Les anges sont-ils comestibles ?

Hervé Lénervé

Je me lave les mains. Putain, ça BRULE !

J'ai beau mettre de l'eau froide, c'est toujours aussi chaud.

Je vais voir mon voisin qui est bricoleur-charcutier dans la vie. Pareil, il s'est brulé.

Je vais voir un autre voisin qui est plus-loin dans la rue. Pareil, il m'ouvre avec les mains ébouillantées au sixième dessous. Je ne lui demande rien et je m'en vais sur le chemin de chez moi, sans lui avoir serré la main. Et je m'en vais, en entendant de partout des « Putain, ça BRULE ! »

j'allume la radio, un réflex de vieux, et j'entends des experts scientifiques dire. « Putain, ça BRULE ! Oui, c'est normal, la Terre se réchauffe... Bla-bla-bla... et pourquoi l'eau n'y aurait-elle pas droit,  aussi ? C'est une question d'équilibre et de justice. »

C'est vrai, c'est toujours, nous, les petits, les tous petits, les démunis, les vermisseaux larvaires, qui trinquons. Et puis positivons pour la collectivité, plus besoin de payer l'eau chaude. Mais le prix du Ricard va augmenter dans les bars. Positivons pour la collectivité, j'aime pas l'anis, j'en bois jamais.

Putain, je viens de changer ma poussive chaudière, d'époque Landru, par un fringant chauffe-eau, tout électronique, à deux mille chevaux d'euros.

Mais j'y pense. La Terre, l'eau... il manque le feu !

C'est normal, une question d'équilibre des forces en justice naturelle. Donc, le feu se réchauffe. Et le ciel ne dit rien ?

Si le ciel dit, il dit, si-si-la-ré bémol accidenté. (Avec la voix de France Gall)

Le Ciel dit : Que jours passent, que temps changent. A chacun sa merde et le Ciel t'aidera.

Il rigolera moins quand ça va lui réchauffer le cul des anges.

L'angelot à la broche, c'est bon, léger et de bon goût pour une garden-party.

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