Les enquêtes d’Hercule Foireaux (27)

Hercule a rendez-vous avec le seul héritier d'une famille richement fortunée en argent. Il se rend dans l'autel particulier parisien de l'endeuillé.

-         Bonjour monsieur Lénervé, je vous présente mes condoléances.

-         Merci monsieur Perrault.

-         Non ! Foireaux, je ne suis pas de la famille du Petit Poucet.

-         Excusez-moi, monsieur Poireux, je suis encore sous le choc de la mort subit des parents.

-         Je comprends, de plus que votre famille a été durement endeuillée ces derniers temps.

-         Oui ! Que de drames ! On peut dire que quand la poisse s'acharne sur une famille, elle la poisse.

-         Effectivement, je vois que votre fratrie a été entièrement décimée. Vos cinq frères et vos six sœurs tous décédés de mort accidentelle.

-         Oui ! La poisse, vous dis-je.

-         Ainsi que leurs enfants qui auraient eu droit à une part d'héritage.

-         Qu'insinuez-vous par là ?

-         Rien, bien sûr, maintenant tous ces décès interpellent la Justice et je suis contraint de vous poser quelques questions, si vous le voulez bien ?

-         Faites ! Je n'ai rien à cacher.

-         Commençons par votre frère aîné, mort après avoir mangé des champignons que vous lui aviez donnés.

-         Je ne suis qu'un amateur en mycologie, peut-être que ma cueillette a été contaminée par un spécimen létal qui se serait glissé dans mon panier, par inadvertance, à l'insu de mon plein gré. Cela peut arriver à tout le monde, n'est-il pas ?

-         Certes, certes ! Mais déjà qu'une de vos sœurs en était morte, deux mois avant, n'auriez-vous pas pu faire vérifier votre cueillette par une personne compétente.

-         Vous savez ce que c'est, on croit toujours à tort, avoir raison dans la vie !

-         Admettons, mais votre sœurs cadette décédée dans un accident de voiture, alors que vous veniez de lui réparer les freins.

-         J'ai toujours été doué en mécanique, c'est normal de me demander quelques petits services, non ?

-         Bien, sûr, bien sûr ! Maintenant quand on regarde toute votre famille est morte, au totale dix-neuf personnes, sans compter vos parents électrocutés dans des circonstances douteuses.

-         Comment douteuses ? Ils avaient l'habitude de prendre un bain en commun dans leur jacuzzi quand le plafonnier s'est décroché et est tombé dans l'eau.

-         Le plafonnier que vous veniez de leur installer.

-         Que voulez-vous, mes parents étaient riches, mais très radins, ils me demandaient toujours de leur faire la maintenance de leurs propriétés pour ne rien payer, maintenant peut-on me reprocher de ne pas être un pro ?

-         Bref, vingt et une personnes décédées après une de vos interventions, cela commence à faire beaucoup et la Justice est suspicieuse.

-         Ce ne sont que des coïncidences aléatoirement accidentelles, mais ne vous inquiétez pas, j'ai ma conscience pour moi.

-         Tant mieux, tant mieux ! Cependant, comment expliquez-vous, qu'on ait retrouvé vos empreintes sur la corde qui a servi au suicide de votre sœur Marie.

-         Marie était ma préférée, elle m'avait demandé de l'aider à étendre des draps dans le jardin, je ne pouvais pas savoir qu'elle se  considérait faire partie du linge.

-         Je comprends, je reprends donc, tous ces terribles accidents n'ont en effet, rien que de très normaux, disons la faute à pas de chance, voilà. Je ne vous dérangerai, donc, pas davantage, monsieur Lénervé et j'en profite pour vous réitérer toutes mes coïncidences. Je vous rappelle également notre accord en toute confidentialité sur mon compte numéroté.

N'ayez crainte, n'ayez crainte ! Pendant notre entretien, j'ai profité de votre absence au petit coin, pour vous regonfler les pneus de votre mobylette. Partez l'esprit tranquille.