L'EFFET PAPILLON

Isabelle Revenu

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Me racontez pas d'histoires

La vie c'est une tonne de cafard

C'est toujours un fond d' tiroir

C'est toujours un train qui part

J'ai la vie qui m' pique les yeux

J'ai mon p'tit cœur qu'est tout bleu

Dans ma tête j' crois bien qu'il pleut.

Pas beaucoup, mais un p'tit peu.

J'ouvre avec une peine immense la fenêtre de mes yeux.

Je ne renais pas pour autant.

Panne de mots.

Taille-crayon en rade et mauvaise mine.

C'est quoi la valeur des choses sinon les mots qu'on y greffe dessus ?

J'ai perdu le Do de ma clarinette. Ca fait dix fois que je déchire mon cocon.

Dix fois que je remets mes idées en place.

Dix fois que tout s'effondre, se ratatine.

Plus d'osmose entre mes pensées et moi.

Suis dans une belle merde, je ne sais faire que ça, écrire....

Sais pas de quoi je souffre mais le mal est profond.

J'ai dû froisser quelqu'un ou quelque chose....

Mon coeur d'origami ? Toi ?

Du coup, je reste sombre. Pas sobre.

Perdue dans l'immensité d'une forêt de mots insortables.

Habillés de deuil et de silences.

Henri s'est envolé. Pas moi.

Mes ailes sont trop courtes, trop molles.

Alors, feuilletant Aristote le Macédonien talentueux et ne trouvant aucune solution dans son Dictionnaire doxographique, j'ai foutu le feu à mes papiers chiffon, j'ai déchiré ce qui me faisait Moi.

Un Ego gauche en Lego déconstruits.

Un soldat trouillard. Un résistant retranché.

Un Auguste mal dans sa peau. Pince-sans-rire.Pince-sans-vie.

Loufoque non ?

Non.

C'est l'exacte radioscopie de ce que je suis devenue.

Un brouillon imperceptible de plus.

Abrutie de sommeils loupés. De ratages.

Abreuvée de néant.

Je n'irai jamais manger les croquettes au Jules Verne, ma Tour s'est effondrée.

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