Le vent.

Il vient de lui-même, de derrière et avant la pluie: le vent d'accoutumance. Il s'installe dans la faille des ordonnées, dans celui des abysses du bien comme il faut, supprimant d'un coup de flingue, l'ordre et la raison: - Pan pan pan !

On finit par s'en relever, on en devient pas véritablement mort, on se l'approprie, on s'en fait un ami, on marche avec, on l'invite: - Putain, t'es encore venu avec ton moral à zéro !

C'est samedi, à la réunion de 'Le sens est-il au bon, ce que Dieu est à l'esprit ?' chez Maxime et Brigitte, adeptes de l'analyse transactionnelle et du bio à la vapeur, que l'on se prend à nouveau les volets dans la gueule !

Chez Maxime et Brigitte, il y a des bougies de partout, des tapis en poils de lama et ça sent l'encens depuis la porte. Il y a aussi une machine qui fait de la fumée, un déshumidificateur je crois, et Betty, qui en animatrice du point relais, vous déshabille du regard.

On joue à Blablabla: chacun tire un sujet dans une corbeille en bois de Népal. On dit des choses qui semblent sortir de nous et qu'on avait pas idée où qu' elles s'étaient cachées au départ...

- Ben tu vois, ça t'a fait du bien d'en parler !

- Je suis tout surpris par mon moi-même... je pensais pas qu'il y avait tout ce bazar là dans ma tête !

- C'est normal... que tout cela te surprenne ... tous ces trous qui se forment en toi, dans ton jardin... faut pas laisser les taupes te les prendre...

La voix de Betty me rassure et provoque en moi cet effet de grand bordel. J'ose pas trop encore l'inviter chez moi, lui faire le coup du fusil... c'est trop le souk; ça sent de plus en plus le Paic machine et le Gardénal.

- T'es au courant ?

- De quoi ?

- Qu'au verger, depuis les arbres, les pétales se détachent avant que les fruits n'arrivent...