Les pérégrinations d'un Bourguignon amoureux

Potron-minet à Dijon, dans la silencieuse Place des Ducs,

on me parle sans peur en flamand.

C'est un covoiturage hardi pour amant téméraire

de Solvay Tavaux il me carrosse à sa maison mère.

J'arriverai à « Midi », la Gare où s'arrête le temps.

C'est Brussel intemporelle où les murs n'ont pas de cadran.

My Belle, mon amour m'attends en lisant du Geluck.

Sur la Grand'Place se pavanent des géants de papier mâché.

My Belle se glisse sous le Grand Jacquot

sur un putaineire de pavé oscillant sans vergogne

à faire passer les bégineuses pour des ivrognes.

Elle chante « Au suivant » en suant comme Arno

et Lola en français à l'endroit de ceux d'Anvers

avec sous le bras un vers en flamand pour les Carolos.

Alors que my Belle dort, au petit matin, je délaisse ses bras.

Place du Jeu de Balles, je me fonds dans le brouhaha

d'un ordinaire bric-à-brac et son brol

de parapluies sans manche, d'étains durs à reluire

de machines à coudre des queues aux casseroles.

Dans les bistrots, des sexagénaires en blouson de cuir

pleurent sur des vieux rock and rolls.

Je plane. Du Palais de Justice, je me suis jeté dans le vide.

Folon furieux me prend en chasse,

le Manneken-Pis facétieux me rejoint

Son appendice fuit tant et tant encore

que my Belle sort son parapluie.

Ce geste me réveille, il pleut de l'or.

Nous sommes en tram pour le riche Montgomery.

L'Atomium conçu par le Professeur Tournesol

un soir de guindaille avec Gaston Porte de Hal

à ma candeur ducale donne le coup de grâce.

Dans une de ses boules de cristal,

my Belle en reflet se maquille le minois.

À côté d'elle, une majorette fumant la pipe

s'achète une liégeoise gaufrée en attendant le Roi

La rue de la Loi est raide comme une directive.

Sur le trottoir Commissaires et Parlementaires s' invectivent

sur l'art des subventions régulant les cours du lard du cochon.

My Belle politiquement correcte parle l'européen.

En alliance elle a appris, en trahison elle a compris

comment jongler avec les dollars dans les compromis

pour son lobby, des plus chic on dit, des producteurs d'endives.

Gare Centrale, au sein sale de la bougresse

pend un enfant chétif ignorant l'école.

Les bourgeois l'évitent sans que cela apparaisse

ne n’offusquerons que si elle les cambriole.

My Belle est effarée.

Dans la cour des miracles les flics boivent une bière

avec lâcheté ils rotent une seconde une tournée.

« Güle güle » me crie t-on à Saint-Josse,

« A rvey » me glisse une Namur de fille,

« Tokomonana » et « Kwa heri » rient mes potes du Matongé,

« Tot ziens » ceux de Sainte-Catherine,

« Ma'as-salama » me dit-on souvent.

J'écume tous les bars, je trébuche sur les « au revoir ».

My belle, je suis saoul ta tour de Babel,

Côte à côte, il y a my Belle qui avale sa Duvel

et moi devant repartir qui sirote ma Kiek

Il n'a plus de tartines aux cives à la Mort Subite,

Ne restent que les Américains aux pistolets mayonnaisés

Demain à Beaune je mangerai des œufs en meurette.

Au pied de l'Hospice couvert de tuiles dorées de terre cuite

Pleurant mon amour de Brussel, ma flamande en drap de laine ardoisé.

Si vous avez aimé pouvez-vous le dire aussi ici :http://www.bruxellesjetaime.be/index.php/je-vote/103-les-peregrinations-d-un-bourguignon-amoureux

 merci