Les raisons de ma disparition !

                                Chers ami(e)s welovewordien(ne)s,

   Me voici de retour parmi vous ! Je sais que beaucoup se sont inquiétés de ma disparition de ce site communautaire. Les messages privés ont été nombreux pour vous enquérir de ma situation. Je ne cesse de m'en étonner.

  Des grands-mères meurent, seules, dans leur appartement et leur cadavre a eu le temps de servir de festin à une meute de caniches aussi affamés que frisés et personne pour se soucier de leurs malheureuses personnes. Pardon ! Ceci n'est qu'un préjugé ! Certes, la mémé est bien morte seule et abandonnée, mais une publicité m'a récemment détrompée sur cet odieux cliché : non, les mamies ne possèdent pas de caniches ! En fait, c'est désormais connu : Bonne Maman s'est modernisée : adieu les confitures et bonjour les aventures ! Mère-Grand n'a été bouffée ni par des caniches, ni par le Grand Méchant Loup ; mais par son bull terrier. Oui, quand on a abandonné ses bigoudis, sa robe-tablier pour une mini jupe en cuir -pas trop courte ! A un certain âge, Christina le répète : on ne doit pas voir le genou -, des bas résilles et un bustier tellement serré qu'on pourrait croire que ses seins sont aussi fermes qu'à 20 ans, on prend un clébard qui a de la gueule. C'est la raison pour laquelle, on retrouve les cadavres plus rapidement. Pas parce que les voisins ne sont pas inquiétés de ne plus voir la couguar de 80 balais faire de l'œil aux jeunots du coin, mais parce que le bull a un tel appétit qu'il a vite fait d'avaler sa maîtresse et qu'il hurle à la mort parce qu'il crève, à son tour, non de faim, mais d'empoisonnement : le silicone, c'est connu, c'est pas fait pour les chiens !

  Enfin, après ces considérations sur le 5ème âge, vous ne savez toujours pas pourquoi j'ai disparu. Voilà la raison. Je suis fan des années 80 et je ne manque aucune retransmission du top 50. Dès que les premières notes sont jouées, je perds toute limite et j'entre en transe. Une frénésie mystique et inexplicable. Vous ne le savez peut être pas, mais de telles enthousiasmes -étymologiquement, ce mot signifie « les dieux en soi- » - existent depuis la nuit des temps. Les hommes sont capables des pires actes : ainsi, dans l'antiquité, des prêtres de Cybèle pouvaient s'émasculer. Et pensez aux Ménades, les compagnes de Dionysos ! N'ont-elles pas, sous l'emprise d'un délire mystique, massacré les soldats du roi Penthée venus les arrêter ? Leur musique discordante les faisait entrer en transe et, avec elles, tous ceux qui l'entendaient. Alors, sceptiques, retournez dans votre fosse, si vous mettez ma parole en doute !

  Quand j'entends le bandolero de Jean-Pierre Madère, je disparais ! Pas dans une ford fiesta, mais de ce monde. Et quand les guitares divines d'Europe résonnent, alors toute rationalité disparaît ! Je vois apparaître d'étranges visions de ce qui disparaît en Europe : l'huile d'olive artisanale, les concombres tordus, de minuscules oignons qui couinent devant moi. Les semences des jardiniers frondeurs, qui n'ont pas fait enregistrer leurs petites graines à  l'Agence européenne des variétés végétales tournent devant moi dans une valse de Vienne feldmanienne. Je suis comme un capitaine abandonné, qui voyage toujours en fraude. Voilà ce qui se passe quand la musique sonne, quand la musique donne, quand la musique est bonne ! Rien de tel que de la bonne pour triper !

Mon odyssée astrale s'étant achevée, je suis revenue parmi vous.

Bon samedi à vous et à bientôt !

Et, n'hésitez pas vous aussi à aller là-bas !