L'orage arrive.

eukaryot

L'orage arrive. L'âge dérive, dehors il commence à faire noir . L'orage arrive, odeur d'ozone, étrange, excitante.

C'est d'abord un bruissement léger, caresse de feuilles mortes sur  peau sèche, et puis ça crépite les gouttes à terre tombent terribles, et c'est le bitume chaud exhalé par la pluie froide, et nous sommes la pluie pourtant nous courons nous abriter tant pis.

Dehors, dessous, je marche sans doute vers une destination pas terrible, certainement, l'abribus pas interessant je reste à côté, ça martèle sur la tête et ça traîne des pieds. La musique faite de pluie me plaît plus que ces cris de pies sur les pavés, pas vraiment harmonique, mais le rythme. Ca berce en bruit blanc, ding tch sur les palissades. Le crac atroce du ciel déchiré, la belle photo, et plus plus rien, l'oscurité, jusqu'au prochain! Un autre crac, nuage fracturés, zebrures terribles sur la radio instantanée. Autour, les grues courent, se planquent en crabes sous leurs rochers, le tissu plastifié s'étire déployé, huit pattes de chauve-souris, les gueules au radar, trempés jusqu'au mollet. Pourtant, ya encore pas longtemps, c'était la fête la boue les flaques et les chaussettes en rentrant, la tête sous la serviette, frottée par maman.  Et de rêver les flots partout, de rêver enfin le déluge et son gros bateau, nous à son bord, les autres à la flotte, et de rêver les vagues géantes sur les monticules d'horodateurs, de rêver les feux et la vapeur montant des fascicules, de rêver tout ça ravagé, l'orage arrive.

Pourtant, l'orage accepté, l'orage résigné, les cheveux lisses et la tronche figée, maintenant les miroirs mentent, maintenant les images chutent, gouttes de pluie sur les écrans gelés. 

Retrouver la peur retrouver la force l'orage arrive et c'est à nous de le faire tonner.

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