les amis, les chats, la vie

Gabriel Meunier

il était parti là haut à Noël ; sa compagne hospitalisée ; je devais aller nourrir les chats ; l'incertain est toujours vrai.
il faut attendre
attendre de passer
juste au bout du chemin
pour découvrir cette maison
son toit petites tuiles brunes claires
un four à pain deux remises
moellons bruts sans grâce
quatre fenêtres un puits

un vieux banc de bois
près de la porte
sous un tilleul

lumière de septembre
nuages bas
silence

partout
couverts de feuilles
des objets de toutes sortes
pots de fleurs tissus ferraille cageots tables
rongée par la mousse une méhari attend le prince charmant
sa bâche sert de piscine - d'abreuvoir - aux chats
ce désordre est-il vraiment un naufrage ?
ici rien n'est au carré contrôlé
comme toute vie

les chats
de tous âges
de toutes races
peu à peu arrivent
chartreux birmans persans
siamois européens chats de gouttière
arrivent un à un cachés se montrent à moitié
passent la tête hasardent un oeil osent une patte

musique des croquettes versées dans la vieille casserole
ne pas faire de geste brusque répéter deux trois mots les apprivoiser
et puis il faut repartir je reviendrai demain leur patron reviendra il
                                                                                               n'est pas loin

silence
nuages bas
lumière de septembre
les amis les chats la vie
Signaler ce texte