Les Petites Morts
redstars
Elle est morte une fois de plus, tout à l'heure.
Elle attendait son train, assise sur un banc à l'ombre près des rails. En avance, comme toujours. Comme si elle allait partir plus tôt que les autres.
Les barrières du passage à niveau se sont fermées, et l'annonce a été faite concernant le passage d'un train.
Elle a alors levé le visage de son livre - dont l'auteure devait connaître ce sentiment - et a aperçu le train au loin, foncer pour traverser l'insignifiante petite gare. Elle l'a fixé, et dans sa tête, elle est morte une énième fois.
Elle s'est aperçue se redresser à son annonce, abandonner ses affaires et descendre sur les rails pour se rapprocher des siennes. Elle s'est vue, lointaine et terrifiée par ce monstre hurlant et vociférant qui soudain se rapprochait d'elle. Elle a senti jusque ses cheveux voleter avec violence, et la sonnerie hurlante des freins inutiles.
Le cœur qui tangue fort dans la tête, qui cogne, elle s'est bouché les oreilles et a brutalement fermé les yeux, alors que le train terminait de passer devant son banc.
Elle a fini par reprendre sa lecture.
Attendant le sien.
Elle est morte si souvent.
Au restaurant, lorsque sa main attrape le couteau pour l'enfoncer dans sa gorge en un geste inattendu et déchirant. Le sang qui s'échappe - libre - et les cris tout autour, les cris de ces anonymes qui ne pouvaient deviner qu'on leur gâcherait ainsi leur précieux repas, leur sortie mensuelle dans le resto du coin.
La chute, en bas du tabouret, de la chaise, et les points noirs qui prennent le pouvoir du champ de vision et imposent leurs ténèbres.
Les échos.
Les échos qui s'éloignent.
Les échos qui s'éloignent....
Les autoroutes, la ceinture ôtée et le corps projeté lors de l'ouverture de la portière. Les insomnies, ses boites de doliprane, son foie en agonie, et les ceintures si colorées qu'elles brilleraient presque dans l'ombre.
Les cauchemars récurrents, où étrangement, elle ne meurt jamais, même en sautant du plus haut des buildings.
Les cauchemars, où c'est devenu une habitude inconsciente, la situation se termine toujours ainsi, elle survit à chaque tentative, jusqu'à ce qu'un violent réveil s'abatte sur elle et la libère des vices caché d'un Morphée vicieux, dont on ne parle pas.
Elle ne sait plus combien de fois elle est morte, comme ça.
Ni combien de fois elle failli mourir, en vrai.
Mais parfois, elle laisse ainsi vivre et s'exprimer ses idées noires. Pour, passé leur court-métrage en noir et blanc, continuer sa vie, de façon un peu bancale il est vrai, mais continuer quand même, jusqu'à la prochaine fois.
Oui c'est terrible ! Terriblement vrai !
· Il y a environ 10 ans ·nevrosee
J'aime bien ton texte, parce qu'en faite, en plus d'être assez prenant, il me rappel mes rêves. J'ai rêvé de ma mort, et c'est franchement troublant. Heureusement que ce n'est pas toutes les nuits ^^
· Il y a environ 10 ans ·mlleash
C'est horrible mais c'est ça. Parfois tu passes toute une période de ta vie à t'imaginer mourir. Tu te dis, et si je traverse là, alors que c'est rouge, peut-être que je me ferai écraser... Les gens comprennent pas parfois...
· Il y a plus de 10 ans ·Ce que je sais, c'est que l'air de rien, un jour ça passe, on y pense moins souvent...
Faut écrire, les petites morts et les grandes, les vies surtout, les envolées et les échappées belles, il faut que ça reste ... Le bonheur est trop furtif faut l'écrire pour pas oublier qu'on l'a vécu un jour...
rafistoleuse
C'est horrible mais j'aime bien.
· Il y a plus de 10 ans ·dreamcatcher