Eros tique

Sophie Marchand

l'écume des jours

Pour écrire un texte érotique, suffit-il de quelques ingrédients,
quelques mots choisis, estampillés, labellisés « érotique »,
puis suffit-il de les secouer, les mélanger,
malaxer, un peu de salive, de sueur perlée,
de chuchotements, de rires étouffés, de cris, de soupirs, de râles,
des peaux qui se cherchent, des désirs qui se rejoignent,
des frôlements, gestes maladroits ou experts,
caresses pudiques ou impudiques,
bouche à bouche, sexe à sexe, tête à queue
extase, petite mort
Pour écrire un texte érotique,
faut-il que le désir soit toujours vivant ?

Texte anti-érotique, celtique, asiatique, chimérique

A la pointe du Raz ou peut-être à Quiberon,
l'écume de mai, chaleur timide,
rouleaux de printemps,
sur un écrin de verdure doux comme la soie
le jour, il m'enseignait la brouette chinoise,
il m'enivrait de propos amoureux et toxiques,

Il s'appelait bijou, j'étais son joujou chou,
Le soir, il me nourrissait de pâtes chinoises
Quand l'eau présentait un premier frémissement,
il plongeait la nouille encore vivante
Il jouait sur du velours, j'aimais la nourriture exotique

Un matin, l'oiseau est parti,
je ne baise plus qu'avec le vent
la nuit, aux quatre coins de la terre


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