L’honneur des hommes (1)

Avant, dans les bonnes Sociétés, l'honneur d'un homme avait un sens, il ne se traitait pas à la légère, il était une vertu sérieuse et sacrée, on ne plaisantait guère avec celui-ci. Pour le conserver on pouvait aller jusqu'à la mort.

Tandis que dans les milieux de basses extractions, l'homme n'avait aucun honneur. Il pouvait à sa guise insulter n'importe quel quidam (mais au masculin), lui piquer sa dame (là, le féminin est correct) sans encourir quoi que ce soit ou soit que ce quoi (comme disait le regretté Pierre Dac, mort dans un duel verbal). L'homme se comportait ni plus, ni moins, ni multiplié, ni divisé comme une bête sauvage, un sauvage bestial, un rustre sans la moindre éducation, un manant, un vil, un fourbe, un scélérat, un ragondin, un dindon, un rhododendron à poil lisse… (Liste non exhaustive).

Mais revenons à l'homme, civilisé, éduqué, cultivé bio, de bonne famille et beau gosse en plus ! Pour laver son honneur (car son linge était lavé par d'autres), il avait la solution du DUEL. Noble combat où les différents se traitaient sans faux fuyant d'une façon définitive et expéditive.

J'ai retrouvé dans un vide grenier un vieux règlement de ces règlements de différents d'antan.

Déjà, il y a plusieurs formes de duels, dont les plus connus, sont celui au pistolet et celui à l'épée. Nous ne traiterons ici, que de ces deux cas en oubliant le duel à la fourchette, à la machette, au casse-tête (dit casse-noisette tchaikovskyste ovarien, mais pas casse-couilles bigardiste), au char d'assaut et à l'arme nucléaire.

 1) Le duel au pistolet.

Il faut pour le pratiquer se lever tôt.

Oui, le duel au pistolet se fait à l'aube par temps frisquet et brumeux, mais pas trop, autrement on n'y voit goutte et facultativement à l'orée d'un bois, c'est mieux pour les photos.

Il faut se dégoter un témoin de moralité.

Très facile à trouver, car ce dernier, lui, ne risque rien (à part dans les cas de tireurs à strabisme convergent-divergent de travers), de plus, il peut assister gratuitement au spectacle. Néanmoins, certaines défections peuvent subvenir à cause de l'horaire matinal des festivités.

Il faut qu'il y ait au moins une personne qui se soit chargée d'apporter des pistolets de duel (chargés eux aussi) dans un bel étui en cuir ou en bois, c'est mieux, en plastique, c'est nul à chier ! En effet, il est toujours dommage de se trouver au champ d'honneur, au chant du coq, comme deux couillons, sans pistolets pour tirer, c'est comme le gars qui pare tirer à une partouze de cathos sans préservatifs.

On peut toujours traiter le différent à celui qui pisse le plus loin, mais cela a beaucoup moins de panache. Ou bien à « Je te tiens, tu me tiens par la bistouquette, le premier de nous deux qui… » Mais là, on frise le ridicule et encore eusse-t-il fallu s'être préalablement muni de deux bistouquettes, quand les deux duellistes sont eunuques. Déjà que l'on avait oublié les pistolets. Ah quand ça veut pas, ça veut pas !… Non, tout ceci ne serait pas très convenable aux bonnes moeurs !

En plus des deux acteurs et des deux observateurs, il y a un juge de duel, un président de duel avec ses assesseurs de duel, un service du Samu spécialisé dans les blessures par balles de duel, un réalisateur avec toute son équipe, un hélicoptère au cas où etc. Penser à prévoir un champ assez grand.

2) Le protocole du duel. Plusieurs variantes. (Citons les plus usitées, car on ne va pas y passer la journée, non plus, merde !)

a) La variante dite statique. Les deux protagonistes sont placés à une distance de dix pas. Ils n'ont pas le droit d'en bouger, sauf dérogation spécifique, approuvée par le juge de duel et signée par tous les présents, même l'assistant « à tout faire » qui a toujours pris sa pause clope quand on a besoin de lui, le con ! Notons pour finir qu'il faut que les duellistes se fassent face, autrement ça ne fonctionne pas. A moins de se tirer dessus par derrière, mais c'est assez imprécis et dangereux pour les randonneurs

b) La variante dite dynamique. Les duellistes se mettent de dos, pistolet à la main (oui, s'ils ont un holster, c'est un western et ça ne compte pas, faut tout recommencer du début). Au signal marcher ! Ils marchent en avant en comptant cinq pas (je précise « en avant », car le petit malin qui marcherait en arrière pour surprendre son adversaire serait disqualifié et perdrait deux points sur son permis de duel), à cinq ils se retournent et Pull !

Précisons rapidement que la distance de dix pas, peut être ramenée à deux pas, pour les myopes et par temps de purée de pois quand le con à la clope a trop chargé sur la machine à brouillard.

Note de l'auteur :

Dans la version statique, les protagonistes tirent à tour de rôle au tirage au sort pour déterminer celui qui a l'avantage de commencer. A moins que l'offenseur est tiré la femme de l'offensé, auquel cas, c'est l'offensé qui tire le premier.

Celui qui attend le tir a le droit de se mettre de profil (A éviter pour les gros bedonnants), mais il n'a pas le droit de se coucher à terre ni de s'enterrer, eh, il n'est pas encore mort que je sache ! L'auteur tenait à préciser ce détail.

Ah, l'auteur oubliait également, que pour déclarer un duel, il faut que l'offensé ait au moins un gant sur lui, pour baffer l'offenseur, car s'il le sabre à l'épée, le duel est annulé pour vice de forme.

Bon, j'ai dépassé l'espace-temps qui m'était imparti dans la galaxie WLW, je traiterai donc le duel au sabre d'abordage demain, si vous le voulez bien.