L'échelle de Jacob

eukaryot

Toutes tripes dehors, la bite devant et les mains vides, l'envie de vivre le merveilleux d'envoyer valdinguer le reste, de partir s'il faut de rester si c'est possible, et merde au lendemain, merde aux règlements, merde à tout sauf à toi.

Ne plus se préoccuper de rien sauf de sa perception, ne plus s 'occuper de rien d'autre que soi et du champs du soi...!

Vivre innocent, être gosse, être la fête, être la bonne surprise, ne jamais prendre rien et ne jamais rien laisser, une impression, un souvenir, un souffle peut-être, être humain content d'être humain, pleinement humain jusqu'aux couilles jusqu'au fin fond du trou du cul dans lequel je fous mon doigt le matin, déborder par tous les pores et fuir, se tenir tranquille le soir, regarder le monde comme aquarium, regarder les bulles filer vers le plafond liquide du ciel, le ciel infini est aussi une barrière, dégager les scories tombées pour retrouver le ciel dans le sol, tirer sa joie d'ouvrir les yeux et trouver la paix lorsqu'ils se ferment...

Et si cela, si ce droit même nous est nié, alors autant en finir, autant se tirer, autant suivre la dernière balle, celle qu'on gardait jusqu'au bout, autant la suivre dans l'orifice qu'elle creuse, y plonger les doigts, regarder le sang la lymphe la merde, profiter du sang de la lymphe de la merde et dire qu'on est ici et maintenant, montrer les crocs et dévider l'intérieur, oh si horrible pour le reste, regarder l'intérieur, forcer sa propre serrure et ouvrir bien grand la porte du dedans, du ciel dedans, des rêves dedans et tant pis pour les yeux détournés, tant pis pour les cris d'orfraies tant pis, ici et maintenant, parce qu'il n'y a rien d'horrible vraiment qui ne soit caché, parce que l'atroce est toujours ce qui n'est pas vu, parce que la réalisation de l'atroce n'est pas dans la révélation mais dans le déni de nous tout entiers, de notre essence. Une fois que l'intérieur est jeté au monde comme des sacs de sable fétides, alors nous touchons enfin, nous frôlons enfin le noyau pur, démesurément beau, jusqu'à l'insupportable, de notre divinité.

 

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