Les souvenirs de la Pluie

Juliet

Je t'aime.
Tu ne peux pas l'entendre.


Il y avait l'envie au bout de ton lit.
Il y avait la vie au goût du délit.
Et puis les draps blancs t'ont enseveli dans la passion,
et tes bras en sang ont choisi de te faire abstraction.
Amour, demain j'ai pleuré.
Amour, d'hier je rirai.
Toujours, tes mains j'ai serré.
Toujours, ta chair s'est leurrée.
Au revoir à la pluie sur tes joues.
Au revoir à la nuit sur tes jours.
Maintenant si tu dors,
laisse-moi près du corps.

Il y avait l'envie au creux de ton ventre,
il y avait la vie qui prenait le centre.
Mais il y avait tes remords, aussi.
Il y avait l'odeur de mort, ici.
Tes étreintes ont pris le ciel pour amant ;
flamme éteinte qui prie le ciel d'être aimant.
Il y avait tes pardons murmurés
et je suivais tes pas qui s'emmuraient.
Amour, demain j'ai abandonné.
Amour, hier je t'ai tout donné
et tu m'offres le rien en échange,
j'ai cru tisser un lien dans tes langes.
Maintenant, si tu fais de jolis rêves,
laisse-moi marcher le long de leur grève.

Il y avait tes larmes derrière tes paupières,
mais leur ombre était dissimulée sous ta lumière.
Et il y avait la solitude dans tes déclarations enflammées.
Et il y avait tes habitudes dont j'ai fait mes passions en fumée.
Est-ce que je peux épouser tes empreintes sur le sol ;
promets de ne pas m'en vouloir si j'emprunte tes bémols.
Amour, demain j'ai arrêté de sourire.
Amour, hier j'ai décidé de tout dire ;
même ce que je n'ai jamais su écrire,
ce que de mes gestes je n'ai su décrire.
Maintenant, si tu as les yeux fermés,
pardonne-moi d'être tant désarmé.

Il y avait tes promesses abandonnées avec tes baisers,
mais ce n'étaient que des liesses lâchées par tes secrets malaisés.
Et il y avait ton visage serein dans ton sommeil,
mais il y avait les présages de l'automne vermeil.
Je t'ai connu qui donnais tout ce que tu contenais.
Je t'ai vu nu qui monnayais ce que tu détenais.
Et il y a l'argent que tu n'as plus désiré,
mais tes actes d'avant un jour t'ont fait délirer.
Amour, demain j'ai arrêté de te voir.
Amour, hier je n'ai pas cru décevoir
les espérances que tu confiais à mon être,
la délivrance que tu avouais dans ta lettre.
Maintenant, si tu t'es abandonné à Morphée,
laisse-moi noyer ma tristesse dans une autre fée.

Il y avait tes yeux qui brillaient pour me piéger ;
tu étais comme un dieu que je laissais m'assiéger.
Il y avait tes soupirs comme ma religion,
et chacun de tes sourires m'était contagion.
Il y avait tes rires pour me faire croire
qu'étaient devenus du passé tous tes déboires.
Amour, demain je n'entendais plus ta voix.
Amour, hier nous longions une autre voie.
Et dans ton plaisir il y avait les regrets de t'unir
avec celui que tu as aimé de ne pas te bannir.
Maintenant, si tu ne veux plus me partager tes nuits,
laisse-moi diluer tes traces rouges sous la pluie.

Je t'aime.
Je ne sais pas le dire.

(écrit le 19 août 2011)

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