L'homme au chapeau

Michele Hardenne

L’homme au chapeau

Je le voyais sortir de sa maison, chaque matin, vêtu, été comme hiver, de son imperméable beige, et portant son joli chapeau en feutrine vert.

Cet homme de petite taille, un peu rondouillard, prenait le bus pour se rendre à son travail.

Il était employé dans une administration, et semblait se réjouir de bénéficier bientôt de la retraite.

Mais, il lui restait encore quelques années à prendre régulièrement les transports en commun.

Un jour de neige,  le bus avait eu du retard.

Je le regardais par la fenêtre, se tenant droit près du poteau portant le numéro de la ligne du bus.

La neige tombait en gros flocons,  et l’ayant tout recouvert, il ressemblait davantage à un bonhomme de neige.

Il m’aperçut et d’une main souleva son petit couvre chef.

La tenue de son chapeau sur son crâne dégarni, tenait du miracle.

Au printemps, mon charmant voisin, eut de l’avancement : il était devenu le responsable du bureau et était monté en grade.

Il s’acheta une jolie voiture, et fit également l’acquisition d’un long pardessus et d’un nouveau chapeau au large bord, qui  lui couvrait complètement la tête.

L’ancien qu’il portait me plaisait bien, il arrondissait les contours de son visage et lui donnait une apparence enjouée.

Le nouveau était trop grand ; il posait une ombre sur son visage, et lui tombait sur le nez.

Lorsque, je le vois sortir de chez lui, il ne prend même plus la peine de jeter un regard vers ma fenêtre, et son chapeau doit être si lourd qu’ il n’arrive plus à le soulever pour me saluer.

Les jours passent, les saisons aussi, et l’homme qui sort de la maison d’en face, n’est plus qu’un chapeau sur pattes !

M.H(Michèle Hardenne)

Signaler ce texte