L’hirondelle au crochet de la fenêtre

lhentz83

Le regard abaissé comme saisi par l’obscurité, il écoutait.

Il écoutait le temps qui passe, ces instants jamais renouvelés et toujours idéalisés.

Une note de piano l’aide à tisser son premier fil, l’orientant dans le dédale des tant redoutés hésitations.

Ecrire c’est un peu vivre. Parfois on en rit, d’autres fois on en pleure. C’est une fierté qui nous élève, la recherche d’une perfection.

Dans sa tête, l’enfant et l’éléphant se baladent. L’imaginaire, tel que l’on souhaiterait bâtir le monde réel. En arrière plan, parfois, un sincère désespoir. Quelques lignes sombres pour écrire ce que l’on ne peut dire.

Un cri, et toujours une mélodie.

Enfin, la sonnette retentit ! Cinq femmes et trois hommes rentrent dans la pièce. Le premier homme lance la radio par la fenêtre et m’entraine dans sa danse. Sur le perchoir le vieux chameau au regard violet répète inlassablement « A table, A table ».

Une caresse ébranle le jeune homme, deux femmes s’embrassent. Le tambour se met à jouer. Les rideaux baroques partent en fumée. Un homme assis sur le canapé, fume son cigare et adoucit la fumée.

Le chameau se barre, tout le monde se marre. Enfin un peu de folie dans ce château endormi. Une seconde caresse, deux hommes s’embrassent. Puis le silence, doux, étrange et embarrassant.

Les convives repartent comme lassés par ces fêtes trop de fois répétés. Il est à nouveau seul, gardant pour lui le souvenir des caresses éphémères. Y a-t-il un but à tout ca ?

L’envie d’écrire lui reprend. Le tableau est dressé il ne reste plus qu’à l’illustrer. Deux singes se partagent l’ananas égaré. La solitude, est ce elle qui donne tant de force aux mots ?

Les mots offrent ils à l’homme ses propres rêves ? Une silhouette féminime persiste, s’avance, une troisième caresse qui s’éternise…

Le lendemain chante, enfin ! Quelle musique envoutante que celle de la beauté. Main dans la main, ils peignent un nouveau décor. Le château disparaît. Tout reste à raconter !

Dans ses yeux, il recherche le renouvellement dans l’unité. Les grands mots, ceux qui nous saisissent, nous font tourbillonner, nous font frissonner. L’arbre s’envole, la voiture bariolée est dépassée.

Il est à nouveau moins que deux, qu’importe. L’écriture en ces moments l’accompagne. Parfois il se demande comme ce serait s’il était un écrivain, un vrai. Ses mots auraient t’ils plus de force ? L’écriture est un art, un travail. Il soupire. Un grain de sable sous sa chaussure il continue sa route.

Deux sabreurs sur une dune le saluent. Depuis tant de temps qu’il avait envie de les placer ici, il ne peut s’empêcher d’en sourire. Leur combat reprend, éternel ou le temps que l’on leur accordera.

Oui, l’écriture est aussi un pouvoir face à l’impuissance dans la réalité. La voiture bariolée revient à son niveau, s’arrête, un homme en descend et l’agresse. Il repart, puis fait marche arrière comme pour s’assurer que le travail est bien fait. Il crache sur le corps recroquevillé par la douleur, s’allume une cigarette et se prélasse au soleil. Il sort une pelle de sa voiture et commence à creuser une piscine.

Il se fait tard. Les deux hommes enfin se parlent, les pieds dans le sable et une menthe à l’eau. Ils se racontent leurs souvenirs, les hommes et les femmes qu’ils ont rencontrés. L’Amour, l’Amitié. L’homme à la pelle pleure puis se console en se moquant de la lune. Il se relève puis pointe son doigt vers l’infini.

Il disparaît, tout disparaît. Il ne reste plus que l’homme dans un décor saturé, blanc. 

Il s’écrit …

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