Les ailes du nez.

effect

Avec de la bonne humeur on arrivait à construire un toit de certitudes. Avec des parpaings, un petit muret pour nous protéger des escargots durant les pluies.

La maison avait des reflets violets quand le soleil tombait sur la dune. Intellectuellement on aurait pu interpréter cette vision par une vue de l'esprit, alors que je savais pertinemment qu'elle n'était que la résultante d'un mélange de couleurs : celui du bleu de la glycine s'aplatissant sur les tuiles ocre rouge de l'atelier.

Comme on habitait un petit coin pépère, genre trou du cul du monde, Betty avait eu l'idée de faire intervenir un spécialiste de la couche d'ozone pour constater le phénomène afin de figurer dans le Guinness book des étrangetés et ainsi espérer passer au 13 heures de Jean-Pierre Pernaut pour d'une pierre deux coups, faire connaître notre petit artisanat d'art au plus grand nombre (on enfilait pour faire chic, des perles peu précieuses sur des colliers à toutou à sa mémère, et on customisait des jeans pour redynamiser un stock de l'Armée du Salut.)

Ce jour-là, Betty s'était mise sur son 31 pour accueillir le scientifique :

« Mais Betty, on ne reçoit pas Georges Clooney ! C'est pas la peine de mettre ta petite robe qui fait mousser la culotte ! »

« Il faut lui donner une bonne impression à cet homme ! Les gens de la science c'est comme les haricots, faut d'abord les équeuter avant de les cuire ! »

L'homme est arrivé sans mot dire avec sa mallette de James Bond, jetant de-ci de-là quelques fumées de vaudou autour de la maison pour en expertiser les vents, du potassium de Perlimpinpin pour en activer les particules fines, notant scrupuleusement sur son petit carnet ce qu'il lui semblait bon à retenir de tout ça et pour en venir au fait suivant :

« Vous avez un mirage dans votre propriété, c'est certain !» et d'ajouter : « C'est rare ! »

« Et alors ? On en fait quoi de cet avion ? » rétorqua Betty.

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