Liqueur de brume

Il est étrange que mon âme,

D'ordinaire camouflée chaudement au plus profond de moi,

Soit mise à nue après quelques gouttes de délicieux nectar.

Je lui ai donné le nom de ''Révélateur''.

Car dans sa folie,

Il révèle les parts les plus enfouies,

Et les plus oubliées de mon être,

À tel point que je ne me reconnais plus.

Est-ce bien, est-ce mal ?

Demandez-le à mes proches et amis,

Les uns vous répondront que oui et les autres ''bien sûr que non''.

Tout est question de point de vue.

Personnellement je le vis plutôt bien,

Je dois juste veiller,

À ne pas succomber à la divine tentation,

Qui fait retentir de multiples échos.

Je désire tout et son contraire,

Je veux abreuver les dieux, les rabaisser et m'élever au dessus d'eux,

Et puis plonger dans les abysses,

M'évanouir peu à peu, grain de sable dans le vent.

Je veux gravir les plus hautes montagnes,

Survivre à la chaleur hostile,

Explorer les mers et les océans insondables,

Résoudre tous les mystères, résoudre toutes les énigmes.

Rideau et écran de fumée,

Je suis ballotté au gré des éléments, je n'ai plus de conscience,

Que fais-je ? Où vais-je ? Qui suis-je ?

Laissons cela derrière nous et profitons,

De l'instant présent surtout, sinon à quoi bon ?

La jeunesse est intrépide, vivace et fougueuse,

Il faut bien qu'elle s'exprime, peu importe comment,

Peu importe la finalité. Nous sommes tous égaux devant le Révélateur.

Ils sont partis. Je suis en paix. J'aime la solitude.

De quoi parlons nous ? Je divague.

Je ne sais plus, ma lucidité s'est muée en croix,

Elle aussi n'est plus là, elle a déménagée.

Un appartement, une table, une chaise et cette enjôleuse,

Mon univers se limite à cela pour quelques heures.

Je tourne et je retourne sans cesse moult sujets,

Que m'arrive-t-il ? Je suis gris.