Les cerfs-volants de la honte
peter-oroy
Les Cerfs-Volants de la Honte
Ce soir au crépuscule les tam-tams ont résonné dans la brousse. Par delà les monts couverts de forêts épaisses, là où règnent les sept grands singes sourds, muets et aveugles, les chefs de la caste des Cerfs-volants ont été réunis dans la grande case aux colonnes de bambou. Loin de là, dans le pays des Bobeylges, on a écouté le tamtam avec angoisse.
La république bananière de Swauisse avait, il y a quelques temps déjà subtilisé les cerfs-volants des Bobeylges et avait tout cassé.
Mais auparavant ils avaient acquis les appareils de deux castes du pays des Franchouillementcons, car ceux-ci jouaient trop près des Swauisses, ça emmêlait les fils et cela faisait désordre. Alors les Swauisses étant riches avaient racheté les cerfs-volants des concurrents en payant avec des noix de coco et des nèfles. « Propre en ordre » Telle était la devise d'un certain Guillaume. (Probablement un ancien chef)
Quelqu'un avait bêtement marché dessus et les cerfs volants des Franchouillementcons ne volèrent plus.
Après tant de malheurs, ont avait renvoyé les chefs de la caste dans la brousse car l'affaire commençait à faire grand bruit dans la république bananière. Comme ils étaient écrasés de responsabilités et comme ils travaillaient d'habitude 26 à 27 heures par jour, on les avait dédommagé en leur léguant quelques tonnes de bananes, 4 ou 5 chameaux et quelques femmes à violer derrière les hautes parois de palissandre de la grande case.
On avait renvoyé chez eux tous ceux et toutes celles qui avaient pendant de longues années à la sueur de leur santé, œuvré pour la maintenance et la sauvegarde de ces beaux aéroplanes. « Y a plus besoin de vous. Fouttez l'camp on part en vacances. Circulez il n'y a plus rien à voir !»
Les grands manitous de la justice se sont réunis, les femmes voilées de leurs foulards rouge et bleu ont porté de l'eau dans les grands containers de l'Injustice SA.
Comme à l'habitude, elles avaient déposé des bananes et de l'eau pure aux pieds des chefs de la caste des Cerfs-volants et, les hommes avaient balayé la poussière du sol de « latécoérite » rouge et blanc.
Les chamanes coiffés de leur perruque poudrée d'indifférence et revêtus de leur robe d'arrogance se sont réunis dans la grande case.
On reprochait aux manitous de la caste des Cerfs-volants d'avoir agi avec un peu de légèreté.
Le petit peuple de la savane était à l'écoute.
Le jugement fut rapidement rendu, à la grande stupéfaction du voleur de pain qui croupissait lui depuis des années dans la case puante servant de prison.
Pendant le jugement on avait bien cherché un mort pour le charger de toutes les responsabilités comme dans le pays voisin où un autre procès se tenait.
Mais personne ne leva le doigt et ne voulut jouer le rôle du mort, alors on prononça un non lieu.
Les accusés sortirent de la grande case les bras chargés de dédommagements et allèrent chercher une autre caste à détruire. La caste Cacayllé avait déjà connu le même problème. Pas bon ! Les c'est Efef et la caste N'avorty SA étaient trop puissantes et leurs Manitous beaucoup trop riches. Les prêteurs de coquillages et noix de coco, les S'BU ou les Baranquées du Canal de toutes sortes étaient aussi trop puissants et les grands singes en avaient peur.
Que faire alors ?
On a trouvé la solution.
On prendra l'argent de ceux qui n'en ont plus et on reconstruira les cerfs-volants, presque à l'identique. Sauf que cette fois on les vendra à bas prix avant de se casser la gueule. Et chose fut faite. Les Ali-man ont acheté le tout en rigolant bien fort devant un feu de camp.
Ce que je vous raconte là se passe, bien sûr, dans une lointaine démocrature ou les scrupules n'ont pas de valeur, où l'honnête esclave est considéré comme de la munition et où les valeurs morales sont foulées du pied.
Riez brave gens, car chez NOUS une telle pantalonnade ne pourrait jamais avoir lieu ! Ben non, voyons ! M'enfin !
Le Petit Père Fouettard du pays de Ailes-vaites
Planète des Singes
Hommage à SWISSAIR
©by Peter O'Roy