L’EVEIL

mls51906

 On est le 3 avril, un samedi tôt le matin. Je suis morte.

J'ai rencontré cet homme, il y a un mois à la terrasse d'un café. On a déjà passé plusieurs soirées ensemble, qui se sont toutes terminées au pas de ma porte, par un simple baiser chaste. Hier soir, on est passé à la vitesse supérieure. Ses préliminaires se sont révélés d'une sensualité bouleversante. Je me suis immédiatement sentie bien, mon être s'est abandonné à lui. Il est brun, grand athlétique. Un physique somme tout ordinaire pour un homme en pleine jeunesse. Mais moi, mon corps en tremble de sa nudité masculine, de son sexe d'homme, de son odeur de musc. Et je me fous de ce que diront certaines femmes. En quelques coups de reins il a fait de moi, sa soumise, son esclave, sa dévouée. Il est devenu mon seigneur, mon roi, mon tout. Il a dénudé mon corps de sa guêpière rouge à la dentelle noire. Ses caresses patientes frôlant mon corps frissonnant, dans une hésitation parfaitement maîtrisée, ont clos mes paupières. Ma poitrine s'est soulevée en une respiration longue et profonde. Alors le plaisir, lentement a humidifié les plis de mon sexe…

Jusqu'à cette nuit, j'avais toujours confondu sexe et amour.

Ma vie sexuelle avait connu de nombreux épisodes plus ou moins avouables. Ma phase découverte du sexe, m'avait muée en collectionneuse de mecs. La nuit était devenue mon terrain de chasse. J'étais une « open bar ». C'était simple, les mecs je les bouffais n'importe où et n'importe quand. Souvent je me les tapais par barquettes entières. Cette vie croqueuse d'homme m'allait parfaitement bien, du moins tout au début. Le sexe m'enivrait et je ne reculais jamais devant une performance physique ou une audace libertine. Mais très vite, une impression de vite m'avait envahi, surtout quand j'écoutais mes copines me racontaient dans les moindres détails leurs multi-orgasmes. Frustrée ? Bien sûr je l'étais ! Moi qui ne savais même pas à quoi ressemblait un simple orgasme. J'avais beau baiser et baiser encore, je ne ressentais rien.

J'ai ouvert de nouveau les yeux quand il a introduit son annulaire dans ma bouche, tout en me défiant du regard. Sans hésitation, je l'ai goulûment sucé, aspiré. Lui avouant ainsi que ma bouche pouvait recevoir bien plus imposant. Puis ses doigts ont précisé ses caresses. Ils ont contourné mes mamelons. Il a souri en comprenant ce que mes seins aimaient. Des pincements fermes et roulants ont fait le délice de mes tétons. Un premier vertige m'a fait perdre la notion de l'instant présent. J'ai gémi avec force tout en m'agrippant avec bonheur à sa chevelure, tandis que mon clitoris gonflé, palpitait. Mon corps en a voulu plus. La nécessité de jouir, plus profondément a été surprenante. Mes cuisses se sont ouvertes plus largement, l'invitant ainsi à poursuivre. Son visage s'est approchée du mien et sa douce langue m'a embrassée et a fini par me dire d'une voix rauque et excitante « je vais te lécher »…

Mon orgie de mecs s'était terminée quand dans le feu de l'action, un mâle m'avait susurré à l'oreille, un sale « t'es une bonne salope ». J'avais rougi de honte. J'avais entamé une détox de plusieurs mois, à la fois de sexe et de bouffe. J'étais devenu une accros des médecines naturelles. Mon credo était le suivant : « élimination, abstinence, reminéralisation ». J'ai repris conscience de mon corps grâce au yoga et redécouvert mon sexe avec la masturbation. Vibro Rabbit était devenu mon meilleur allié dans cette quête du plaisir. Du plan cul, j'étais passé au plan câlin. Mes fantasmes avaient pris une tournure érotique de plus en plus folle. Puis doucement l'envie de faire l'amour était revenu. Un besoin de douceur, de volupté.

Il m'a pénétré tendrement, avec des petits-à-coup. Doucement son sexe s'est introduit profondément en moi. J'ai éprouvé un plaisir à la fois intense et simple. Il n'a pas eu besoin de trop bouger, instantanément mon corps s'est tendu vers lui… J'avais refait l'amour avec des hommes bien. A plusieurs reprises, j'avais failli atteindre l'orgasme, malheureusement mon corps et mon esprit n'avaient pas lâché prise. Finalement je m'étais habituée à cet état d'attente, imaginant l'extrême jouissance. Bien que l'idée de jouir vraiment me ne cessât de me hanter, je m'étais fait une raison.

Les yeux ouverts, figé, le souffle coupé, encore à l'agonie, j'essaye de reprendre vie. Mon être entier est en syncope d'orgasme. Je viens de jouir pour la toute première fois. Je n'ai plus de volonté, plus de corps, tout est inerte. Le plaisir d'abord lent, hésitant, s'est subitement emparé de moi dans un spasme violent. Mon smart vibre, pas envie de répondre, jamais plus de débriefing aux copines. La LED bleue du réveil indique 5 heures du matin. L'homme à mes côtés est autant ravagé que moi. Nous sommes dans ce silence heureux, apaisant après une fièvre aiguë. Je le regarde, sa nudité est belle, son visage magnifique. Pour la première fois, je me trouve jolie, aimée, désirée, femme.

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