Les pavés

Lorsque le brouillard se dissipa, il apparut sur les pavés glissants d'humidité et de la crasse accumulée par les roues des tombereaux qui charrient au centre de Paris les choux qui serviraient de pitance aux petites gens. 
 
Son négatif imprégnerait pour longtemps la chaussée. Personne n'oserait l'approcher, par survivance des superstitions des temps anciens.  Des siècles pendant lesquels les prédicateurs s'étaient usés à prêcher le vrai Dieu alors que l'urbanisme n'avait en rien effacé les croyances ancestrales. Son empreinte n'était-elle pas la preuve que son omnipotence n'avait en rien faibli ?
 
Le peuple est par essence défaitiste. Il supposait que la modernité et la densité des lieux n'étaient pas un rempart à ses exactions.
 
Quelques esprits plus subtils et moins fermés avaient pourtant formulé d'autres hypothèses. Ils n'étaient pas nombreux et ils se faisaient discrets. La plèbe n'acceptait pas que l'on remette en question sa foi imbécile et quelques imprudents éclairés s'étaient retrouvés en fâcheuse posture.
 
Leur théorie tenait pourtant de la logique. D'abord, pourquoi le cantonner au rôle de bourreau ? De qui, pourquoi ? Il aurait pu tout autant être victime. Allez donc comprendre les moteurs qui animent les esprits qui hantent les mondes parallèles !
 
Et que signifiait la disparition des membres supérieurs ?