Les comploteurs

Hervé Lénervé

Les affaires internationales ne sont pas une sinécure.

-         Jean, il faut qu'on se voie, c'est grave !

-         T'es con ou quoi ? Tu ne dois pas m'appeler.

-         Je t'appelle d'un téléphone filaire de 1925, via une opératrice. Intraçable.

-         Qu'est-ce qu'il y a ?

-         Pierre est mort !

-         Non !

-         Si !

-         Il n'avait que quatre-vingt-quinze ans, de quoi aurait-il pu bien mourir ?

-         Je crois qu'il a été assassiné !

-         T'es parano, personne n'est au courant pour la magouille des rétro commissions sur les ogives nucléaires livrées à Bashar et qui, voudrais-tu que cela intéresse ?

-         Je te dis que c'est louche.

-         Comment est-il mort ? Il était en route pour la Syrie, un pays tranquille.

-         Accident d'avion.

-         Mais il était parti en TGV, je crois ?

-         Oui ! Justement c'est louche.

-         Toi, tu vois le mal partout.

-         Comment expliquerais-tu alors, que dans les débris de l'avion, ce soit le seul mort égorgé avec ses couilles dans la bouche ?

-         Tu ne sais pas de quoi on est capable dans la panique d'un crash, quand on entend : « Messieurs-dames, je suis votre commandant de bord, veuillez attacher vos bretelles. Impact imminent. Merci d'avoir choisi notre compagnie pour votre dernier vol. » C'est connu que dans les stress intenses on ait une fringale irrépressible.

-         Tu ne m'enlèveras pas de la tête que c'est louche.

-         Allez, va te coucher, après une bonne nuit de sommeil, tu verras au matin, que les petits soucis du soir n'étaient rien quant à ceux du jour.

-         Je raccroche, j'entends que quelqu'un essaie de forcer ma serrure. C'est louche !

-         C'est ça, bonne nuit !

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