Les papillons.

Morgane venait de refermer le livre. Quelle histoire !

Toutes ces jeunes femmes enfermées entre ces parois de VERRE. Elles avaient, certes, l'ILLUSION, du moins au début, d'être libres, tant le soleil y entrait à flots. L'endroit était magique avec cette extravagance de fleurs, où tout un petit peuple de papillons aux couleurs merveilleuses, s'y désaltérait, goûtant au doux nectar.

Le premier émerveillement passé, elles commencèrent à se trouver un peu à l'étroit dans le QUARTIER qui leur était dévolu. En effet, impossible de franchir certaines portes. Qui y avait-il derrière ces dernières ? Et puis, également, de pousser la porte vers l'extérieur. Oui, elles avaient signé un pacte où elles promettaient de rester jusqu'à la fin du stage. Oui, mais voilà, une semaine, quinze jours, ce n'était pas précisé…elles avaient, toutes, apposé leur signature, un peu trop à la va vite.

Elles étaient là, pour un temps de jeûne et d'exercices, afin d'améliorer leur santé mentale et physique.

Mais, après quelques jours passés dans cette prison dorée, elles comprirent qu'elles s'étaient faîtes ATTRAPER, comme les papillons qui se heurtaient parfois aux jolies parois.

Aucun exercice physique pour, au moins, tromper leur ennui, mais chaque jour des robes aux tissus riches et soyeux, pour les vêtir. Elles erraient dans cet espace réduit, ou s'étendaient sur les sofas si moelleux.

Au fil des jours, leurs illusions, s'envolaient comme s'envolaient leurs formes, car la nourriture était bien chiche.

De temps en temps, le maître des lieux : bel éphèbe, souriant mais trop silencieux, venait chercher l'une d'entre elles, avec la promesse d'un joyeux festin. Mais voilà, ces privilégiées ne revenaient jamais rejoindre le groupe.

N'y tenant plus, deux de ces demoiselles, décidèrent, par n'importe quel moyen, de découvrir ce qu'il y avait derrière toutes ces portes. Elles prirent alors, un escalier en colimaçon, qui menait presque au niveau du toit de cette gigantesque serre. Et là, entre des fougères immenses, elles découvrirent un passage !! Elles le franchirent, non sans appréhension, mais il le fallait.

Elles se trouvèrent alors dans un grand couloir, avec, de chaque côté, des cages de verre où elles découvrirent de splendides papillons, démesurément grands, jamais vus auparavant.

En s'approchant, le merveilleux disparut peu à peu de leur regard, pour laisser place à l'horreur.

Ce n'était pas de ces splendides insectes, mais les jeunes femmes disparues, à qui l'on avait promis un repas somptueux. Leur regard était vide et leur corps, paré de magnifiques et gigantesques ailes, épinglé comme les papillons de collection. Une EPOUVANTABLE vision.

Voilà à quoi on les destinait. Une collection de jeunes femmes, belles pour toujours, le corps momifié à jamais. 

Comment allaient-elles, avec les autres prisonnières, se tirer de ce mauvais guêpier ?...