Le tourniquet.(1)

"Dans un site de rencontre, c'est d'abord ta photo qui compte pour mieux faire cliquer sur ton profil, alors que quand tu vends une pèle à tarte sur Leboncoin, c'est surtout son prix avant son utilité !"

Betty ne pouvait plus voir ma gueule, en peinture comme au sens propre. Elle disait quelle avait perdu le bel étalon des premiers jours, celui qui autrefois faisait mouillé sa culotte en lui faisant faire des voyages en pays de Jouissance.

La Jouissance appartenait au royaume du désir, un petit état sous contrôle du plaisir. Quand on y allait, on saluait des deux mains le roi et la reine depuis la voiture, puis on descendait à l'hôtel au tourniquet, et on baisait de la salle de bains jusqu'à dans toute la suite: du fauteuil en forme de crapaud au lit en pieds de baldaquin. Des hommes nous distribuaient des plateaux repas et des femmes nous faisaient le ménage quand on tirait sur la corde verte au petit pompon. Betty disait qu'on menait une vie de pacha pendant que d'autres, bichettes, une vie de peuchère.

Le matin on ouvrait la fenêtre toute hauteur sur le grand bol d'air pur que nous offrait la mer, tout en nous émerveillant de l'horizon si lointain:

- Mais il va jusqu'où cet horizon mon chéri, on n'en voit pas la fin !

- C'est ce qui le caractérise, avais-je répondu.

On suivait les nouvelles du monde sur un téléviseur caché par une huile sur bois de Lucas Cranach l'ancien (LCL pour les intimes), et montée sur 2 rails coulissant: Adam et Eve.

Le pilotage du Cranach, se faisait à l'aide d'une télécommande universelle posée sur la petite table de nuit.

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