Le trampoline de la mort.

Hervé Lénervé

Oui, suite à mon histoire d’hier, la mairie de Tombasèque a installé un trampoline trop près de la falaise.

Ça a fait toute une histoire dans les médias, cette histoire. Des cars entiers de touristes japonais défilaient dans les rues étroites de Tombasèque. Mais interrogeons un autochtone pour donner vie au récit.

- Ah, ne m'en parlez pas, mon bon monsieur. Une catastrophe. Bondé de touristes du matin au soir. Je ne sortais plus de chez moi. Mais ils s'infiltrent partout comme de la vermine...

Merci, merci ! Pour le témoignage courageux de Jeanine, (j'm'en fous, je n'en ai pas dans la famille), la parole à un deuxième indigène.

- Putain de pourriture, de raclure de touristes japo...BIP... Censure nippone, ni mauvaise.

Bien, je crois qu'on a fait le tour du radio trottoir des Tombasèquois.

Et bien sûr, la Justice s'en est mêlée. Elle s'est intéressée à Tombasèque, un obscur petit village dans le trou du cul de ma sœur, (j'm'en fous, la mienne est morte). D'autant plus qu'en fouillant dans les archives, ils ont déterré des précédents.

Le tourniquet qui tournait trop vite trop près du mur et niquait tous les marmots. Mais comme il n'avait fait que des blessés, la Presse n'en a parlé que dans un seul mensuel régional. Le Journal de Tombasèque écrit, ronéotypé, distribué par Marcel et payé par le père de l'enfant aux quatre membres cassés. Putain ! Il a fallu qu'elle tombe dessus, la Justice. Un exemplaire surnuméraire égaré, porté par les alizés, puis les vents, puis un corbeau anonyme. Certainement un des pères du  lancer de marmots au bord de la falaise.

Le fait est que le petit village de Tombasèque fut condamné à combler la falaise à ses dépens.

Signaler ce texte