Les enfants sans pères du XXI° siècle

divina-bonitas

Pensée - histoire -société - enfance - identité

Historienne amatrice férue de généalogie, j'étudie régulièrement des lignées d'ascendants, découvre parfois dans les archives des enfants nés sans pères, quelques fois des enfants "cachés", comme oubliés, laissés aux soins de nourrices ou d'orphelinats, des enfants nés dans une famille et élévés par des cousins, voisins...


Mais je n'aurais jamais pensé qu'au XXI° siècle, je serais régulièrement confrontée dans mon activité professionnelle à tant d'enfants en détresse: des enfants nés de père inconnu - père que tout le monde connaît en réalité, des ados reconnus par leurs pères à la naissance mais sans contacts avec eux depuis des années, des enfants reconnus par leur géniteur mais portant le nom de leur mère et n'ayant jamais vécus avec leur père qui se garde de s'en occuper et se manifester, des graines semées puis nées dans le plus grand secret de leurs pères et de ses origines.

Encore récemment. A la question "n'avez-vous pas d'autres enfants que celui dont nous parlons?", un monsieur me dit assez détendu: "comment dire...oui sans doute...plusieurs mêmes...un enfant est né récemment, mais je n'ai pas pris de nouvelles...peut-être un jour...personne n'est au courant". Sauf ma pomme, car en astrologie, les enfants mis au placard comme les vieux balais, ça se décèle assez facilement. Raison pour laquelle j'avais posé la question d'ailleurs.


Je ne sais pas si c'est mon coeur de mère, ma conscience d'adulte, mon bon sens terrien, mais ce genre de discours engendre chez moi des émotions mixtes: tristesse, colère, désarroi, chagrin, se superposant à des interrogations abyssales: pourquoi à l'heure où la contraception existe et n'est plus tabou, pourquoi faire des enfants pour ne pas vouloir les aimer, s'en occuper, les reconnaître parfois, s'occuper d'eux, les voir grandir et en prendre soin?  Pourquoi aller mettre sa semence dans le ventre de femmes en sachant pertinemment qu'on ne s'occupera pas de l'enfant à venir? Qu'est-ce qui pousse des hommes du XXI° siècle à semer des enfants au fil de leur vie ici ou là en ne prenant plus soin ni de la mère ni de l'enfant après ce doux moment de l'étreinte?


En tant que professionnelle m'occupant de nombreux ados et jeunes adultes, chaque fois que je suis confrontée à un jeune dans cette situation, je sais à quel point cela va être dur pour lui, comment la problématique va se poser non en termes d'orientation scolaire ou de comportement, mais en termes identitaires. Ces enfants ont bien du mal à avancer dans la vie, réussir leurs études, être concentrés à l'école, échapper aux conduites dangereuses, à ETRE, parce que la question du "qui suis-je?" précédent celle du  "pourquoi mon père m'ignore-t-il?/me rejette-t-il à ce point?" et "pourquoi ne suis-je pas aimable (au sens étymologique) à ses yeux?" est au cœur de la problématique, laquelle se résoudra au mieux après des années de suivi psychothérapeutique,  si tant est qu'il soit possible et accepté dans le contexte familial, mis en place à temps.


Alors je sais bien que parfois les relations tendues avec la maman servent d'alibi à tous ces phénomènes de déni, mais l'enfant n'est pour rien dans ces querelles d'adultes. Un enfant qui grandit sans l'amour d'un de ses parents vivants, grandit comme un arbre au bord d'une falaise, dans une sorte d'asymétrie périlleuse. Certains ont la chance d'avoir une figure paternelle de substitution, un oncle, un grand-père ou le nouveau conjoint de la maman, et c'est heureux pour eux. Mais ce n'est pas toujours le cas.


Les mamans qui se sont retrouvées seules, parfois enceintes et même parfois mariées, sont aussi souvent dans la souffrance, parfois des années après, peinent à digérer cet abandon qu'elles n'ont pas compris.


J'ai une pensée émue pour un garçon de 12 ans que je recueillis et élevai une année après le décès de sa maman, laquelle l'avait élevé seul, parce que le papa était parti de la maison quand il avait 6 mois. Cet enfant ne connaissait qu'elle et ses bras aimants, alors quand il dut vivre avec un monsieur, un étranger dont il ne savait rien, lequel rechignait à prendre soin de lui, le nourrir correctement, lui acheter des vêtements à sa taille, aller le chercher au collège le vendredi soir, surveiller ses devoirs, consoler ses chagrins...comment dire. Il faut peut-être l'avoir vécu pour le savoir, cette souffrance brute et vive qui vous tombe dans les bras et vous étreint le cœur, qui hurle, crie et se débat, jour et nuit, cherche un re-Père, un phare dans la nuit noire, une terre paisible où accoster et grandir en paix.


Ne croyez pas que je veuille stigmatiser les papas. La plupart sont de très bon pères et certains se battent pour s'occuper de leurs enfants en cas de séparation. Mais force est de constater que souvent, je vois en consultation des mamans toutes seules avec des jeunes sans papas présents pour eux, lesquels disent de toutes les façons: "papa où t'es?"

  • Tellement vrais et tellement triste ses enfants n'on rien demandé et le petit garçon de 12 ans je n'ai pas de mot juste horrible de vivre avec un inconnu qui ne veut pas de toi et lui infliger c'est juste son dernier recour avant le foyer mais la cest comme si il y été mais dans un foyer individuel ;( Il sera libre le jour où il fera sa propre vie ; Moi je trouve cela horrible de faire des enfants et les laisser dans la nature dans ce cas ne vaut t'il pas prendre la peine de s'en interessé; j'ai un oncle qui fait parti de ce genre de père qui en a fait un pour sa la mère et l'autre abandonné ds le Sud avec sa mère également ; ils ne voulait même pas la reconnaître nous avons du insister pour qu'il le fasse ; mais aujourd'hui ils nous en veut encore à payer la pension alimentaire d'une enfants qu'il ne voit même pas grandir ; Aujourd'hui il cest remarié allez avoir un autre bébé mais celui ci n'ai pas resté ; je pense que c'est une selon de vie et que un autre enfant n'en remplacera jamais un autre !

    · Il y a plus de 7 ans ·
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    Noura Bellissima

    • Une leçon de vie je voulai dire...

      · Il y a plus de 7 ans ·
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      Noura Bellissima

    • Oui Noura, je pense comme vous qu'un enfant n'en remplace pas un autre. Et oui il y a beaucoup de souffrances et d'injustice liées à ces enfants qui n'ont pas vraiment de papas.
      Merci d'avoir lu et commenté.

      · Il y a plus de 7 ans ·
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      divina-bonitas

  • Tu peux rajouter sur ta liste les papas qui sont là mais à côté de leurs pompes, qui disent je t'aime et agissent pour eux d'abord, qui disent blanc lundi, violet mercredi et jaune dimanche.
    Et moi aussi je suis aimantée par la généalogie. ça ne fait qu'un point commun de plus ! :)))

    · Il y a plus de 7 ans ·
    Ananas

    carouille

    • Tu as raison mais sur le sujet des pères là sans être là, ce qu'on appelle en astrologie les pères symboliquement absents, c'est un roman que je pourrais écrire!
      Décidément, que de points en commun! On est peut-être des jumelles astrales ou karmiques?

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Img 1518

      divina-bonitas

    • Ça ne m'étonnerais pas tant que ça, depuis le temps que je te lis ! :)))

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Ananas

      carouille

    • Et j'espère que tu continueras à le faire!

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Img 1518

      divina-bonitas

    • Oui, oui, c'est prévu ! :)

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Ananas

      carouille

  • Il est vrai que les papas sont plus nombreux à n'être pas là. Sans oublier que bien des mamans ont disparu.
    Belles réflexions

    · Il y a plus de 7 ans ·
    Cavalier

    menestrel75

    • Merci Menestrel.

      · Il y a plus de 7 ans ·
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      divina-bonitas

    • Il font des enfants dans la nature pour la plupart j'en connais beaucoup je trouve cela inadmissible ; et inhumains !

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Default user

      Noura Bellissima

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