réel, il rejoint un programme novateur permettant de pénétrer dans l'inconscient de sa compagne. Mais le système l'envoie-t-il vraiment là où il croit ? (allociné)
Je ne peux que vous recommander ce film emplis de poésie qui vous réconciliera agréablement avec la SF. Monsieur Kurozawa est un homme plein de sensibilité et d'intelligence, ça c'est sur ! Le sujet abordé, qui est d'explorer le subconscient et l'inconscient d'une personne plongée accidentellement dans un coma profond, l'est ici avec une vision très avant-gardiste. Je ne vais bien évidemment pas vous raconter ce film, qui est au final très complexe à bien des égards. Par le biais d'une toute nouvelle technologie, Koichi est plongé artificiellement dans le coma afin de pouvoir explorer le subconscient de son amoureuse Atsumi. Il essaye de remonter à l'origine de son mal en suivant ses souvenirs et ses fantasmes les plus enfouis. Mais au final, les choses ne sont pas celles que l'on croit être, les frontières entre le réel et l'imaginaire sont bien fragiles, notre « être » réel est bel et bien constamment en liaison avec notre vécu, notre passé, notre présent, nos souvenirs les plus enfouis, nos actes les plus sombres …. Et lorsque les souvenirs et les temps forts de notre vie sont illustrés par des symboles et des métaphores, cela devient très intéressant mais un peu plus compliqué aussi.
Ce film est pour moi un chef d'œuvre à l'état pur. Pur dans le sens « vierge », « inexploré ». ‘Real' de Kiyoshi Kurozawa a été pour moi une très agréable surprise et j'ai beaucoup aimé, même si pour moi, comme je le disais plus haut, le cinéma japonais n'était pas vraiment ma tasse de thé. Avouons aussi que ce film lorgne de très près vers le cinéma hollywoodien et qu'il est une fracture avouée entre un cinéma japonais cloitré très longtemps dans ses traditions et ses us et coutumes est un regard non retenu vers le cinéma américain et les nouveaux effets spéciaux. L'histoire d'amour qui lie Atsumi et Koichi depuis leur enfance, est présentée de façon très americano-mielleuse, chose rare au cinoche nippon. J'ai été également bluffé par ce mystérieux plésiosaure plus vrai qu'un vrai qui illustre merveilleusement à la fin les souvenirs enfouis de Koichi et le contraste avec les dessins, les mangas macabres d'Atsumi. Le tout se termine tel un thriller et aura promené le spectateur du début à la fin. Ce film est simplement splendide.
Un superbe film donc, peut être un peu critiquable par son côté inaccessible de prime abord. Avec un tout petit effort, l'on entre très vite dans ces deux têtes bien faites, pleines de jeunesse et de poésie. Je suis incapable de citer une référence cinématographique pour situer un peu le film, mais j'aime penser au « secret de Terabithia » pour ne pas trop me mouiller. La jaquette du DVD mentionne « entre Inception et Shutter Island ! », pour moi c'est un appel commercial et trompeur car le film est finalement très loin de chacun de ces films. J'ai beaucoup aimé, un film qui mérite bien plus que les 40 000 entrées dont il a bénéficié en France. Si vous avez l'occasion de le voir, n'hésitez pas.
Takeru Sato est Koichi Fujita
Haruka Ayase est Atsumi Kazu
Jô Odagiri est Editeur
Shôta Sometani est Assistant d'Atsumi
Bonus du DVD: Interview du réalisateur Kiyoshi Kurozawa.
Le monsieur (absolument génial avec lequel je partagerais bien une pizza ou des sushis, c'est comme il veut) explique son film et ses motivations. J'ai littéralement bu ses paroles très réfléchies (vost). J'aime ces gens qui pensent simplement, sans vouloir révolutionner tout l'univers, ils m'épatent. Très intéressant si l'on a adhéré au film.
Prenez soins de vous et des autres.
Sayonara wa sugu ni anata o sanshō shite kudasai
Avez-vous déjà déposé vos chroniques sur le site SensCritique ???
· Il y a environ 6 ans ·Lady Etaine Eire
J'aurais pu et puis j'ai même lorgné sur allociné qui est déjà corrompu. C'est le mot "critique" qui me déplait en fait. Je n'ai pas la prétention de faire des critiques mais des chroniques. Je donne mon avis, celui qui m'appartient. Déformation d’un ancien ciaonaute qui s'est perdu ici. Merci pour tes lectures en tous cas ;o)
· Il y a environ 6 ans ·daniel-m
Merci pour cette chronique qui me donne envie de voir le film.
· Il y a environ 6 ans ·Lady Etaine Eire
Pendant Japonais de John Carpenter !
· Il y a environ 6 ans ·Je suis passé à côté de ce film, bien envie d'y aller faire un tour
Merci
dechainons-nous
Merci à toi pour ta lecture.
· Il y a environ 6 ans ·daniel-m
Vu !
· Il y a environ 6 ans ·Très onirique mais une inversion bien amenée
Original et bien filmé
dechainons-nous
J'apprécie cette chronique... Et l'art japonais.
· Il y a environ 6 ans ·Sy Lou
Merci à toi !
· Il y a environ 6 ans ·daniel-m
Je ne peux qu'approuver! Ma "conscience" de Kurosawa s'est enrichie grâce à un de mes enfants, étudiant dans une école de cinéma, lequel m'a expliqué beaucoup de choses sur le travail de la lumière chez ce réalisateur. L'étude de quelques plans m'a scotchée. Vraiment impressionnant de précision, subtilités, raffinement, profondeur, structure...
· Il y a environ 6 ans ·Bravo donc pour ce texte!
divina-bonitas
Toujours aussi cinéphile et autant inspiré à raconter tes coups de cœurs qui nous donne envie de visionner, même si comme toi, le cinéma japonais n’est pas ma tasse de thé, mais comme je ne bois que du café… :o))
· Il y a environ 6 ans ·Hervé Lénervé
En fait, je triche un peu je l'avoue. J'ai dans mon ordi environs 400 chroniques ciné que j'avais déjà rédigé et publié sur un autre site qui a fermé ses portes en engloutissant tous les textes. Je profite de WLW pour les faire revivre. Merci à ceux qui les lisent et qui les apprécient. J'essaye toujours de voir un max de films même si c’est compliqué en ce moment de tout suivre, mais j'avoue que je n'ai plus la niaque de chroniquer tout ce que je vois. J'ai d'autres projets. Et puis pour répondre à l'Hauteur qui me reproche de ne pas savoir raconter une histoire je répondrai que je n'ai aucune envie de raconter des histoires surtout si elles sont comme les siennes, toutes brodées sur le même canevas. Merci de ta lecture. J'aime beaucoup tes délires sans prétention et ton imagination débordante :o)
· Il y a environ 6 ans ·daniel-m
Oups ! Que dire ? Sinon, merci ! :o))
· Il y a environ 6 ans ·Hervé Lénervé